21 août 2015: C'est la fin (ou presque)

Publié le 21 Août 2015

Cette semaine était la dernière pour Jonathan et moi. Une partie de moi était vraiment soulagée (si ce stage m'a confirmé une chose, c'est que l'enseignement au primaire, ce n'est pas ce qui me motive, pas comme enseigner aux adultes), et une autre, un peu déchirée. Faut croire qu'on s'attache à ces bibittes-là, même quand elles sont tannantes.

21 août 2015: C'est la fin (ou presque)

Mardi, on a fait passer un examen aux classes de 5ème et 6eme année, pour voir ce qu'ils ont retenu (et les réveiller un peu, parce que à force de répéter les mêmes affaires à chaque jour et d'encore de faire dire qu'ils se souviennent pas de ça, ou pire, qu'ils sont pas mal certains qu'on a jamais vu ça avec eux... Woah minute.)

Sans surprise, les résultats de la classe de 6eme sont misérables. On se réjouit du fait qu'il n'y a que trois ou quatre scores de zéro. Une fille a eu plus que 60%, et quatre autres plus de 50%. Ils vont se mériter des récompenses la semaine prochaine.

On ne pouvait pas imprimer les feuilles d'examen, il aurait fallu soumettre les documents à imprimer une semaine d'avance à AIESEC Piura pour qu'ils nous le fassent, et on est malheureusement pas si organisés que ça. Alors on écrivait les questions au tableau et les étudiants devaient les copier et répondre. Beaucoup ont mis du temps à copier, mais ont laissé les lignes de réponses vides. Ils n'étaient pas obligés de copier les questions au complet, ils pouvaient se contenter du numéro de la question et d'inscrire la réponse, mais la plupart ont tout copié quand même. A la fin, une fille refusait de me donner sa copie parce qu'elle n'avait pas fini... Mais elle ne s'empressait pas d'écrire le plus de réponses possible avant que je ne prenne sa copie, elle copiait les questions, sans les réponses. On lui avait dit plusieurs fois de ne pas tout copier si ça lui prenait trop de temps, mais en vain.

Peut-être que les résultats auraient été meilleurs s'ils avaient eu les questions déjà sur une feuille. Maria envisage leur refaire passer le test la semaine prochaine, pour voir.

Parce que ça a fait patate en 6eme année, on a décidé de nous-même copier les questions sur les feuilles pour la classe de 5ème. Pendant que les 6e passaient l'examen, deux d'entre nous étaient dans la salle d'à côté, à copier les questions d'examen. À la pause, on s'y est mis tous les quatre.

Pour faire exprès, la classe de 5ème est celle qui a le plus d'élèves. Ça a pris du temps, on a commencé en retard après la pause parce qu'on finissait de préparer les feuilles.







(Maintenant que j'y pense, on aurait pu quand même écrire les questions au tableau, mais leur préparer des feuilles avec les numéros de questions et les lignes pour répondre. Ça aurait été plus efficace. Flûte.)

Ça a beaucoup mieux été dans cette classe, mais ce n'est pas seulement à cause des feuilles d'examen déjà préparées. Le groupe de 5ème est toujours le plus rapide à apprendre. Ils se souviennent de ce qu'on leur a appris la dernière fois, et ils comprennent vite. Il y a plusieurs élèves vraiment particulièrement brillants dans cette classe. C'est toujours vraiment motivant d'aller leur enseigner, on sent qu'on peut les challenger. C'est le seul groupe auquel on a enseigné certains verbes et leur conjugaison au présent, on les sentait capables.

Il faut dire que la conjugaison au présent en anglais est pas bien bien difficile.

To walk:

I walk.

You walk.

He/she walks (oooh).

We walk.

You walk.

They walk.



Comparativement, en espagnol:

Caminar:

Yo camino

Tu caminas

Él/Ella camina

Nosotros caminamos



Vosotros caminais

Ellos/ellas caminan

C'est ce qu'on a expliqué à Nelson et Jonathan, quand ils s'étaient opposés à l'enseignement de la conjugaison, parce qu'ils trouvaient ça beaucoup trop difficile pour les enfants. Apparemment, en mandarin, il n'y a aucune conjugaison. Le verbe reste toujours pareil, et ce sont les mots autour qui indiquent si c'est dans le passé, le présent, le futur.. (Je me souviens effectivement vaguement de cette notion, datant du temps où j'apprenais le mandarin.) Alors pour eux, l'apprentissage de la conjugaison en anglais avait été très difficile.

