5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

Publié le 6 Novembre 2017

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

J'ai été membre (et puis employée) d'AIESEC pendant plus de six ans. Pendant ce temps, j'ai entendu le nom Dey Dos assez souvent.

Dey Dos est un ancien Président d'AIESEC International, qui travaille maintenant à temps plein dans le domaine du coaching et du développement personnel. Il a sa propre compagnie, la Popcorn Academy, et tient chaque année des conférences et retraites de toute sortes sur différents aspects du leadership et du développement des autres. Parmi toutes ces opportunités, la plus fameuse est sans doute la "Global LEAD Conference" qui a lieu à Viana do Castelo deux fois par an, à laquelle j'ai assisté en avril 2016, et à laquelle je participais en tant que "hôte" dans le courant de la dernière semaine. 

Il y a quelques choses à savoir sur Dey Dos:

- Il peut lire une personne en quelques secondes, et analyser chaque mimique, phrase ou expression pour révéler ce que la personne elle-même ne réalise pas;

- Il adore le vert, et pas juste un peu: lunettes, vêtements, valises, maison, accessoires, décorations, powerpoints, etc.

- Il est très, très vulgaire.

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

PRÉ-CONFÉRENCE, JOUR 1 

30 Octobre 2017

Le rendez-vous était à 10h à Viana do Castelo. Question d'être à l'heure, je devais prendre le train à 7h20, pour arriver vers 9h. Je suis partie de l'auberge à Braga à 6h50, alors que tout le monde dormait encore. Y compris les gens de la réception, apparemment, car la porte était fermée. J'ai laissé mes clés sur la poignée, espérant que ça ne causerait pas de problème.

Une fois sortie de l'auberge et la porte verrouillée automatiquement derrière moi, j'ai réalisé que Google Maps n'avait pas enregistré le trajet vers la gare de train et que je l'avais perdu, maintenant que j'étais sans wifi. Il allait falloir improviser intelligemment, parce que je ne pouvais pas me permettre de rater le train.

Comme par magie, j'ai trouvé la gare sans même me perdre. J'ai eu amplement le temps d'acheter mon billet et de m'installer dans le train confortablement. (Ou pas trop, car il fallait changer après 2 stations, et ensuite prendre un autre train vers Viana.)

Le trajet s'est passé sans embûches. J'ai eu peur de rater mon arrêt, car le second train n'avait ni écran qui indiquait les stations, ni personne dans l'intercom pour annoncer les arrêts. Il fallait me contorsionner à chaque fois pour chercher une indication d'où nous étions à chaque arrêt, et ce n'était pas toujours visible.

Par chance, la moitié du train descendait à Viana do Castelo, alors ça a été plutôt évident une fois arrivée.

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Une fois sortie de la gare, j'ai tout de suite reconnu les environs. J'y étais l'an dernier, alors bien que j'avais une photo du trajet sur mon téléphone au cas où, je n'ai pas eu de mal à trouver mon chemin jusqu'à l'auberge où la conférence avait lieu. Je suis arrivée vers 9h20, non seulement d'avance, mais assez tôt pour voler de quoi déjeuner à l'auberge. (Parce que, contre toutes attentes, je ne me suis pas levée plus tôt que nécessaire pour me laisser le temps de déjeuner. Mes priorités étaient à quelque part d'autre.) Après un câlin accompagné d'un "Hi Bitch!" de la part de Dey, je suis allée manger.

Apparemment, un membre de l'équipe d'hôtes avait raté son arrêt et s'était ramassé à Braga (haha!), alors on allait devoir commencer en retard. Nos instructions étaient claires en attendant: planifier sa punition, et ne pas être trop fins dans le processus. Je n'avais qu'une joie: ne pas avoir été celle à qui s'était arrivé. Parce que ça aurait pu.

En me prenant à déjeuner, j'ai retrouvé Hendrik, qui était aussi délégué à l'édition d'avril 2016, comme moi. Il y a un an et demi, j'étais vice-présidente entrante des ressources humaines chez AIESEC Canada, et il était impliqué chez AIESEC Lüneburg en Allemagne. Aujourd'hui, je suis à la retraite d'AIESEC (fini, ce temps-là), et lui est maintenant vice-président des ressources humaines chez AIESEC Oman. On a parlé de ce que ça fait, d'être Allemand dans un pays où la notion d'être à l'heure veut dire de ne pas être plus de 45 minutes en retard. Il m'a montré des photos du chat de leur équipe.

Good times.

Puis, Mats, un autre hôte, est venu nous rejoindre à notre table.

Hendrik: "Hey Mats, look who it is!" (En me pointant.)

Mats m'a fixée longuement, l'air neutre.

Hendrik: "... She was at GLC 2016 like us."

Mats: "Oh really? Cool."

Traduction: "Je n'ai aucune maudite idée de qui tu es. Mais bonjour."

C'est correct, Mats. Je ne me souviens pas de toi non plus.

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L'équipe d'hôtes était composée de six personnes, tous d'anciens délégués de la conférence:

- Hendrik, Allemand.

- Mats, Suisse, mais ayant étudié en Norvège, et travaillant maintenant à Amsterdam.

