Neumarkt: La vie de petite ville, au coeur de la Bavière

Publié le 28 Juillet 2018

Je n'ai pas écrit en 12 jours.

Je n'ai pas écrit avant le début de ma formation, le vendredi 20 juillet, et après, ça n'a été que trop intense pour m'arrêter. Le cerveau était au travail de 7h30 le matin à 19h le soir, parfois plus longtemps, et donc quand enfin venait le temps de relaxer... je me couchais, et je m'endormais en un claquement de doigts.

Voici le rattrapage, à partir du moment où nous nous sommes laissés, le 18 juillet, à Frankfurt.

Mercredi 18 juillet 2018

Alors que je me dirigeais vers la station de train, la véritable aventure commençait: c'est à Neumarkt que j'allais recevoir ma formation de monitrice, pour travailler dans les camps de vacances d'immersion anglaise et française pendant l'été.

Mais la formation ne commençait pas avant vendredi. Ma famille d'accueil m'avait invitée à arriver plus tôt, le temps de m'installer, et j'avais accepté l'invitation. Matthias, le père de famille, m'avait écrit quelques fois dans la semaine précédant mon arrivée. Je lui avais envoyé les détails de mon arrivée à Neumarkt, ainsi qu'une photo de moi, et lui aussi, afin qu'on puisse se repérer à la gare. (Faute de pouvoir se texter, avec mon forfait téléphonique canadien.)

Le système de trains allemand n'avait pas trop changé depuis 2012 et 2013, mais juste assez pour me désorienter. Il me semblait que, auparavant, réserver un billet de train ICE (un train grande vitesse, pour les plus longues distances) nous méritait automatiquement un siège assigné. Mais maintenant, il faut payer quelques euros de plus pour un siège. J'avais décidé d'être cheap et ne pas payer ce surplus. J'étais donc un peu décontenancée en montant dans le train et en voyant que tous les sièges portaient la mention "reserviert". Peu de sièges étaient vraiment occupés, mais j'en déduisais que les sièges vides allaient être comblés aux prochaines stations. J'étais un peu mal prise.

Tout de suite, j'ai regretté ma décision. Deux heures debout, à ne pas pouvoir utiliser mon ordinateur et ainsi utiliser mon temps intelligemment, ça s'annonçait assez moche.

Mais voyant que tout le monde (même ceux qui avaient semblé tout aussi désorientés que moi au début) prenaient place un peu n'importe où, je me suis assise dans un siège vide, en me disant que je serais à l'affût de tout passager à l'allure offensée aux prochains arrêts.

Je me suis finalement rendue jusqu'à Nürnberg, le terminus, sans avoir eu à me lever. Il faut croire que les indications "reserviert" ne sont là que pour faire peur. Le train est demeuré plutôt vide pour la majeure partie du trajet.

À Nürnberg, j'ai pris un autre train (régional, cette fois) pour Neumarkt. Je suis arrivée vers 15h55, comme prévu.

J'étais installée dans le dernier wagon au bout du train, ce qui voulait dire que je descendrais tout près de la sortie, ou bien à l'autre bout complètement de la plateforme.

Loi de Murphy: je suis descendue à l'autre bout. Ce qui ne s'est pas avéré mauvais, car ainsi je pouvais parcourir la plateforme au complet, sans risquer de rater de vue ma famille d'accueil.

Je demeurais à l'affût de toute personne paraissant chercher quelqu'un dans la foule. C'est finalement en approchant la sortie que j'ai pu apercevoir un homme d'âge moyen, à l'allure similaire à la photo que j'avais reçue, en compagnie d'une petite fille blonde en robe fleurie. L'homme tenait un téléphone devant lui, et en m'apercevant, s'est mis à comparer avec ce qui devait être ma photo.

Matthias, et Anna-Maria.

Anna-Maria, 11 ans, n'a pas encore commencé à apprendre l'anglais. Elle avait donc du mal à s'exprimer en ma compagnie. Mais Matthias, le père, semblait heureux de pratiquer sa deuxième langue. Il m'a demandé si j'étais végétarienne, et lorsque j'ai confirmé que, non, j'aimais bien la viande, j'ai vu que j'avais offert la bonne réponse. Ils prévoyaient un barbeque pour souper, et nous allions nous arrêter à la boucherie en chemin pour choisir les pièces de résistance. 

(Indice: il y en avait beaucoup. Le père et sa fille étaient tous deux de grands amateurs de viande, et ont demandé quelques morceaux d'un peu tout ce qu'il avait sur le présentoir. Je n'ai pas vu le montant de la facture, mais à la quantité de viande qui s'est retrouvée dans nos mains, ça ne pouvait pas être une petite facture.)

Sur le chemin vers la maison, nous avons fait un petit détour par une petite chapelle sur la colline, avec une vue prenante sur la ville de Neumarkt. Nous ne sommes pas restés longtemps (il y avait pas mal de produits périssables dans la voiture, après tout), mais juste assez pour prendre mes premières photos de mon séjour en Bavière.

Neumarkt: La vie de petite ville, au coeur de la Bavière
Neumarkt: La vie de petite ville, au coeur de la Bavière

À la maison, j'ai rencontré le reste de la famille: Sabine, la maman, ainsi que les deux autres filles: Sophie, 17 ans, et Julia, 15 ans. (Et le chum de Sophie, Jonas.) Tout le monde était en maillot de bain, et alors qu'ils se dirigeaient vers la piscine en vitesse (après m'avoir chacun poliment serré la main), Matthias m'a expliqué qu'il manquait une fille: Emilia, 13 ans, était en voyage scolaire en Angleterre, et serait de retour dimanche.