Angela, Maria et moi venons toutes de pays où la langue demande énormément de conjugaison (à tout le moins, en comparaison à l'anglais), et il en va de même pour les enfants avec l'espagnol, alors nous étions confiantes que les enfants allaient bien s'en sortir.

Les questions sur la conjugaison dans l'examen n'a pas été bien réussie, mais ce n'est pas une surprise, on l'a vue une seule fois avec eux, et ça demeure la notion la plus avancée qu'on ait vue avec eux. On en a fait une question bonus. Quelques-uns l'ont eue correctement.

La correction des copies d'examen a été un beau mélange d'agréables surprises et de déceptions pénibles.

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Mardi, en fin d'après-midi, nous nous rencontrions à l'université pour préparer le matériel du lendemain (nous voulions faire une activité sur la géographie, les continents, les pays d'où nous venons) et pour corriger les tests. Ensuite, nous allions au Pizza Hut célébrer le départ de Jonathan et moi, mais surtout de Jonathan, puisqu'il partait le lendemain.

Avant, il fallait aller acheter du papier de couleur, pour faire la carte du monde. On a eu du mal à se faire dire où on pouvait en trouver (la plupart des gens nous disaient quelque chose du genre "Je pense que tu peux en trouver proche de la station service", mais rien de clair.) Finalement, un AIESECer nous a dit d'aller à la Libreria del Pacifico. Maria et moi nous sommes donc retrouvées là, afin d'acheter le papier et rejoindre les autres à l'université ensuite.

S'y rendre n'a pas été facile. Mon chauffeur de moto-taxi n'avait aucune idée d'où c'était, j'ai dû lui montrer la carte Google maps sur mon téléphone au moins 3 fois pendant le trajet, et il s'est deux fois arrêté pour demander des indications à un passant. Finalement, une fois sur la bonne rue, il a réalisé qu'on arrivait dans un quartier où les moto-taxis sont interdits. J'ai donc marché le dernier bout.





Le magasin était fermé à mon arrivée. Maria m'attendait devant la porte. Ça ouvrait à 16:30 (apparemment, ils font une pause en après-midi), et il était 16:10. Vingt belles minutes d'attente.







Une fois à l'intérieur, vingt minutes plus tard, ça s'est fait relativement vite. (Relativement, considérant le système de vente péruvien. On passe la commande au comptoir, ils nous remettent un papier, qu'on donne à la caisse. On paie, et ils nous donnent un autre papier, qu'on présente à un autre comptoir, pour recevoir la commande. Tout ça pour 4 soles de papier et de ciseaux.)





On a ensuite pris un taxi pour aller à l'université. Les autres nous y attendaient depuis un bon moment déjà.





Avec tout ça, j'ai complètement oublié que les shorts sont interdits à l'université. J'avais averti tout le monde de ne pas en porter, mais rendu au moment de partir, vu que je n'y allais pas directement... J'y ai pas pensé.





Alors évidemment, en sortant du taxi, je me suis fait interpeler par un gardien de sécurité, qui m'a demandé si je suis étudiante ici. Je lui ai expliqué que je suis pas d'ici (non pas qu'il ait pu penser que j'étais péruvienne...), que j'ai pas réalisé, que je suis stagiaire avec l'organisation AIESEC, qui est basée à l'université, et que je rencontre du monde à la cafétéria, pouvez-vous s'il-vous-plait me pardonner cette offense pour aujourd'hui?





Il a sorti son walkie-talkie et a dit de quoi du genre "il y a une canadienne ici et elle porte des shorts. Je la laisse passer?" Je ne sais pas à qui il parlait, mais cette personne semble avoir jugé que mon statut d'étrangère ignorante me rendait digne de pardon.