- Daniel (communément appelé par son nom de famille, Rubio), Colombien, travaillant maintenant sur l'équipe d'AIESEC Pologne. Aussi celui qui est arrivé en retard.

- Lucia, de République Tchèque.

- Busecim, de la Turquie, mais habitant maintenant en Autriche. Aussi ma collègue de chambre pour la durée de la conférence.

- Moi.

Et trois autres personnes agissaient en tant qu'hôtes des hôtes, c'est-à-dire qu'ils nous géraient et aidaient Dey dans l'organisation de la conférence:

- Wiebke, Allemande.

- Abhinav, Indien, mais travaillant maintenant sur l'équipe d'AIESEC en Grèce.

- Luis (communément appelé "Primo", ce qui signifie "cousin", car quand il a rejoint l'AIESEC il y a 15 ans, il était connu comme "le cousin de l'autre" et ça a collé), Vénézuélien, mais habitant maintenant à Madrid.

On a appris à se connaître, et on a entrepris les conversations et ateliers de la journée, visant à nous préparer à notre rôle une fois que les délégués arriveraient, deux jours plus tard.

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Buse: "Caro, you have a spider on you."

Moi: "Yeah, they do that."

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En soirée, alors qu'on terminait d'apprendre les derniers concepts importants avec Wiebke, l'un d'entre nous s'est soudainement fait rentrer dedans par Dey.

La personne en question avait du mal à s'exprimer de façon succincte, et une autre personne du groupe le lui avait fait remarquer. On discutait de comment régler le problème depuis peut-être 10 à 15 minutes, lorsque Dey, qui travaillait sur autre chose dans la cuisine de l'appartement, s'en est mêlé. Sans passer par le moindre détour, il a fait remarquer l'attitude défensive de la personne et s'est lancé dans un long monologue, qui s'est (je ne sais trop comment) terminé sur le sujet du choix de chansons lors de moments de réflexion.

C'est ce genre de monologue qui commence avec un malaise, car on n'a pas l'habitude de se dire les choses comme elles sont, de peur de se faire mal. Mais plus ça avance, plus on en retire des leçons. Quand ça se termine, on n'est plus choqué ni en plein malaise. Mais on a beaucoup à réfléchir.

Et voilà. Ça commence.

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On devait terminer notre check-out de la journée vers 22h. 

On a terminé à 1h du matin.

Ce qui devait être une simple revue de la journée s'est transformé en une exploration en détails du concept associé à chacun de nos groupes.

En tant qu'hôte, je suis responsable du groupe "Freedom", ou "Liberté".

Qu'est-ce que la liberté?

Moi: "Je dirais que c'est l'absence de restrictions. On imagine souvent ces restrictions comment provenant de l'extérieur. Imposées. Mais souvent, on se les impose soi-même. La liberté, c'est le rejet de ces restrictions."

Dey: "Quelle belle façon de définir un concept par son contraire. C'est un peu comme définir la paix par l'absence de guerre. Alors, qu'est-ce que la liberté?"

Moi: "Euh.."

Vingt à trente minutes plus tard, on termine un voyage épuisant à travers des histoires et concepts qui apportent au concept de la liberté une toute autre lumière. On se demande si on a envie d'aller dormir ou de continuer d'explorer ensemble. Le cerveau dit une chose, le coeur en dit une autre.

Et puis on recommence.

Qu'est-ce que les rêves?

Qu'est-ce que la danse?

Qu'est-ce que l'amour?

La curiosité?

L'énergie?

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

PRÉ-CONFÉRENCE, JOUR 2 

31 Octobre 2017

Le 2e jour a débuté avec la poursuite de nos conversations sur le "hosting" de groupes (la divergence, la convergence, et l'espace entre les deux, qu'on appelle la "groan zone", cet espace d'inconfort et de malaise qui mène à l'apprentissage, entre autres notions). Puisqu'il faisait beau, on s'est installés sur le quai et on a travaillé au soleil.

En après-midi, on a commencé à avoir accès à nos chambres pour les "tribe spaces", qu'il fallait décorer en fonction de notre couleur. (Dans mon cas, pour la tribu "Freedom", j'avais le bleu foncé.) Deux chambres n'allaient toutefois être disponibles que le lendemain, quelques heures avant le début de la conférence. Bien évidemment, la mienne en faisait partie. J'allais avoir une heure et 45 minutes pour tout préparer avant que ça commence.

(J'avais mentionné dans mon application en tant qu'hôte que j'étais le genre de personne qui avait souvent besoin d'avoir un plan, qui n'aimait pas les changements de dernière minute. Une coïncidence? I think not. Voici Dey Dos à l'oeuvre.)

Pour le reste de l'après-midi, j'ai aidé les autres à décorer leurs chambres (particulièrement à sortir les lits et les déplacer vers les chambres des délégués, et renverser les garde-robes afin qu'elles soient sur le côté et servent de table; je travaillais avec les hommes pendant que Buse "documentait" les opérations en prenant des photos.) Nous avons aussi eu à faire les lits de tout le monde (66 délégués), car apparemment l'auberge ne s'occupait pas de ça avec nous. Ça nous a pris un bon deux heures à tout faire, à nous six. (Et attention, pas question de les faire croche, il fallait que tout soit droit et bien plié.) Sur des lits à étage, c'était... très plaisant. J'aurais les muscles des avant-bras endoloris pour les trois jours à venir.