C'est beau, quand même, l'Europe. Où tout est si proche que, quand vient le temps d'organiser un voyage de scolaire, la question n'est pas "quelle province?" ou "quelle ville du pays voisin?" Traverser quelques pays pour se rendre à destination? Pas de problème, pft!

J'ai passé l'après-midi à me baigner avec les filles. Je me sentais un peu comme une intruse, j'ai surtout observé le chum de Sophie maltraiter les filles en les poussant dans la piscine ou en les pourchassant. (Ce qui me motivait à rester hors de la piscine, et lire, plutôt que de m'aventurer dans les eaux houleuses.)

Lorsque Matthias est revenu de son rendez-vous, nous avons soupé. Je n'ai pas eu à faire grand chose, j'avais une bière à la main, et une montagne de viande devant moi.

J'ai eu un peu mal au ventre ce soir-là.

Jeudi 18 juillet

Joanna (ou Jo), une autre monitrice LEOlingo assignée à la même famille d'accueil, arrivait à l'aéroport de Nürnberg vers 11h. Matthias avait suggéré que nous quittions la maison vers 9h15, pour avoir le temps de visiter la ville un peu, sans trop se presser.

C'est ce matin-là que j'ai appris que Matthias n'est pas un Allemand typique. À 9h10, j'étais habillée, j'avais mangé, bu mon café, mon sac était prêt, et je me tenais près de la porte, prête à me faire bousculer dans la voiture à 9h12.

Matthias n'a été prêt à partir qu'à 9h50. Ce serait là un thème récurrent dans le courant de mon séjour à Neumarkt, et dans la famille Kuschka.

Pas le temps de visiter ni de faire la commission qu'il voulait faire, nous sommes arrivés à l'aéroport alors que le vol de Jo venait juste d'atterrir. Considérant le temps de débarquer de l'avion et ramasser les bagages, nous étions juste à temps devant la porte des arrivées pour l'accueillir. 

Jo, d'Angleterre, n'a pas besoin de visa pour travailler ailleurs en Europe, alors nous l'avons laissée à la maison, et Matthias m'a ensuite reconduite à la gare de train, où Andrea et Anne-Marie de LEOlingo m'attendaient, avec Paris, une autre Canadienne qui venait d'arriver. Ensemble, nous sommes allées au bureau des "aliens" (oui, c'est le terme utilisé) pour nous enregistrer. Lundi, Andrea irait faire les demandes de visa pour tous les Canadiens, Américains et Australiens du groupe. Mais pour l'instant, il ne fallait que signaler notre présence aux autorités. Ça a été plutôt simple, et pas aussi effrayant que ça ne sonnait à mes oreilles. Pendant quinze minutes, une dame a traité nos documents, et puis c'était terminé.

Andrea et Anne-Marie m'ont déposée à la maison, et pour le reste de la journée, je me suis baignée avec Jo, nous avons soupé avec la famille, puis joué au Badminton en soirée. (Il nous a fallu du temps à comprendre que Anna-Maria ne nous proposait pas de jouer à "Batman".) Nous avons pris une marche en forêt avec Anna-Maria et Seimar le chien. J'ai enseigné à Jo l'expression française "J'ai les dents du fond qui baignent," elle a bien ri.

Nous nous sommes couchées épuisées.

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Moi: "You know, I am at that stage in life where all of my friends are getting married, buying a house, having kids. And then there's me. Barely graduated, no life plans, and just exploring the world as much as I can."

Paris: "That's the best plan. People were asking me questions about what I was coming here to do, and I was like, 'I don't know.' I got the job, I came here. No questions asked. We'll find out the details later."

Moi: "Yeah, same. You know, I make a lot of self-deprecating jokes about my 'bohemian' lifestyle in comparison to my friends who have life figured out, because I think it's funny, but sometimes people take me seriously, and feel bad. They're like, 'Ohh nooo..'"

Paris: "'Nooo, YOu'rE GrEat!'"

Moi: "And I'm like..."

Paris et moi: "I know!"

Vendredi 20 juillet

Jo et moi nous sommes permis de dormir jusqu'à 9h. Elle, elle avait l'excuse de ne pas avoir vraiment dormi la veille (elle était partie d'un mariage et était allée prendre son vol directement), et moi... eh bien, on dort dans le même lit, alors, je ne "voulais pas la réveiller". Bien évidemment.

La formation commençait à midi trente, et nous commencions à être un peu nerveuses. La veille, en buvant un gin tonic avec Matthias (impossible de passer une journée sans alcool, en Bavière), il nous avait raconté l'histoire d'une ancienne LEOlingo (la famille Kuschka héberge des moniteurs depuis plusieurs années) qui avait démissionné après deux jours de formation. Nous avions d'abord ri, en nous disant, "franchement, elle n'a pas essayé fort!" Mais il avait ensuite précisé qu'il ne s'agissait pas d'une jeune irresponsable, mais bien d'une jeune femme intelligente de 24 ans, qui n'avait tout simplement pas l'énergie pour ce travail. Ça nous avait un peu refroidies.

J'ai 27 ans et j'ai passé les dernières années de ma vie à rédiger une thèse de maîtrise. Je l'ai tu, moi, l'énergie?

Après le déjeuner, il fallait faire nos sacs. La famille Kuschka partait pour une fin de semaine en Autriche, et nous allions donc être hébergées par Andrea pendant la fin de semaine. Pas besoin de tout paqueter (heureusement, car mon sac à dos, bien pratique pour les déplacements, mais pas du tout pour trouver quelque chose à l'intérieur, avait déjà explosé depuis longtemps sur la chaise longue de notre chambre), juste d'apporter le nécessaire pour la fin de semaine.

