Semaine Deux: Prise #2 à Vorra

Publié le 13 Août 2018

Semaine Deux: Prise #2 à Vorra

La deuxième semaine comportait un autre camp à Vorra, avec une nouvelle vague de jeunes. Henry et Johannah allaient travailler dans un camp différent pour cette deuxième semaine du contrat, mais les "frenchies" (Charlyne, Matilde, moi, et notre "frenchie adopté", Tito) restions à Vorra, cette fois pour un camp purement anglais. Matilde et moi, en plus de Harrison (Australie), qui nous rejoignais pour la semaine, prendrions en charge les groupes de jour. Tito et Charlyne feraient le soir.

Cette fois, c'est Matilde qui se tapperait les ados. Harrison avait les plus jeunes, et moi, le groupe du milieu, qui avait en moyenne 12 ans.

Ça s'annonçait un peu plus positif. (Pour moi, pas pour Matilde.)

(Hehe.)

(Oups.)

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Dimanche 5 août

Au réveil, tout le monde avait la face couverte de paillettes éparpillées. Oui, nous avions pris nos douches. Non, ça n'aidait pas vraiment.

La journée n'a pas été particulièrement productive. La majeure partie du temps a été investie à se battre avec les machines à laver, car nos chandails de moniteurs sentaient le dessous de bras bien mûr. Seule celle que Charlyne avait pris semblait fonctionner, alors on a patiemment attendu nos tours. Lorsque Charlyne a démarré la sécheuse pour sa brassée, le courant s'est arrêté, prenant ainsi en otage les vêtements de Matilde et moi dans la laveuse, puisqu'on ne peut l'ouvrir qu'avec un bouton... qui ne marche évidemment plus lorsque le courant s'éteint.

Leçon de la journée: ne pas utiliser la laveuse et la sécheuse en même temps.

Lorsque les employés du château sont arrivés en après-midi, ils ont réglé le problème. La laveuse a re-démarré, mais nous n'allions pas avoir de chandail propre à temps pour 17h. ("Heureusement," on s'en était gardé un sale chacune, au cas où... woohoo.)

À 14h, Andrea est venue déposer du matériel. Elle nous a fait un petit speech sur notre comportement dévergondé de vendredi soir (ce fameux "rave" que nous avions apparemment tenu). Puis elle est repartie avec Johannah et Henry, pour les reconduire à leur nouveau camp.

Harrison est arrivé peu après, par ses propres moyens. Il venait en train, puisqu'Andrea et Anne-Marie ne peuvent pas être partout en même temps.

Fidèle à lui-même, Harrison avait oublié la moitié de son matériel, et avait laissé tous ses chandails LEOlingo chez Andrea pendant la fin de semaine. (Qu'est-ce qu'on venait faire ici, déjà? Ah oui, travailler, c'est vrai.)

Tobi, le mari d'Andrea, venait plus tard pour se charger de l'accueil. Il en a profité pour apporter tout ce que Harrison avait oublié. Et nous rappeler que, notre grosse beuverie de vendredi soir, c'était pas fort. Le téléphone arabe se poursuivait.

À 15h30, les parents commençaient à arriver avec leurs enfants. J'ai vu passer quelques-uns de mes jeunes, et ils semblaient sages. (Mais lorsqu'ils sont seuls, c'est toujours difficile à évaluer. Ce sont des agents imprévisibles. Un mélange avec un mauvais ingrédient, et tout peut exploser.)

À 17h, nous avons fait nos jeux d'introduction jusqu'au souper, comme la semaine dernière. J'ai tout de suite vu qui seraient mes "fouteurs de trouble", mais déjà, ils me paraissaient plus faciles à gérer, plus dociles que les CCs de la semaine passée. La semaine s'annonçait plus facile.

Le programme du soir était un bingo humain (Trouve quelqu'un qui... a des broches; a des taches de rousseur; est végétarien; parle trois langues ou plus, etc), suivi d'une chasse au trésor (prends une selfie avec ton groupe devant telle ou telle chose, avec un moniteur, en épelant LEOlingo, etc.), et finalement d'une période dédiée à la création d'un drapeau de chambre (chaque chambre dessine sur une feuille de papier pour représenter les membres de leur chambre).