Vers la fin, mon partenaire Hendrik et moi avions une technique impeccable. 

Rubio et Mats étaient absolument pourris, je tiens à le préciser. On repassait derrière eux constamment. Pft. Amateurs.

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Dans l'exercice de déplacer des lits d'une chambre à l'autre, on se développait tranquillement une technique pour que ce soit moins pénible. (Les lits en bois étaient faciles, les lits en métal étaient vraiment lourds, et parfois, la planche qui soutient le matelas n'était pas vissée et il fallait la retenir de tomber tout en déplaçant le lit. Je suis surprise que personne n'ait perdu de doigts.)

Nous gardions généralement le silence, en raison de l'effort.

Jusqu'à ce que, du silence, émerge tranquillement une mélodie. Fredonnée à voix basse. Par Mats, à mes côtés.

Un sourire aux lèvres, je commence à la fredonner à mon tour. Toujours concentrés sur le lit qu'il ne fallait pas échapper, on ne se regarde pas, mais je le sens sourire. Tranquillement, on chante de plus en plus fort, jusqu'à ce que Hendrik, seul à son bout du lit, nous fasse une grimace de désagrément.

Une fois arrivés à destination, j'ai laissé échapper un rire moqueur.

Mats: "Is that how you really laugh?"

Moi: "... Yeah, why?"

Mats: "Nothing."

Moi: "... Are you making fun of my laugh?"

Mats: "... No."

Bitch.

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Notre check-out de la journée s'est terminé vers 23h. Nous avions encore à décorer la plénière, et au lieu de laisser ça au lendemain, nous nous sommes dit que nous allions au moins commencer avant d'aller dormir.

On a affiché des banderoles, découpé et collé des cerf-volants, et accroché des boîtes à messages jusqu'à 1h30 du matin. Et ce n'était pas fini. Il fallait juste vraiment dormir, à un moment donné.

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres
5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

CONFÉRENCE, JOUR 1

1 Novembre 2017

Les délégués allaient commencer à arriver vers 17h, la conférence commençait à 19h avec un souper, puis 20h avec la plénière d'ouverture.

Mais nous, nous nous levions à 8h quand même pour finir tous les préparatifs.

Au déjeuner, on voyait très bien qui était lève-tôt et qui ne l'était pas.

Rubio et moi nous sommes jeté un simple regard.

Moi: (avec un soupir) "Morning people."

Rubio: "Morning people are THE. WORST."

Amis instantanés.

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En matinée, nous avons terminé de décorer la plénière, puis en après-midi, nous avons décoré nos chambres de tribus. (J'ai enfin eu la mienne.)

Je suis assez fière du travail que j'ai réussi à faire en moins de deux heures. Je n'ai pas eu le temps de souffler autant de ballounes que désiré, mais j'ai quand même réussi à changer les rideaux, installer des lumières de Noël, coller des affiches et des banderoles, installer des matelas, coussins, toutous de toutes sortes, etc.

Ça avait l'air de quelque chose.

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

GLC, c'est une conférence sans agenda, sans plan pré-défini. Le mantra est "over prepared, under structured" (sur-préparé, mais sans structure).

Être "over prepared", entre autres, c'est être capable d'accueillir ses délégués par leur prénom, sans qu'ils aient à nous le dire. Nous avions donc le mandat de lire leurs applications à plusieurs reprises (question de pouvoir glisser dans la conversation, "Oh, alors tu es président d'AIESEC à Neiva? Super."), mais aussi de les rechercher sur Facebook pour savoir à quoi ils ressemblent. Ça crée des moments comme ceux-ci.

Moi: "DON'T TELL ME. SAY NOTHING."

Marius: "..."

Moi: "No, really, shut up."

Marius: "..."

Moi: "Marius, right?"

Marius: "WHAT the..."

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C'est la tradition de GLC de commencer la conférence par des présentations de 2 minutes de la part des délégués. Avec plus de soixante délégués, ça fait une longue cérémonie d'ouverture, mais ça nous donne aussi la chance d'apprendre à les connaître.

Il y a toujours ceux qui se démarquent.

Comme Cata, de Colombie, qui a chanté pour la première fois devant public.

Ou Brielle, qui nous a charmés avec son expérience d'expat: citoyenne américaine n'ayant jamais vraiment vécu aux États-Unis, pour qui "à la maison", c'est à plein d'endroits différents.

Ou Bob the Viking (oui, c'est vraiment ce qui apparaît sur son nametag), qui s'est présenté avec un triangle musical, un gazou, et un fidget spinner. (I am a man... I have a gazoo... *joue du gazou* ... GAZOO MAN!)

 

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Après les délégués, c'est le tour des hôtes.

Hello, my name is Caroline. You can also call me Caro, but if you do so, be aware that it is spelled C-A-R-O. Four letters. Don't you put an L at the end of it, because where I come from, Carol is an older woman's name, and I am very sensitive about my age!