J'ai donc pu aller a la cafétéria pour la rencontre, mais sur le chemin, je me sentais soudainement très observée. La jeune femme de race blanche avec les shorts sur le campus catholique... J'avais l'impression de beaucoup attirer l'attention. J'étais peut-être un peu parano, par contre.







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Jeudi, j'ai eu à marcher en robe, entre le centre commercial Real Plaza et chez moi. C'est une marche de 7-10 minutes, que je fais assez souvent, mais là, avec mon accoutrement, le harcèlement de rue était hors de contrôle, j'ai ma dose pour la prochaine année. Les pires sont les chauffeurs de moto-taxi qui passent. On dirait qu'ils doivent tous passer par l'école du "je sais pas vivre" avant d'obtenir leur autorisation de conduire le taxi.





"Hello!"





"Señorita!"





*sifflement*





*bruit de bec*





*marmonnement indicible*





"Hey! Hello!"





*autre marmonnement indicible*





"Señorita, no camine! Come en mi taxi!"







*sifflement*





*bruit de bec*





"Hello!"





Le soulagement, à mon arrivée.





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Mardi soir, on a travaillé longtemps à la cafétéria. Je me suis pris un café (qui goûtait vraiment le café, Wow! Au Pérou, on a tendance à recevoir de l'eau chaude et un genre de coulis de café à verser dedans). Mais je l'ai pas bu assez vite, la deuxième moitié était trop froide pour la boire. (Avec du sucre ça aurait été passable, mais j'essayais de ne pas me lever trop souvent, j'étais encore parano avec mes shorts, je voulais pas tenter le sort et me faire mettre dehors.)





Angela et moi avons corrigé les tests, pendant que Maria et Jonathan découpaient les continents. Finalement, c'était tellement long et minutieux (il fallait découper les continents au moins 6 fois, pour pouvoir former plusieurs équipes dans la classe), Maria et Angela ont finalement décidé de faire l'activité la semaine prochaine, question d'avoir plus de temps pour se préparer. Nous avions tous faim, mieux valait s'arrêter là pour la soirée.





Nous quatre ainsi que l'hôte de Jonathan sommes donc allés au Pizza Hut du centre d'achat Open Plaza. Ça faisait longtemps que plusieurs d'entre nous avions le goût de pizza. On avait failli aller en manger pour la fête de Jonathan à Cuenca, mais avec tout le monde malade, ça avait pas trop marché.





Les prix étaient chers, considérant les prix qu'on peut avoir dans un restaurant péruvien. Au moins, il y avait une promotion, deux pizzas pour le prix d'une. Pour un groupe de cinq, ça faisait bien.





On a dévoré les pizzas en un rien de temps. C'était vraiment bon, et on avait tous super faim. On a même pris des desserts (après une pause d'une demi-heure, après les pizzas). On s'est partagé trois desserts à cinq, et tout est parti très vite encore.





Ça a coûté 21 soles par personne. Cher en standards péruviens, mais pas ben cher en standards canadiens (environ 9$).





Jonathan nous a donné plein de petits souvenirs de Taiwan: des bonbons, un petit gâteau à l'ananas, des baguettes et un fusil à élastiques fait avec des baguettes jetables. Les élastiques volaient partout à notre table. Qui a dit que nous étions des adultes?

21 août 2015: C'est la fin (ou presque)

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On pouvait sentir la fin approcher de plus en plus, de jour en jour.

Mardi, on a mangé de la pizza pour le départ de Jonathan. Mercredi, on a soupé chez Dalia, la responsable d'un des projets de stage, pour le départ de Thelma, de Chine. Jeudi, on a soupé dans un petit resto péruvien et ensuite on est allé au bar Faborit, celui où je n'étais pas encore allée, afin de souligner le départ d'Esther (Pays-Bas) et moi. On part toutes les deux pour Lima en bus, mais pas le même bus. Elle part à 17:30 pour la station de bus la plus proche de l'aéroport. Je pars à 18:00 pour le centre de Lima, afin d'y prendre mon bus vers Cusco.

À travers la semaine s'accumulaient les moments de réalisation: c'est la dernière fois que je fais ceci, la dernière fois que je vois cela. Les autres aussi réalisaient que je ne serais plus là pour telle activité ou tel événement. Les "tu vas nous manquer" sortaient de nulle part parfois, et venaient créer des serrements de cœur très spontanés.