Pour une partie du bingo humain, Charlyne nous a envoyés nous cacher dans le jardin, pour que les jeunes viennent nous chercher et nous poser des questions. J'étais en sandales. À chaque fois, je réalise trop tard qu'il y a des tiques un peu partout dans la nature par ici, et que porter des flip-flops dans l'herbe, ce n'est pas l'idéal. Par chance, à ce jour, je n'en ai toujours pas trouvé sur ma propre personne. (Seul Chris, de mon groupe à la semaine 1, en avait eu une. Il s'était jeté dans les buissons à quelques reprises pendant les jeux du soir, il avait donc pas mal augmenté ses chances. Nous, dans la vingtaine, étions moins portés à se rouler dans l'herbe.)

Lors de la création des drapeaux, un groupe de garçons foutait un peu le trouble en criant et faisant n'importe quoi. Épuisé après une vingtaine de minutes près d'eux, Tito s'était retourné vers moi.

"Are these yours?"

"Oh ya."

"... I'm so sorry. I don't know how you just keep getting them."

Mais malgré l'overdose d'énergie, je me sentais plus confiante avec ces jeunes-là que ceux de la semaine dernière. Ils étaient épuisants, mais au moins, pas haineux. Ils me videraient de mon énergie, mais ne seraient pas une influence négative sur tout le monde.

Ceci dit, le nombre de garçons turbulents était... cinq.

Qu'y a-t-il avec le chiffre cinq?

En soirée, c'est le groupe de Matilde qui a donné du trouble à Tito et Charlyne lors de la collecte des téléphones. Et même après, car ils essayaient de quitter leurs dortoirs pour s'infiltrer dans les chambres du sexe opposé. (Tiens, on avait pas connu ça, la semaine dernière. Yay pour la nouveauté.)

Matilde était déjà épuisée.

J'avais de la compassion.

Mais aussi du soulagement.

Ouf.

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Caroline: "Did someone see my beer? I thought I had one leftover from Friday."

Tito, Matilde, Charlyne: "Oh, yeah, we drank that. Sorry."

Caroline: "Oh. Cool, ok."

Lundi 6 août

La dynamique du groupe allait très bien, j'avais enfin un groupe parfait.

Enfin, jusqu'à la première pause. Après quoi je les ai divisés en deux équipes pour la semaine, et je les ai faits travailler (en équipe) sur leurs drapeaux d'équipe. Les filles étaient méticuleuses, au point de refuser l'aide des garçons, qui risquaient de ruiner leur oeuvre d'art. Les garçons déconnaient. Un garçon en particulier faisait du face-planting sur le divan, pendant que les autres couraient un peu partout et se succédaient à aller aux toilettes comme s'il s'agissait d'une course à relais qui se poursuit à l'infini.

C'est évidemment à ce moment précis qu'Andrea est repassée faire un tour, pour déposer du matériel, et prendre quelques photos. Situation idéale: ma boss venait de me voir perdre le contrôle de mon groupe. J'ai repris le contrôle peu après son départ.

(J'ai finalement réalisé que j'aurais à toujours avoir avec moi des feuilles d'exercices supplémentaires à donner à mes garçons lorsqu'ils ne voudraient pas travailler sur l'activité principale. Ça les garde occupés.)

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Andrea: "You have glitter in your hair."

Caroline: "Yeah, I know."

Andrea: "Ok. Had fun this weekend?"

Caroline: "Yup."

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En après-midi, j'ai remarqué qu'un de mes garçons, le plus timide, ne connectait pas du tout avec son équipe. Pour les équipes, j'avais séparé tous les amis, afin qu'ils se lient d'amitié avec les autres (ils pourraient être avec leurs amis lors de toutes les autres activités où ils n'avaient pas à être dans leurs équipes choisies par ma propre personne). Ça avait bien marché pour tout le monde. Sauf lui.