I am Canadian. I grew up in a very small town in Québec, the french part of the country. There were 1000 inhabitants. Now, when I say this, I know exactly what stereotypes come to your mind, because I have heard them all. So let me save you some time right now, and let's go over them:

1. No, I was not promised in marriage by the age of 18. I mean, come on.

We do that at 21. Psht.

... and that was a joke. Because:

2. Suprise! Countryside people can actually be cool and funny!

(I mean, not that I was. I was a nerdy kid who loved anime and lived with six cats, two dogs and two birds, without the excuse of living on a farm. So don't get me wrong, I'm hella weird. But I could be cool, ok!)

3. We do have stores and restaurants, and an overall economy. We don't all live on farms and exchange goods.

We don't, however, have a McDonald's, so fine, I guess you win that one.

The point is, I come from a place where freedom is what you see when you step out the door. You may see cornfields and endless grass, but what I saw as a child was a blank slate and endless possibilities. You could really do anything.

I represent the freedom tribe, and I look forward to meeting all of you.

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La journée s'est terminée avec notre premier "tribe space".

Notre tribu, the Freedom Tribe, est composée de:

- Marius, de Roumanie;

- Rikke, du Danemark;

- Marlio, de Colombie;

- Sara, de Colombie;

- Marek, de République Tchèque, mais représentant AIESEC au Danemark;

- Jenny, d'Allemagne;

- Chol, Coréen, mais vivant en Allemagne;

- Barbara, du Brésil, mais représentant AIESEC au Portugal;

- Mathilde, de Belgique;

- Julien, de Belgique.

Nous nous sommes laissés vers minuit et demi. Pas si mal, en comparaison avec les tribus qui ont maintenu leurs conversations jusqu'à 1h30, presque 2h du matin.

Avec la chance que j'ai, le groupe de Buse est celui qui s'est terminé le plus tard, et c'est elle qui avait la clé de notre chambre. Rendu là, j'avais accepté que je n'allais pas avoir de longues nuits de sommeil pendant la conférence.

C'est au terme de cet incident que nous avons décidé de ne plus verrouiller notre porte de chambre.

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

CONFÉRENCE, JOUR 2 

2 Novembre 2017

En matinée, Abhinav est venu nous voir avec une question:

"Where's dablue?"

Un peu perplexes, on a répondu avec la seule question logique. "Who's dablue?"

Le dialogue qui s'ensuivit ne fut pas très productif. Ce n'est que lorsqu'Abhinav mima un "W" avec son doigt que nous avons compris.

W, prononcé "Double-You" en anglais. On appelle Wiebke "V" ou "W". Dablue.

Au grand malheur de Wiebke, le surnom "Dablue" allait coller pour le reste de la conférence.

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Le thème de la conférence était le "inner child", l'enfant en soi. La conférence porte sur le développement du leadership, mais le fait par l'intermédiaire de méthodes peu orthodoxes. En gros, les délégués font l'expérience d'espaces de développement du leadership par eux-mêmes, et peuvent donc en soustraire leurs propres leçons et apprentissages.

La journée s'est commencée par une activité de reproduction de notre "Emotion Map" (Carte des émotions), qui consistait à dessiner nos émotions primaires en lien avec leurs causes. L'idée était bien sûr de reconnecter avec l'enfant en soi, et nous avions ensuite l'occasion d'en discuter avec notre tribu. La conférence comporte de nombreux espaces de discussion, question de tirer du sens des sessions plus déroutantes.

Le plan était ensuite de, après dîner, tenir un tribe space complètement silencieux. L'idée était de voir ce que les délégués feraient sans la direction de leur hôte. Comment réagiraient-ils au silence de ce dernier?

La plupart d'entre nous étions très, très stressés à l'idée.

Alors quand Dey nous a annoncé que l'agenda avait (encore) été changé, et que nous allions faire notre excursion sur la montagne aujourd'hui, et reporter le reste, ça a été à la fois déroutant et soulageant.

Ils annonçaient de la pluie pour les prochains jours, alors on a profité du soleil annoncé pour la journée, et nous sommes allés visiter la basilique de Santa Luzia, au sommet de la montagne desservie par un funiculaire, pour lequel nous avons patiemment fait la queue.

Question de ne pas donner de crise cardiaque à l'employé du funiculaire en arrivant tous en même temps, chaque tribu quittait l'auberge à un intervalle de 5-10 minutes. J'étais terrifiée. Soudainement, on me faisait confiance pour mener un groupe de dix personnes à destination, sur un trajet que je n'avais fait qu'une fois seulement? (Bon, techniquement, j'y étais allée deux fois, vu que j'avais fait l'activité en 2016, en tant que déléguée.. mais vous me connaissez, moi et mon sens de l'orientation. Je veux dire, mon absence de sens de l'orientation.)

Je ne pouvais pas utiliser google maps sans données, mais avec l'aide de Wiebke, j'ai téléchargé la carte de Viana do Castelo sur mon téléphone, et j'ai donc pu nous suivre sur la carte un peu. Mais de mémoire, je me retrouvais assez bien déjà, j'étais plutôt fière de moi.

Il y a juste un bout du trajet où il faut prendre un tunnel souterrain, ressortir, et reprendre un autre tunnel souterrain dans le sens inverse. Et ça, c'est un peu mélangeant.