Nous prévoyions partir à midi, mais Matthias a finalement été prêt à partir à midi vingt.

Matthias, c'est un entrepreneur. Avant, il avait un emploi en plus de sa compagnie, mais depuis quelques années, il se concentre uniquement sur sa compagnie, et ça va bien. Ça lui donne plus de temps, mais ça veut aussi dire qu'il est parfois pris au téléphone avec un client, ou bien il veut démarrer quelques trucs avant de partir nous reconduire, pour rentabiliser son temps, ou bien...

Tiens, ça me rappelle un autre papa, ça.

Bref.

Heureusement, Neumarkt est une petite ville, rien n'est bien loin. Nous étions arrivés à 12h25.

À l'intérieur, une quinzaine de jeunes (entre 20 et 27 ans) étaient assis à des bureaux placés en forme de U, pour faire face aux formateurs. L'Angleterre, les États-Unis, le Canada et l'Australie étaient représentés (et l'Irlande, il paraît, mais son seul représentant avait déjà été moniteur à plusieurs reprises par le passé, et n'assisterait donc pas à la semaine de formation.) En tout, nous serions 18 moniteurs.

(Et, oui, je serais la plus vieille du groupe. Plus vieille que même les formateurs. Le gag se poursuit.)

L'après-midi et la soirée ont passé rapidement, mais nous étions définitivement épuisés à la fin. Pour se préparer à présenter les jeux, chansons et sports à des enfants au niveau d'anglais limité, nous avons nous-mêmes joué, chanté et présenté de nombreuses activités en peu de temps. À la fin, j'étais brûlée, dans tous les sens du terme, car il faisait un beau gros soleil dehors, et le coup de soleil que je traînais depuis mon premier jour à Frankfurt ne s'améliorait pas.

Tout le monde est parti avec sa famille d'accueil, sauf Jo et moi, qui avons aidé Andrea, Anne-Marie et Tito (l'équipe de formateurs) à nettoyer, avant de finalement aller souper chez Andrea.

Anne-Marie habite à Nürnberg, mais pendant la semaine de formation, elle reste chez Andrea pour limiter ses déplacements. Tito, je n'ai pas encore réussi à comprendre où il habite, mais il reste aussi chez Andrea le temps de la formation. C'est une situation si commune, le troisième étage chez Andrea est un étage dédié aux chambres de moniteurs LEOlingo qui vont et viennent. Jo et moi étions dans un petit dortoir, tandis que Tito et Anne-Marie étaient dans l'autre chambre.

Le souper était délicieux: des pâtes à l'ail, du vin, des jeux de société, et beaucoup, beaucoup de chocolat.

J'ai tout revomi vers minuit. J'ai été un peu prise par surprise, j'ai d'abord suspecté une intoxication alimentaire. J'avais bu 2 petits verres de vin, certainement pas de quoi me rendre malade. Peut-être que l'ail n'avait pas bien passé, ou bien le chocolat avait été de trop. 

Mais en buvant de l'eau (une quantité assez phénoménale, je dois dire), dans le courant des heures qui suivirent, j'ai commencé à reconnaître les signes de la déshydratation. Je n'avais effectivement pas très bien pris soin de moi dans les derniers jours:

- Gros coup de soleil que j'empirais un peu chaque jour (oui, je mettais de la crème solaire, mais pas assez souvent, et parfois un peu trop tard);

- Boisson à tous les jours, jamais assez pour me rendre malade, mais assez pour me déshydrater graduellement;

- Beaucoup d'activité physique, j'avais énormément sué en visitant Frankfurt (il faisait chaud), et en faisant du sport pendant la formation;

- Très peu d'eau, je n'en avais pas du tout assez bu considérant tout le reste.

Ce n'était pas la première fois que je commettais ces erreurs, mais c'était la première fois que je les combinais toutes ensembles. En voyageant, je ne m'hydrate pas toujours bien et j'attrape des coups de soleil, mais je bois normalement très peu d'alcool. Quand je bois beaucoup, c'est normalement à la maison, après une quantité modérée d'exercice et d'exposition au soleil.

Bref, je me suis couchée vers 3h du matin, lorsque j'étais enfin certaine que le mal était passé.

J'avais peur de réveiller Jo, avec mes va-et-vient pendant la nuit. (Car quand le mal a passé, c'est la phase pisse-minute qui a débuté.) Mais vers 3h15, elle s'est levée. Je lui ai demandé si tout allait bien, et elle m'a demandé si elle m'avait réveillée. (haha, as if) Je lui ai dit que je ne dormais pas encore, et elle s'est exclamée qu'elle non plus. Trop nerveuse, apparemment.

Nous avons parlé pendant une vingtaine de minutes. De nos craintes, de nos inquiétudes. Mon âge "avancé" s'est révélé utile. À 21 ans, Jo faisait face à une de ses premières expériences du genre. Je lui ai parlé de comment j'avais surmonté certaines insécurités, et comment mes expériences les plus difficiles s'étaient révélées les plus importantes.

Nous nous sommes endormies un peu avant 4h.

Moi: "In the past few months, I was working at a Tim Hortons, and..."

Jo: "Wait, what is that?"

Moi: "Oh, it's a Canadian chain. I guess it's kind of like, if McDonald's and Starbucks had a baby."

Jo: "... I am really struggling to imagine that."

Moi: "It's a café, it serves a lot of doughnuts and pastries, but then it also serves fast meals, and it has drive thru."

Jo: "Oh, ok. Interesting."

Moi: "It's also the Big Canadian Pride, so don't diss it in front of a Canadian."

Jo: "... Noted."