Hier, jeudi, avait lieu une petite cérémonie de reconnaissance tenue par le gouvernement régional, avec qui AIESEC travaille pour leurs projets en éducation. Nous avons tous reçu un petit certificat pour souligner notre travail à Piura. (Je suis certaine à 95.9% que jai les yeux fermés ou que j'arbore une grimace post-clignement-de-yeux sur ma photo avec le monsieur du gouvernement).

La classe de 4ème année de notre école est venue assister à l'événement. Ils étaient bien contents de nous voir, mais se sont un peu emmerdés. (Ils étaient les premiers arrivés, et l'événement a évidemment commencé 45 minutes en retard. Péruviens jusqu'au bout.)

À la fin, nous avons pris une photo de groupe, avec les enfants devant nous. Ça se chicanait pour avoir les spots privilégiés aux côtés d'Angela, Maria et moi. On commençait à manquer de bras.

L'enseignement aux jeunes enfants n'est peut-être pas ma vocation, mais je dois admettre qu'à ce moment-là, j'ai eu un petit pincement au cœur.

21 août 2015: C'est la fin (ou presque)

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J'ai remis mes cadeaux à ma famille d'accueil hier. Un petit pot de beurre d'érable, une petite décoration achetée à Trujillo, et ma casquette Canada. Je pense que la casquette a créé le plus grand émoi. Il faut dire que ça me représente pas mal, je l'ai beaucoup portée pendant mon voyage.

Ils m'avaient déjà donné beaucoup de choses. A part l'hébergement et la nourriture qu'ils m'offrent gratuitement à tous les jours, la maman m'avait offert un foulard pour le froid de Cuenca et des ceintures qu'elle ne portait plus, vu que j'avais oublié la mienne à Québec. Avec mes cadeaux, j'avais l'impression d'avoir enfin rendu la pareille.

La maman a donc évidemment décidé de me donner encore plus de trucs: une tuque de Cusco, des boucles d'oreilles et un collier. Merde, je ne vais jamais gagner cette guerre de générosité.

Ils ont signé mon drapeau péruvien. Les autres stagiaires aussi. Je vais l'accrocher dans ma chambre à mon retour à Québec. Je me suis retenue de lire les messages jusqu'à maintenant, je les lirai une fois partie de Piura. Je vais essayer de ne pas pleurer dans l'autobus.

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Faire les valises est toujours tellement plus compliqué au retour qu'à l'aller.

Mon sac à dos est vraiment lourd. Je ne comprend pas trop pourquoi. La plupart des souvenirs que je rapporte, c'est de la nourriture. Ça peut tu vraiment être si lourd que ça?

Faut croire que oui.

J'hésite à m'acheter un autre sac, pour transporter les items fragiles. J'ai mon petit stringbag, mais ça protège pas beaucoup.

Il me reste trois heures avant de partir, tout va trop vite.

Je sais pas si je suis prête à partir.

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Le chien a jappé toute la journée. C'est ce qui m'a réveillée ce matin, alors que j'étais encore poquée de m'être couchée à 4h du matin. (Le party a fini tard..)

Elle doit se douter que quelque chose de pas habituel se passe aujourd'hui. L'ambiance est moins joyeuse. Ça se sent que je m'en vais sous peu.

Notre relation love-hate se termine sur une note d'irritation, donc. Je me suis levée, les cheveux en bataille et le mascara qui a coulé pendant la nuit, pour lui dire de se taire. Ça a simili-marché, je me suis recouchée.

La famille dit que Luna va s'ennuyer. J'aimerais croire que moi, je ne vais pas m'en ennuyer, mais je ne sais pas. On s'attache à ces bibittes-là aussi, même quand elles sont gossantes.

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Aah, c'est presque fini.

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Prochain article: résumé de mes 40 heures de bus vers Cusco. Ça va soit être super drôle (ce qui voudrait dire que mon expérience a été terrible), ou plate (ce qui veut dire que ça s'est très bien passé).

À suivre.

Rédigé par la-grande-fugue

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