En sortant du premier tunnel, je voyais le deuxième tunnel de l'autre côté de la rue, mais je ne comprenais pas trop comment m'y rendre. Je voyais le groupe de Mats s'y engager, et j'essayais de lui faire des signes pour lui demander comment me rendre jusqu'à lui.

Super utile, Mats me pointait l'entrée du tunnel. "C'est par là!"

NEVERMIND, MATS.

On a fini par catcher par nous-même.

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Une fois en haut, on a pris des photos de groupe, et l'activité a commencé. Les délégués devaient prendre 10 minutes pour se promener aux alentours, lentement, doucement, prendre le temps de s'imprégner de la nature qui les entourait, puis ils devaient prendre une photo qui les inspirait, leur parlait.

Lorsque c'était fait, ils revenaient vers leur hôte, qui leur remettait une fiche d'instructions. Ils devaient se trouver un coin tranquille, positionner leur photo de façon à pouvoir la regarder, et passer au travers d'une série de questions de réflexion personnelle. Ils avaient une heure.

La plupart sont revenus plus tôt. Il faut dire que la pluie a servi de motivation. (Meteomedia avait menti!)

On a pris refuge sous un arc de la basilique, et on a mangé notre picnic tout en discutant de l'activité qu'ils venaient de faire. Qu'avaient-il découvert? Que retenaient-ils de l'expérience? Pourquoi était-il important de faire cette activité, selon eux?

Il y avait beaucoup de distractions, avec le coucher du soleil qui était tôt, la nourriture, les autres groupes autour. Ce n'était pas évident d'avoir une conversation en profondeur, mais on commençait à toucher à des sujets importants. Ça allait venir.

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Juliette, belge, de la tribu de Lucia: "Ne bouge pas. Tu as une araignée sur le menton."

Caro: "Oh, surprise."

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Vers 18h45, il fallait tout ramasser et commencer à descendre. Nous avions pris le funiculaire pour monter, mais on allait descendre par les escaliers.

Les hôtes s'étaient bien moqués de moi et de mon incompétence à retrouver mon chemin, mais lors de la descente, c'est moi qui s'y retrouvait le mieux.

Ben TIENS!

(Bon, j'avais regardé le chemin sur la carte, mais chut. Ça paie, d'être "self-aware", parfois.)

Nous avons mené le groupe jusqu'au cinéma. Surprise! Nous allions voir un film!

Initialement, nous pensions les amener voir Thor, mais avec le changement d'agenda de dernière minute, il fallait faire avec ce qui était disponible: Geostorm.

Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, la campagne de marketing de ce film a été absolument agressive. Partout, sur les médias sociaux, en preview des vidéos Youtube que je regarde, PARTOUT on voyait le trailer. J'aurais presque voulu boycotter le film par principe, mais bon... Je n'avais pas à payer pour. Alors whatever.

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Ce qui est différent entre les cinémas Portugais et Canadiens:

- Un sac de bonbons et un coke m'ont coûtés 3 euros et 70 cents. Quel outrage. Ça m'aurait facilement coûté 8 dollars au Canada.

- Il y a des intermissions au milieu des films. Je pensais qu'il y avait une panne de courant ou un bug informatique. Mais non, c'était juste une pause pour faire pipi et acheter plus de cochonneries. 

Sinon, le reste, c'est pas mal pareil.

À la fin du film, j'ai rassemblé les membres de ma tribu, et je leur ai donné un petit papier.

Surprise! Le film n'était pas juste pour le fun! Vous devez maintenant préparer une présentation de 20 minutes pour demain avec un partenaire.

Have fun!

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

CONFÉRENCE, JOUR 3

3 novembre 2017

Le réveil a été difficile. La veille, nous avions emmené les intéressés (qui n'étaient pas encore en train de travailler sur leur présentation) à un bar pas loin, question de prendre un verre ou deux. J'avais pris une sangria. Juste un verre.

Mais elle avait fessé. La sangria telle qu'on la connait est un mélange à parts égales de vin et de jus. Mais si j'ai bien vu la concoction de mon drink, c'était de l'alcool fort, beaucoup de vin, et oops, un peu seven-up à la fin.

Ow.

D'habitude, je me levais avant Buse, je faisais ma toilette et ensuite elle prenait sa douche. Mais là, toutes les deux avons bretté jusqu'à la toute dernière minute. Pour cette raison, nous avons atteint une nouvelle étape dans notre relation: utiliser la salle de bain en même temps. Elle prenait sa douche, pendant que moi j'utilisais la toilette.

Entre ça et devoir se lever plus tôt, après plusieurs nuits trop courtes, le choix se fait facilement.

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Dans la journée, nous avons d'abord eu les présentations des délégués, dans nos tribus respectives. Déjà, on voyait qu'ils commençaient à remarquer les trucs que nous utilisions dans nos méthodes d'hôtes, et qu'ils essayaient de reproduire certaines approches plus interactives. Ça marchait.

En après-midi, nous avons exploré la question: Qu'est-ce que la liberté? Afin d'en arriver à la suivante: "Pourquoi suis-je dans cette tribu?" Ils espéraient que je leur donne la réponse, mais en vérité, je n'en avais aucune idée. Ils avaient été placés dans cette tribu pour une raison, mais elle ne m'avait pas été révélée.