Samedi 21 juillet

Nous avons passé au travers de la section "sports" de nos cahiers d'activité. Ce qui veut dire que nous avons joué à TOUS. LES. SPORTS. Un après l'autre. Le tout, entrecoupé de chansons à répondre et de quelques jeux à peine plus tranquilles.

Disons que, depuis l'école secondaire, je ne fais plus vraiment ça, du sport. Et pour vous mettre en contexte: j'ai eu mes retrouvailles de 10 ans depuis le secondaire récemment. Mon corps l'a trouvé dure, la journée. (MAIS, j'ai gardé ma bouteille d'eau près à tout moment, et je l'ai calée deux fois au moins. Mon système était de retour à la normale.)

À la fin de la journée, Jo a présenté la chanson qui lui était assignée et, après une journée de distractions, elle ne se souvenait plus très bien des paroles ou même de l'air. Elle a bloqué plusieurs fois, ça n'a pas bien été, et je voyais qu'elle ne le prenait pas très bien. Pourtant, toutes les autres chansons de la journée avaient été plutôt moches, pour les mêmes raisons, et certains sports avaient aussi été bof, car parfois, on devait présenter un sport dont on n'avait jamais entendu parler. Elle n'avait pas été la pire de la journée, mais elle se mettait beaucoup de pression sur les épaules.

En soirée, les émotions ont éclaté. Nous nous sommes réfugiées dans notre dortoir et elle a laissé le méchant sortir. En larmes, elle voulait rentrer chez elle. La formation était très dure, et elle se sentait humiliée de faire des erreurs devant des personnes autrement si confiantes, et plus expérimentées qu'elle. Anne-Marie est venue lui parler de son expérience, d'à quelle point la formation avait mal été pour elle aussi la première fois, et malgré tout, sept ans plus tard, elle était encore là, cette fois en tant que formatrice. J'ai pris le relais ensuite, je lui ai parlé de mes moments difficiles à Toronto, au Portugal, et ailleurs. Comment ces moments, quand on est dedans, paraissent insurmontables. Mais qu'après, ce sont ces moments qui nous développent le plus.

Et puis, sa personnalité allait tellement bien marcher avec les enfants. Présenter devant des adultes, ce n'est que pendant la formation. Un dur moment à passer, et puis après, le fun commence. Les enfants, ils ne remarquent pas si tu fais une erreur. (Enfin, la plupart du temps.)

Quand nous sommes redescendues pour le barbeque qui avait lieu chez Andrea, la plupart des autres moniteurs étaient arrivés. Nous avons pris une bière, et avons commencé à manger peu après. Jo se mixait avec les autres, et semblait aller beaucoup mieux. Ça m'a soulagée. Je n'aurais pas voulu la voir abandonner avant d'avoir vu à quel point elle réussit bien avec les enfants.

Le barbeque était évidemment fort en viandes. J'étais assise devant Cameron, aussi Canadien, et reconnu pour ses muscles. Il s'entraîne à tous les jours, et en conséquent, il mange beaucoup. Beau-coup. Les plats de service faisaient le tour de la table... et revenaient finir leur tournée devant nous, pour que Cameron les termine.

(Spoiler: il a tout mangé.)

La soirée s'est terminée autour du feu. Zach (Angleterre) jouait du Ukulele, pendant que Tobi, l'époux d'Andrea, jouait de la guitare. Jo à ma gauche, Gold (États-Unis) à ma droite, nous avons chanté jusqu'à ce que les familles d'accueil viennent graduellement chercher les moniteurs.

Nous nous sommes couchés vers minuit.

Pas de vomi. J'ai dormi comme une bûche jusqu'à 8h le lendemain matin.

Dimanche 22 juillet

Une autre grosse journée de formation: jeux, chansons, sports. J'ai présenté un jeu en français, pour me préparer à l'éventualité de travailler avec un groupe d'immersion française. Ça s'est révélé une bonne pratique en général, car quand on présente en anglais, tout le monde comprend, et il faut faire semblant que les autres ont un niveau plus bas. En français, personne ne comprend, à part Charlyne (France) et Matilde (Suisse), les deux autres francophones. Alors pas le choix de choisir ses mots intelligemment, et utiliser les supports visuels.

Tout le monde a compris mon jeu malgré la barrière de la langue, j'en étais plutôt fière.

À la fin de la journée, nous avons été placés en équipes de deux. Pour les trois prochains jours, nous allions travailler avec des groupes d'enfants, pour mettre en pratique ce que nous avions appris. Chaque paire avait un groupe, qu'il fallait occuper de 8h à midi, pendant 3 jours. Et l'après-midi, nous serions en formation de nouveau.

Jo et moi allions être ensemble. Nous avons créé notre plan et l'avons fait approuver par Anne-Marie, et puis ce fut l'heure de rentrer dans notre famille d'accueil, qui était maintenant revenue d'Autriche.

Emilia, la troisième fille mystère, était aussi de retour d'Angleterre. Nous sommes allés manger dans un restaurant italien tous ensemble. Jo et moi étions brûlées, alors le social n'était pas à son meilleur, mais nous avons bien mangé. À la maison, nous avons discuté des derniers détails de l'horaire du lendemain, puis nous nous sommes couchées pas trop tard, pour être en forme.

Lundi 23 juillet

6h40, l'alarme qui sonne.

Déjeuner à 7h, arrivée à l'école à 7h30. Il fallait être prêtes à accueillir les enfants à 7h55.

Jo a accueilli les enfants dans l'entrée, et je les ai attendus dans la classe. Marisa (Canada) et Zach (Angleterre) avions la même responsabilité, et nos classes étaient en face les unes des autres.  Nous avons passé de longues minutes à piétiner dans le couloir. À chaque trois minutes, Zach s'exclamait, "Merde, j'aurais eu le temps d'aller aux toilettes si j'y étais allé la dernière fois que j'ai dit ça."