Son ami, Matt, connectait bien avec son équipe. Mais pour ce garçon, Adam, ça n'allait pas.

Pendant qu'ils travaillaient en équipe pour créer une histoire pour leur pièce de théâtre, il s'est subitement fâché et est allé s'asseoir dans un coin. Je suis allé le voir, il m'a dit que son équipe le détestait. Ne parlant pas l'allemand, je ne pouvais pas vraiment dire si c'était vrai ou non, je n'avais pas pu écouter les conversations qu'il avait eues avec les autres, mais ça me paraissait un peu soudain comme verdict.

En parlant avec son équipe, j'ai éventuellement réussi à le réintégrer, en avertissant tout le monde qu'il fallait prendre le temps d'écouter les idées de tout le monde. Son équipe était très animée, ils parlaient beaucoup, et ne l'entendaient probablement pas quand il proposait une idée, avec sa petite voix douce.

Je me suis demandée si je devrais changer les équipes pour qu'il soit avec son ami, mais en discutant avec Matilde ce soir-là, j'en suis venue à la conclusion que ça n'aiderait peut-être pas. Peut-être utiliserait-il son ami comme bouclier, et comme distraction pour ne pas faire les activités.

J'attendrais, le temps de voir comment ça allait dans les prochains jours. J'aviserais.

En fin d'après-midi, tous les groupes se sont rejoints dehors pour une activité menée par Harrison: un "fashion show" avec du papier journal.

Sa soeur est mannequin à New York. Il leur a dit que sa soeur l'avait appelé, et elle avait besoin d'un nouveau design, pour un fashion show important. Il avait besoin de leur aide.

En équipes, ils devaient créer un design, puis l'exécuter avec du papier journal (et des branches ou feuilles trouvées par terre). Ça nous a fait terminer un peu tard (à 17h, alors que nous n'avions pas eu le temps de faire notre vocabulaire de la journée, ou même de faire notre cercle d'après-midi pour clore la journée), mais ça a été très drôle. Un de mes garçons plus turbulents s'est porté volontaire pour être le mannequin de son équipe, et il a gagné la compétition.

Comme quoi, certains de mes garçons déconnaient pas mal, mais lorsque quelque chose venait les intéresser, ils embarquaient.

J'allais y arriver.

En fin de journée, nous parlions entre moniteurs de la journée du lendemain. C'était la journée dédiée au canot et à l'exploration de grotte. Matilde et moi ferions du canot, vu que nous avions fait la grotte la semaine précédente. Tito et Charlyne prévoyaient prendre la journée off, puisque les moniteurs de soir ne sont pas obligés de participer à ces activités. Ça laissait donc Harrison seul pour la grotte. C'était correct, puisque nous avions plus de jeunes qui faisaient du canot de toute façon. C'était raisonnable d'avoir deux moniteurs pour le canot, et un pour la grotte.

Harrison, charmeur, a quand même réussi à convaincre Charlyne de venir avec lui. Il a ce talent: convaincre les autres de l'aider. Et faire du travail supplémentaire. (Heureusement, il demeure un personnage très comique et agréable. Pas le meilleur pour planifier et organiser, mais bon pour improviser et se lier d'amitié à tout le monde.) En échange, il devait gérer sa salle de repas seul mercredi, car Charlyne s'était prévue une sortie à Nürnberg pendant la journée.

On lui a aussi appris que ses flip-flops ne feraient pas l'affaire dans la grotte. (Huit degrés, Harrison, HUIT degrés!) Il a répliqué que c'étaient ses seuls souliers. 

(Ses. seuls. souliers. Quel genre de personne ne possède que des flip-flops?)

(Un Australien, voilà qui.)

Tito allait lui prêter des souliers. Il ne lui resterait plus qu'à trouver des pantalons longs. Car évidemment, il n'avait que des shorts.

La semaine s'annonçait intéressante.

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Caroline: "Did someone see my Coke? I had some leftover from Friday."