Alors on leur retourne la question: Pourquoi crois-tu être dans cette tribu?

(Ça les emmerde, mais éventuellement, ça marche!)

J'ai senti que, pour la première fois, nous expérimentions avec de la divergence et de la convergence dans nos conversations. Le groupe avait tendance à toujours être en accord jusqu'alors, mais nous allions enfin à quelque part.

Une fois au meeting des hôtes en soirée, par contre, j'ai commencé à douter. En écoutant les autres partager, j'ai réalisé que, bien que nous avions traversé de la divergence et de la convergence, nous ne semblions pas avoir traversé la "groan zone". L'avais-je manquée? Avais-je poussé le groupe dans une autre direction sans m'en rendre compte?

C'est ce que j'ai partagé avec le groupe, et la réponse de Dey a été claire.

"They haven't gone through it yet. You didn't miss it. They haven't gotten there. I put them together for a reason: you're all people who don't open up, who don't let themselves be vulnerable. You're tough, and so are they. Can you make yourself vulnerable? Because they'll mirror you. If you stay tough, so will they. It starts with you."

Pour le reste de la soirée, j'ai été en crise d'identité. Je sentais pourtant que j'avais partagé des histoires très personnelles. Et les délégués aussi. Nous avions parlé de cancer, de dépression, d'orientation sexuelle, de HIV. Ça prenait quoi pour être vulnérable, si ce n'était pas assez?

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

CONFÉRENCE, JOUR 4

4 novembre 2017

Meeting du matin.

Breakdown.

J'ai commencé mon partage tout bonnement, calmement. "I'm nervous, because I know I need to push my delegates and I don't know..."

Tout de suite, Dey m'a interrompue. "You said something bullshit. Repeat that."

"... I am nervous because I need to take my delegates to a place of vul-"

"No. You need to push your delegates?"

"... I need to push myself."

"Yes. And to do what?"

"... To open up?"

C'était sans doute la fatigue, mélangée avec de la nervosité et la frustration que j'avais ruminée la veille. Les larmes ont commencé à sortir. 

Dey: "Look at that tear. Why is that important?"

"Because I need to..."

"Don't look at the floor. Yes, now go on."

"Because I need to show that to my delegates."

"Yes. You don't NEED to cry though."

"No, but it's that kind of mindspace that I need to bring out."

"Yes. And if you cry, that's ok too."

"Yeah..."

"Don't look at the floor. Proud crying is freeing and powerful. Look at them in the eyes."

Dans ma "carrière" de leader, ça m'est arrivé relativement souvent de pleurer devant mon équipe. La fatigue, le stress, la frustration. Faut bien que ça sorte éventuellement. Mais pour peut-être la première fois, je n'ai pas senti de honte en levant les yeux. Peut-être parce que les regards qui croisaient le mien n'étaient pas emplis de pitié ou de malaise.

Dey: "Beautiful. Now, give me a hug. And breathe out loud like me."

Il m'a fait expirer fort, ça a fait rire le groupe, ça a détendu l'atmosphère. Il m'a donné des mouchoirs et un mini Hulk en guise de métaphore, et nous avons passé au suivant. 

Ça prenait juste une personne qui pleure pour créer l'effet domino. Tout le monde après moi a pleuré dans leur check-in. On a commencé la journée dix minutes en retard, mais ça a fait du bien. 

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La première session de la journée était ce qu'on appelle "Biodanza." Une séance silencieuse, visant à explorer nos barrières avec les autres, à travers la danse.

C'est pas évident pour le monde qui se sont fait pousser des épines avec le temps. C'était la deuxième fois que je faisais l'activité, et j'étais pas mal moins tendue. Mais peut-être pas complètement détendue non plus.

Mon partenaire de danse était Hansi, d'Autriche. D'une activité à l'autre, il fallait se laisser guider par l'autre, souvent les yeux fermés. Apprendre à faire confiance et abandonner le contrôle. Faire confiance que l'autre ne nous fera pas frapper un arbre. Entre autres.

Je n'ai eu aucune conversation avec Hansi dans le courant de la conférence. Ni avant, ni après. Mais j'ai probablement plus connecté avec lui qu'avec bien d'autres délégués avec qui j'ai partagé un peu de small talk, ici et là.

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Après Biodanza, c'était le tribe space silencieux. Ou à tout le moins, MOI, j'étais silencieuse. J'ai pris place, j'ai posé une citation sur le développement personnel au centre de la pièce, et je les ai laissés aller. J'ai été fière de voir qu'ils ont pris l'initiative de discuter de leur expérience du matin, et de partager ce qu'ils avaient appris. J'ai senti que, par eux-mêmes, ils se sont amenés à frôler la "groan zone" en se posant des questions plus difficiles, par exemple sur leur difficulté à maintenir le contact visuel dans des moments plus intimes avec le groupe.

Après cette séance, ils avaient droit à deux heures de temps libre, pour faire ce qu'ils voulaient, que ce soit dormir, faire des recherches, visiter Viana, avoir des conversations qu'ils n'avaient pas eu le temps d'avoir. Pendant ce temps, les hôtes avaient un meeting.

Mon partage était beaucoup plus positif.