Finalement, les enfants sont arrivés, et ça a commencé.

Le matin a passé assez rapidement. Les enfants n'étaient pas toujours très attentifs, mais à deux, ça allait bien pour les gérer. Pendant que l'une de nous présentait une activité, l'autre jouait le rôle du berger allemand, et gardait toutes les brebis en place et (plutôt) attentives. Certains jeux n'ont pas bien fonctionné, on a vu ce qui marchait bien avec ce groupe d'âge, et ce qui marchait moins bien.

Après la première pause, nous sommes allés au gymnase pour faire du sport. Nous avons vite réalisé que les pauses n'aidaient pas du tout avec la concentration, nous avons eu beaucoup de mal à expliquer le jeu "Cops and Robbers", les enfants couraient partout et s'énervaient s'ils n'étaient pas en équipe avec leurs amis. Quand ils ont enfin commencé à comprendre le jeu, notre plage horaire dans le gymnase était terminée.

Le reste de la journée n'a pas été trop mal. Les enfants étaient un peu fatigués par le sport, on a réussi à terminer nos activités. À la fin de la matinée, il fallait commencer à introduire l'idée de monter une pièce de théâtre pour mercredi. C'était un peu difficile, avec leur niveau d'anglais (et d'attention). J'ai présenté une activité qui les a aidés à trouver un sujet: ils devaient trouver une nouvelle utilité à un objet normal; par exemple, un cône est devenu un cornet de crème glacée et un rouleau de papier collant est devenu un bracelet magique. Mais au-delà de ça, ça bloquait un peu. On a terminé là-dessus.

Anne-Marie, Tito et Andrea sont venus assister à nos activités de temps en temps, ils ont fait le tour des classes. Le feedback que nous avons reçu était plutôt positif, mais nous avons aussi reçu des conseils pour nous améliorer le lendemain. Nous étions plutôt fières d'avoir survécu à notre premier matin.

L'après-midi a été un peu difficile, nous étions tous fatigués, et il fallait à nouveau présenter des jeux, des chansons, etc.

À la fin de la journée, alors qu'il fallait planifier la prochaine journée, Jo est venue près de moi, et m'a dit qu'elle avait décidé de rentrer à la maison, en Angleterre. Elle avait vécu beaucoup d'insécurités dans les derniers jours, mais en bout de ligne, elle avait réalisé que le rôle de monitrice de camp n'était pas pour elle. C'était beaucoup d'anxiété, elle avait l'impression de devoir jouer le rôle de quelqu'un qu'elle n'était pas.

J'aurais été déçue de la voir partir parce qu'elle ne se sentait pas capable d'être bonne, car je savais qu'elle le pouvait (elle avait super bien fait ça avec les enfants, en matinée), mais finalement, elle partait parce qu'elle ne se sentait pas bien dans ce rôle, ce n'était pas pour elle. Elle était en paix avec sa décision, et ça me suffisait pour la soutenir. Elle avait beaucoup appris dans les derniers jours, et maintenant, elle se connaissait un peu mieux.

Elle a rencontré Anne-Marie et Andrea. Puis, elle est venue m'aider à planifier la journée du lendemain, et nous sommes rentrées chez notre famille d'accueil.

Après le souper, j'ai joué à Clue avec Emilia et Matthias, pendant que Jo parlait au téléphone avec sa mère. Puis, lorsqu'elle eût terminé d'aviser sa famille, elle est venue prendre un verre avec Matthias et moi.

Pendant ce temps, je me préparais mentalement à gérer mon groupe toute seule le lendemain.

Mardi 23 juillet

6h40AM. Je me suis levée, j'ai laissé Jo dormir.

Déjeuner à 7h.

À l'école à 7h30.

Avec les enfants à 7h55.

Ma stratégie était de les emmener dehors tout de suite en partant, pour les épuiser un peu, et ensuite leur faire faire des activités plus calmes. Ça a marché pour la première partie de la matinée. J'ai seulement commencé à avoir du mal 10 minutes avant la pause. Normalement, il ne faut pas refaire les mêmes jeux, mais j'ai finalement cédé à re-jouer un jeu de la veille, car il restait 10 minutes avant la pause, et ils ne m'écoutaient plus. Je me disais qu'après la pause, ils seraient plus attentifs de nouveau.

Pendant la pause, Andrea est venue me demander comment ça allait. Je lui ai dit que j'avais un peu de mal, mais qu'en général, j'avais le contrôle. Elle m'a dit qu'elle ne s'inquiétait pas, ça allait bien.

Après la pause: le chaos. Je croyais que la pause leur permettrait de bouger, et de se remettre les idées en place. Ils sont revenus plus fous que jamais. Impossible de les rassembler pour faire un jeu. J'ai passé cinq minutes à tenter de les ramener, en vain. Finalement, je me suis tournée vers Tito, qui prenait des notes dans le coin de la pièce, et je lui ai murmuré que je ne savais plus quoi faire.

J'ai eu besoin d'aide pour le reste de la journée.

En analysant les événements par après, j'en suis venue à un peu mieux comprendre pourquoi ça avait été si difficile. La veille, certes, les enfants étaient un peu fous, mais jamais n'avions-nous perdu le contrôle. C'est vrai que, à deux, on s'aidait beaucoup à garder l'ordre pendant que l'autre expliquait une activité. Mais à ce point?

L'élément déclencheur a été une petite fille, qui avait été si douce et tranquille la veille. Je l'avais beaucoup aimée. Elle me paraissait timide et sans malice.

Mais en ce deuxième jour, les apparences se sont révélées trompeuses, et Bambi s'est transformé en chasseur.

Ça a commencé tôt le matin, alors que nous étions dehors. J'avais de la craie pour délimiter l'espace sur l'asphalte lors de certains jeux, et mademoiselle démon s'en est rapidement emparé pour écrire des phrases en allemand que je ne comprenais pas. C'est lorsque deux petites filles se sont mises à pleurer hystériquement que j'ai compris qu'elle écrivait des insultes à propos des autres.

J'ai confisqué la craie, jeté de l'eau sur les écritures, et j'ai ramené tout le monde en classe. 

Nous avons fait du bricolage. Elle a pris une balle de laine et des ciseaux parmi les matériaux, et n'a plus jamais voulu les rendre. C'était maintenant sa balle de laine, et ses ciseaux. 

Après la pause, je les ai emmenés au gymnase pour faire du sport avec le groupe de Matilde et Kelli. Rendu là, ils avaient déjà été des petits monstres pendant longtemps. Kelli était responsable d'expliquer le jeu. En arrivant, je n'ai pu que lui dire que je m'excusais d'avance pour mon groupe. Expliquer le jeu allait être un cauchemar. Elle a semblé surprise.

Elle a compris assez rapidement.

Mademoiselle Cruella avait encore ses ciseaux en mains, et refusait de me les donner. J'ai dû lui proposer un échange: je lui donnerais un petit drapeau rouge en échange des ciseaux. Miraculeusement, ça a marché.

Mais elle avait toujours la balle de laine. Quand Matilde a réussi à lui retirer des mains pour qu'elle joue, Mademoiselle Voldemort s'est mise à lui donner des coups.

Un peu plus tard, Matilde, horrifiée, m'a dit que Mademoiselle Joker avait tiré les cheveux d'une autre petite fille tellement fort qu'elle lui en avait arraché. Comme de fait, Mademoiselle Joffrey était dans un coin, en train de pleurnicher et de se désigner comme victime dans cette situation. Pendant ce temps, elle avait le point bien fermé, et des cheveux roux (elle n'a pas les cheveux roux) pendaient entre ses doigts.

Quand nous avons quitté le gymnase, Matilde et Kelli m'ont donné des petites tapes dans le dos, en guise d'encouragement. 

"Bonne chance."

Ce comportement de la part de Mademoiselle Jigsaw a créé un constant drame entre elle et deux autres petites filles. Combiné avec le comportement déjà indiscipliné de certains garçons, je perdais rapidement le contrôle de 70% de mon groupe. Les 3-4 enfants qui ne me causaient pas de problème et m'écoutaient étaient la minorité.

À la deuxième pause, je me suis retrouvée à éclater en sanglots devant Anne-Marie. Je ne me sentais pourtant ni triste, ni émotionnelle, mais après avoir été sur l'adrénaline pendant si longtemps, c'est comme si toute la tension sortait d'un seul coup, sans mon consentement.

Ça a pris 2 minutes, et j'ai repris le contrôle de mes émotions. Je suis revenue à la charge pour la dernière heure, et Tito est venu m'aider. Il fallait travailler sur les sketchs à présenter le lendemain, et je ne savais pas comment j'allais y arriver seule. Tito a pris la moitié du groupe, j'ai pris l'autre, et avec moins d'enfants, nous avons réussi à créer un sketch avec chaque moitié. Un vrai miracle.

Tout le monde a participé, sauf Mademoiselle Hannibal Lecter, qui a persisté à bouder. Tito a pratiquement tenté de la tirer à bout de bras vers son groupe. Nous avons finalement dû abandonner. Un peu plus tard, quand mon groupe avait terminé son sketch et que nous jouions à un petit jeu pour combler le temps, elle a voulu se joindre à nous, mais je lui ai dit non. Pas de sketch, pas de jeu. Désolée.

Une fois la matinée terminée, je suis allée m'écraser à une table pour le lunch, et j'ai mangé en presque silence. 

Brûlée. Brûlée.

Andrea, ayant sans doute su pour mon petit breakdown, m'a demandé comment ça allait. Je lui ai dit que ça allait, qu'avec l'aide de Tito, ça s'était replacé. Elle m'a demandé si je voulais qu'on change les équipes pour que j'aie quelqu'un le lendemain, mais ça ne me paraissait pas logique d'ainsi déplacer le problème sur les épaules de quelqu'un d'autre. Ayant un peu mieux compris la dynamique, j'allais faire de mon mieux le lendemain.

Tito semblait tout aussi éberlué par le comportement de mon groupe, ça m'a rassurée. Ce n'était pas un groupe normal.

Lorsque nous serions aux vrais camps, nous serions toujours seuls avec nos groupes, et pas en paires. J'avais donc maintenant de la pratique.

Wooh.

Le reste de la journée a bien été. Après le matin que j'avais eu, plus rien ne pouvait m'affecter, tiens. 

En soirée, nous avions une soirée bavaroise avec les moniteurs et les familles d'accueil. Nous avons mangé du Leberkäse (traduit littéralement: fromage de foie. Mais en réalité, c'est une immense pièce de viande dont la texture ressemble un peu à du bon vieux SPAM américain. (En un peu meilleur, j'ose espérer.) Avec de la bière en masse, et quelques performances musicales et dansantes.

Matthias et moi sommes partis tôt, car nous allions reconduire Jo à l'aéroport. Nous partions juste comme Zach (Angleterre) s'apprêtait à essayer le tissu aérien.

Nous l'avons revu le lendemain matin en un seul morceau. Ça ne devait pas être si mal.