"The feelings I have... First, I feel happy. Because I feel that we stepped into the groan zone. Frustrated, because we didn't cross it. Typically, we dipped our toe in it, and then diverted. But I am not surprised. Because if they mirror me, and all they've had of me today so far is silent me, then I am just glad they were able to challenge themselves without my direct help today. Then the next tribe space will be where the magic happens I assume."

Dey: "Why frustated? Every kernel pops in its own time. You took your tribe places they've never been before. Be happy about that."

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Lors du tribe space, le groupe avait acheté du Porto pendant leur temps libre. On s'est versé un verre chacun, puis j'ai proposé qu'on commence par un check-in, pour voir où on en était dans notre expérience.

Je me suis portée volontaire pour commencer.

"I am going to share something that, for the first time, isn't very structured. And that terrifies me, but that's exactly what I need to do.

More than once, I've been telling you guys about how, last year, I came in with a mentality of work, of learning work-related things and bringing back tangible things I could implement in my work. I didn't learn as much on the personal side, and now I have realized that, using Dey's popcorn analogy... I didn't pop last year.

But I popped last night, and not in an enlighteningly beautiful way. More like in a very painful way. Here is what I realized.

I like to think I am someone who is okay with being vulnerable. I told you that I used to see my tears as a sign of weakness, and I had to learn to be ok with it. I thought I was ok with it. In the past, I've cried in front of people, and it made me very uncomfortable, it made me feel weak, but I've learned from that. But I now realize that all this time, I wasn't working towards becoming comfortable with crying. I was instead hoping for a day where I would stop crying. Where I would be strong enough to not have to cry in front of people when I was frustrated or overwhelmed. And that's not realistic, is it? Every time I have cried in front of my teams, I felt ashamed, and I did everything I could to erase that perception of me in others. I can easily tell you personal stories, but I have only shared with you stories that happened to me a long time ago. So I have had time to think about them. Analyze them. Over-analyze them. And over-over analyze them to a point where I can make sense of them, and tell them to you in a way that is structured and inspirational. I only tell personal stories when I know they will be received in a positive, often motivational manner.

The other stories, though, the ones that are recent, still raw, and don't quite make sense but make me want to cry still, I stay away from those. Because I don't know how to tell them in an inspirational way, and I certainly don't know how to tell them with the assurance that I won't cry. Those stories, I stay away from. Which means that I am not 100% myself in teams, I don't completely open up because I am afraid of getting to a point where I have to cry in front of them. So I only show parts of me. And that lack of pure authenticity has hurt me and my teams in the past. 

I am not okay with vulnerability, as it turns out. I am not letting myself be free. That's why I am here, and that's what I've learned."

Je n'ai pas eu le temps de poser la balle au centre, qu'elle était déjà prise par une autre, et le flot de partage des deux prochaines heures commença.

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Le souper n'était pas un souper comme les autres. Les seules instructions que les délégués avaient reçues étaient les suivantes: lavez-vous les mains d'abord.

Une fois dans la salle, ils devaient ensuite se trouver un partenaire, et se servir à manger. Mais la twist était qu'ils devaient se nourrir l'un l'autre, pas eux-mêmes. Et sans ustensiles, bien sûr.

J'ai partagé mon repas avec Primo. Avec nos doigts dans nos bouches, pas de meilleures circonstances pour se parler de nos vies, de sa fille, de mes insécurités, de nos ambitions.

La leçon: si on est pour se faire nourrir avec les doigts par quelqu'un, mieux vaut se choisir un Indien. Primo et moi avions espionné deux Indiens qui se nourrissaient pas bien loin, et leur technique (et rapidité) était fascinante. Ils ont un véritable talent pour manger avec les doigts, sans pour autant faire le moindre dégât. Vers la fin, ils faisaient le tour de la pièce et nourrissaient tout le monde. 

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À la plénière de fermeture, Dey a donné un dernier discours de remerciement, et puis nous avons entrepris un tunnel d'appréciation. Le groupe formait un tunnel, et chaque personne s'y engageait un à la fois, les yeux fermés, et recevait de l'appréciation silencieuse: des câlins, des serrements d'épaules, etc.

J'ai été l'une des dernières à y passer. Je me suis surprise par ma capacité à garder les yeux fermés, malgré la curiosité. Vers la fin, j'avais ma checklist de questions:

- Qui c'est qui m'a embrassé la joue?

- Qui m'a appelée "sexy"?

- Qui m'a murmuré "I love you" dans l'oreille?

Tant de questions sans réponse.

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Dernière activité: chaque tribu recevait une bouteille de porto, et nous passions le reste de la soirée dans nos chambres respectives à faire ce qu'on voulait.

On a bu, parlé, dansé, parlé à nouveau. Graduellement, ça commençait à s'endormir. Il y a toujours des tribus qui passent la nuit dans leur chambre de tribu, mais la mienne était un peu plus consciencieuse. Vers 2h du matin, ils ont commencé à aller se coucher. J'ai attrapé les derniers pour qu'ils m'aident à ranger un peu, question que le ménage soit plus facile le lendemain.

Puis je suis allée me coucher aussi.