Nous avons reconduit Jo, ce fut les aurevoirs émouvants, mais rapides. Sur le chemin du retour, Matthias et moi nous sommes arrêtés au centre de Nürnberg pour visiter un peu, manger de la crème glacée, et puis finalement rentrer vers 23h.

Douche. Préparatifs pour le lendemain. Dodo.

Mercredi 25 juillet

La routine:

L'alarme sonne à 6h45. Déjeuner à 7h. À l'école à 7h30. Avec les enfants à 7h55.

Comme la veille, j'ai réussi à garder le contrôle jusqu'à la première pause, et puis ça a été le bordel après ça. Tito est venu m'aider à pratiquer les sketchs préparés la veille, et miracle, les enfants s'en rappelaient encore.

Le plus drôle dans tout ça, c'est que Mademoiselle Scar était sage aujourd'hui. Soudainement, les deux autres filles qu'elle martyrisait la veille étaient maintenant en chicane l'une contre l'autre, et Cruella était maintenant celle qui accourait au secours de la victime au besoin.

À n'y rien comprendre.

À 10h, Tito a dû aller assister aux présentations des autres groupes, et j'ai dû me démerder seule jusqu'à 11h30, heure à laquelle mon groupe rejoignait les groupes de Matilde et Kelli, ainsi que celui de Tevin, pour présenter une chanson et leurs sketchs.

J'ai survécu jusqu'à 11h30. Disons cela.

J'ai eu tout le mal du monde à faire sortir mon groupe tout ensemble de la classe pour aller rejoindre les autres. Mais du moment qu'ils ont mis le pied dans la nouvelle classe, entourés des autres enfants et, tada, leur enseignante, pif paf boum, ils sont devenus sages.

Ils ont participé dans la chanson, même si on ne faisait pas celle qu'ils voulaient (un autre groupe l'avait choisie), et ils ont présenté tous leurs sketchs, sans l'aide de script. (Ce que les autres groupes plus fins n'avaient pas réussi à faire!)

Après les présentations, j'ai ramené le groupe dans notre classe pour 15 dernières minutes, en espérant que le calme se maintienne.

Il ne s'est pas maintenu.

Le reste de la journée s'est déroulé sans embûches. Vraiment, après ces trois matinées, présenter des jeux ou des chansons devant les autres moniteurs n'apportaient plus la moindre angoisse. Je n'en avais plus à donner.

Pour célébrer la fin des trois jours de pratique avec les groupes d'enfants, nous sommes allés manger et boire dans un Biergarten (Beer Garden, jardin de la bière, si on veut). Le service était moche (ils ont oublié mon cheeseburger deux fois, j'ai dévoré la moitié du plat de Charlyne avant d'avoir mon plat à moi; j'ai aussi eu du mal à payer ma facture à la fin, le serveur fuyait constamment, j'ai dû aller le chercher à l'intérieur du restaurant pour pouvoir quitter), mais ça a fait du bien malgré tout.

Vers 22h, Matthias est venu me chercher. Il m'a proposé de rejoindre lui et Sabine dehors pour une bière, mais je suis plutôt allée m'écrouler au lit. J'ai dormi comme une bûche.

Jeudi 26 juillet

La journée commençait à 9h: une vraie grasse matinée!

La plupart sont toutefois arrivés en retard. La bière allemande avait fessé fort, la veille!

Sans enfants, la journée s'est déroulée tranquillement, à pratiquer différents jeux et sports. À la fin de la journée, nous avons reçu les détails de notre première semaine de travail.

J'allais être au camp de Vorra, un camp 24h (où les enfants passent la nuit). Ce n'était pas une grande surprise, puisque c'est un camp bilingue (anglais et français) et ils avaient donc besoin de tous leurs francophones: Charlyne (France), Matilde (Suisse) et moi.

Johannah (Canada) et Henry (Angleterre) faisaient aussi partie de l'équipe pour les groupes en anglais. Et puisqu'il nous manquait maintenant un moniteur, Tito se joignait à Matilde comme moniteur de nuit.

Les autres étaient dispersés parmi les camps restants à Nürnberg, Neumarkt et Ensdorf.

Nous avons terminé la journée tôt, vers 17h. Une agréable surprise, après toutes ces longues journées. J'ai texté Matthias pour qu'il vienne me chercher, et il est arrivé quelques minutes plus tard... sur son quatre-roues.

Ah bah oui, pourquoi pas.

Matthias: "I hope you don't mind if I have a few errands to run before we head home."

Me: "Sure, that's fine."

Je ne m'attendais pas à faire le tour de la ville en quatre-roues, pour aller d'un magasin à l'autre. Une fois à la maison, j'étais bien raquée dans tous mes muscles qui étaient demeurés contractés tout le temps du trajet.

Malgré tout, c'était étrangement l'fun.

Pendant que Matthias magasinait du vin au magasin de son ami Gunther, nous avions vu Johannah se promener dehors. Je suis allée lui faire signe, et elle a pris une pause dans sa séance de photographies extérieures pour venir goûter du vin avec nous.

En soirée, nous avons mangé en famille dehors. Nous avions d'abord voulu aller manger dans un Biergarten, mais nous étions finalement tous fatigués. Nous sommes allés chercher des döner, et les avons mangés à la maison.

Une belle soirée tranquille, enfin.

Vendredi 27 juillet

Nous étions de plus en plus gâtés: la journée commençait à 10h.

J'ai toutefois été réveillée à 8:50 par Sabine, qui est venue m'avertir qu'elle quittait, et puisque Matthias était aussi parti en rendez-vous d'affaires, personne ne pouvait me reconduire. J'allais devoir marcher, ce qui n'était pas un problème, vu que je pouvais télécharger la carte sur Google Maps avant de partir.

(Heureusement, car à plusieurs reprises j'ai passé près de me tromper de chemin. Même dans une petite ville, mon sens de l'orientation est mis à l'épreuve.)

En cette dernière journée de formation, l'horaire de la journée était relax:

1. Planification de notre première semaine de travail;

2. Revue des principaux points en secourisme;

3. Surprise.

La surprise s'est révélée être en trois parties, que nous avons découvertes graduellement dans le courant de l'après-midi et de la soirée.

Ils nous ont emmené jouer au golf d'abord. Nous pouvions choisir entre le football-golf (où il fallait botter un ballon dans des anneaux), le swin-golf (qui ressemble beaucoup au golf normal, mais le bâton est différent), et le mini-golf. J'ai fait le swin-golf. J'étais nulle, mais mes partenaires de jeu aussi (Andrea la boss, et Kelli des États-Unis). Nos scores étaient plutôt similaires à la fin.

(Je dis ça parce que c'est moi qui ai perdu, bien sûr.)

Ensuite, nous sommes allés manger (et boire) dans un Biergarten. J'ai goûté à une spécialité locale dont j'oublie le nom, mais qui était en fait une énorme pièce de viande avec un dumpling de patates. Typique. Mais aussi très bon.

Et finalement, nous sommes allés finir la soirée dans un festival baroque qui avait lieu dans un petit village. J'ai goûté à de la bière au miel, et j'ai marché le longs des petites rues avec différentes personnes, dont Marisa (Canada), qui a accepté de prendre quelques photos dramatiques de moi avec ma bière au miel.

En soirée, lorsque je suis rentrée à la maison, toute la famille était encore debout pour surveiller l'éclipse lunaire. On m'a évidemment proposé du vin, que je n'ai pas vraiment pu refuser, même en ayant déjà bu plusieurs bières dans la journée. Vin et chocolats ont compensé pour le fait que nous n'avons pas vu l'éclipse, qui devait être derrière la maison, j'imagine.

Oh well.

Samedi 28 juillet

Plusieurs allaient à Nürnberg pour fêter, mais j'étais plutôt d'humeur à me reposer. Je me suis levée à 9h, j'ai déjeuné avec la famille, et ensuite je suis allée prendre une marche jusqu'aux ruines d'un château en haut d'une colline, en compagnie d'Emilia, Anna-Maria, et bien sûr Seimar le chien.

Aucune d'entre nous n'était vraiment en forme (à part Seimar, ce vieux chien qui reprend généralement vie une fois en forêt).

J'avais apporté ma caméra Instax, qui produit des photos instantanées. Ça a fait fureur auprès des filles. Emilia s'est désignée comme notre photographe, et elle a pris plusieurs photos de Anna-Maria, Seimar et moi sur le site du château, et sur le chemin du retour. Nous avons terminé mon premier paquet de film, mais ce n'est pas grave, c'est pour ça que je l'ai emmenée: non pas parce que ça prend des photos de qualité (pas du tout), mais parce que ça pogne avec les enfants et jeunes ados.

Quand j'aurai du mal à connecter avec mes groupes, ce sera mon arme ultime.

Pendant notre marche, je parlais à Emilia de la frousse que nous avions eu pendant la formation de secourisme, lorsqu'on nous avait dit qu'il y avait beaucoup de tiques en Bavière, et qu'il était donc très probable que nous ayons à gérer un enfant avec une tique pendant notre travail. (Ou, qui sait, une tique sur nous-même, pourquoi pas.)

Emilia n'a pas parue très impressionnée, et elle a pris soin de mentionner sur le chemin du retour: "Oh, dans ce champ-là, il y a beaucoup de tiques, justement."

Ah, ce champ à deux mètres de nous? Celui-là? 

Haha.

Ha.

Une fois à la maison, Emilia flattait Seimar, et a finalement constaté "Ah tiens, Seimar a une tique justement."

Jamais ne m'aura-t-on vue inspecter mon corps aussi attentivement ce soir-là. Et jamais mes grains de beauté m'ont-ils tant fait peur.

Le reste de la journée a été tranquille: baignade, lecture, préparation pour la semaine à venir.

En soirée, les voisins organisaient un "street party". Ça sonnait wild, mais en fait, les voisins ont installé des tables, et c'était un peu comme un gros barbeque et potluck pour tous les résidents de la rue.

J'ai mangé beaucoup de viande, bien évidemment.

Ils m'ont laissée tranquille pendant que je mangeais, mais tout de suite après, je me suis retrouvée avec une bière devant moi, et rapidement après, deux shots. Le "peer pressure" était intense. Quand Emilia m'a proposée d'aller regarder un film à l'intérieur, je n'ai pas hésité une seconde pour fuir la menace imminente d'autres shots.

Les films que nous voulions voir n'étaient pas sur Amazon Prime, alors nous avons finalement choisi le premier du bord: Kiss and Kill, avec Ashton Kutcher et Katherine Heigl. Nous voulions l'écouter en anglais, mais les settings ne fonctionnaient pas. Alors allemand ce fut.

J'ai compris l'histoire. Pas du tout les dialogues (et plusieurs fois Emilia a dû m'expliquer pourquoi elle avait ri), mais l'histoire en général, ça allait. Pas extraordinaire comme film, mais ça m'a permis de pratiquer mon allemand un petit peu.

On a ensuite écouté un épisode de Teen Wolf (en anglais cette fois), puis je suis finalement allée me coucher vers minuit. Dès le lendemain, j'avais plein de petits trucs à faire, avant de partir pour le premier camp de l'été.

À suivre...

Rédigé par la-grande-fugue

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