5 novembre 2017 - Une conférence pas comme les autres

CONFÉRENCE, JOUR 5

5 novembre 2017

J'avais l'ambition d'être au déjeuner à 8h30. Cute.

Je me suis pointée un peu après 9h. Pas trop mal, je suppose.

Le matin a été le chaos du ménage: vider les chambres de tribus, replacer les lits, replacer les garde-robes. Ayant sollicité l'aide de mes délégués la veille pour ranger un peu, je pensais m'en sortir seule rendu le matin, mais j'avais oublié le heavy lifting. Par chance, Marek est spontanément venu proposer son aide, et il y avait assez de grands gars qui se promenaient pour en recruter au passage.

Moi: "I need someone strong!"

Tiago: "Uuuh... Do you think I am strong?"

Moi: "... Sure. Let's go!"

(Tiago a dû être traumatisé par les lits en métal, parce qu'il a disparu après le premier.)

Moi: "We need man power!"

Markus: "I am a man, I have power."

Moi: "Done. You're recruited."

Tout était en place avant 11h.

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Abhinav: "Guys! I saw something... SO WEIRD. Like, WOAH! Like... WOAH!"

Tout le monde: "What?"

Abhinav: "I saw Mats... without his glasses! And guys... his eyes... they're so small! They look normal!"

Wiebke: "Well, yes, that would be because of the magnification of his glasses. It makes his eyes look bigger than they really are."

Abhinav: "... oooooooh."

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À 14h, nous sommes allés dîner, aux frais de Dey. Nous avons partagé notre journée de la veille.

J'étais fière de ma journée d'hier, de ce que nous avions accomplis dans mon groupe. Mais j'étais un peu nerveuse de me faire péter ma balloune, donc j'ai un peu foiré mon partage. J'ai reçu quelques commentaires de la part de Dey sur comment raconter une histoire sans diminuer l'impact.

Rendu là, on s'était tous habitués à prendre le feedback sans le prendre personnel. On avait tous beaucoup de leçons à ramener.

Nous avons jasé longtemps, assez pour que je rate le train de 16h20. J'allais donc avoir du temps à tuer jusqu'à 18h40, l'heure du prochain train vers Braga. Il s'avère que le train qui m'amenait à Braga était aussi le train qui amenait tous les autres à Porto. (Sauf que moi, je devais changer de train à Nine, eux allaient directement à Porto.) Alors nous avons tous foiré ensemble dans le lobby de l'auberge jusqu'à 18h.

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Lucia: "You realize that everyone thinks we look alike, right?"

C'est vrai. Un délégué, le premier jour, avait passé un commentaire comme quoi Lucia et moi étions presque identiques. Nous avions ri, et dit qu'il ne pensait cela que parce que nous avions des couleurs similaires (j'avais la tribu bleu foncée, elle avait la tribu bleu pâle). Nous avions toutes deux les cheveux châtains et des lunettes. C'est tout.

Mais dans le courant de la conférence, ça s'était répandu. Des déléguées venaient me parler, et s'interrompaient mi-phrase en réalisant, "You're not Lucy, right?"

Tous les hôtes insistent que nous ne nous ressemblons pas (merci!), mais les délégués ont une autre histoire à raconter...

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À 18h, nous avons entrepris la marche vers la gare. Rubio et moi menions la marche. (HAHAHA. Rubio aimait bien clamer haut et fort que j'étais celle qui se perdait tout le temps, mais il profitait toujours du fait qu'on me donnait une carte pour me suivre de près. L'hypocrite.)

On ne s'est pas perdu, miraculeusement.

En attendant le train, Hendrik m'a assurée qu'il allait continuer de m'envoyer des photos du chat de son équipe.

Moi: "Wonderful!"

Hendrik: "Remind me if I forget."

Moi: "Sure! 'Hendrik! It's been two days! What the hell! I need my fix!'"

Et tous deux, nous frappions des doigts notre avant-bras, comme avant une injection.

C'est dans ces moments qu'on sait qu'on vient de former une véritable connexion spirituelle.

Une fois dans le train, j'ai réalisé qu'il faisait vraiment noir à l'extérieur, et que je n'avais aucune chance de voir les noms des stations passer. Par chance, Rubio et Mats avait leurs données, et ont utilisé leur Google Maps pour me laisser savoir quand on approchait de Nine.

Quand le train a commencé à ralentir, j'ai rassemblé mes sacs, et aussitôt, ça a été le flot d'aurevoirs et de câlins interminables.

Je ne voulais pas être la plate qui coupait court les aurevoirs tragiques, mais je ne voulais aussi pas être celle qui raterait son arrêt. J'aimais bien laisser ce titre à Rubio.

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Je suis arrivée à Braga vers 20h. J'avais réservé à la même auberge qu'avant de partir pour Viana do Castelo.

J'étais tellement épuisée, je me suis endormie vers 22h, complètement knocked out, et je ne me suis pas réveillée avant 9h15 le lendemain. J'ai eu vaguement connaissance que d'autres personnes soient venues se coucher pendant la nuit, mais quand je me suis réveillée, il n'y avait plus personne dans la chambre. Je n'avais aucune idée d'à quoi ressemblait la personne qui avait dormi au-dessus de moi. Mais j'avais bien dormi.

Rédigé par la-grande-fugue

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