Tito, Charlyne, Matilde: "..."

Caroline: "..."

Tito, Charlyne, Matilde: "Oops?"

Harrison et Chacha

Harrison et Chacha

Mardi 7 août 

On réveillait les jeunes à 7h, donc un peu plus tôt que d'habitude, afin qu'ils soient déjà prêts au déjeuner. Nous partions tout de suite après pour le canot.

(Ou à tout le moins, Charlyne, monitrice de soir pour la semaine, les réveillait. Moi, je pouvais encore rouler en bas du lit à 7h45, juste le temps de m'habiller, prendre mon sac, et aller déjeuner.)

Grâce à la ponctualité allemande, nous avons réussi à quitter les lieux à temps. Le groupe de la grotte est parti en bus, et notre deuxième moitié est partie à pied, pour nous rendre jusqu'au point de départ, au bord de la rivière.

Trois personnes par canot: Matilde, moi-même, et les deux instructeurs avons chacun rejoint un canot qui n'avait que deux jeunes. Je me suis retrouvée avec deux filles du groupe de Harrison: Hanni et Ruby. Ensemble, nous formions un trio absolument pourri en canot. Nous avons heurté tous les angles de la rive, toutes les branches, tous les nuages de moustiques possibles. Nous avons terminé le parcours en dernier.

Mais nous avons aussi eu beaucoup de plaisir. Ça a été une belle journée, en bonne compagnie.

Même si elle a été pleine de rappels de mon âge qui avance.

Hanni et Ruby, elles sont nées en 2007.

Puisque nous n'arrivions pas à éviter les arbres, je me suis souvent retrouvée à devoir lentement me pencher vers l'arrière, jusqu'à en être presque couchée sur le dos, le temps de laisser les branches passer au-dessus de moi. À chaque fois, je m'exprimais joyeusement, "Matrix!"

Les filles n'ont jamais réagi.

Moi: "Girls, do you know the movie The Matrix?"

Elles: "Uuh..."

Moi: "You know, the movie where life as you know it is actually a virtual simulation, and the machines have taken over the world?"

Hanni, le visage s'allumant soudain: "Ooh!"

Moi, pleine d'espoir: "You know it?"

Hanni: "... Oh wait, no I don't. I was thinking of something else."

Moi: "Really? Keanu Reeves? The scene where he ducks backwards in slow-motion to avoid the bullets? A classic? Nothing?"

Elles: "..."

Moi: "... God I am old."

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À la pause dîner, les garçons sautaient dans l'eau à partir d'une branche. En vérifiant avec les instructeurs, Matilde a appris de ces derniers que c'était en théorie pas trop dangereux, mais si quelque chose se passait, ils n'étaient pas responsables.

Ah?

Tout semblait bien aller, alors après un temps, Matilde s'est laissée convaincre par les garçons de sauter une fois.

Tous les garçons ont sauté au moins sept à dix fois, sans problème.

Matilde a sauté une fois, et s'est automatiquement coupé le dessous des orteils sur les roches au fond de l'eau.

Eh ben super.

Matilde, le pied en sang: "Maintenant, à ton tour, Caroline!"

Caroline: "Oh, qu'est-ce que j'entends? Les instructeurs qui nous disent qu'il faut repartir? Ooooh, quel dommage!"

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Nous avons atteint la fin du parcours à 13h30. Après avoir sorti les canots de l'eau et les avoir nettoyés, les instructeurs nous ont informés que nous étions arrivés un peu plus tôt que prévu. Le bus qui venait nous chercher allait arriver... à 15h30.

Un peu paniquées, Matilde et moi n'avions pas prévu d'activités de backup, du genre qui se fait bien dans un champ au milieu de nulle part, sans matériel.

Mais finalement, les jeunes se baignaient, ou se reposaient au soleil, et ne semblaient pas en peine. Nous les avons laissés profiter de leur temps libre le temps que le bus arrive enfin, vers 15h.

Au retour, nous ne leur avons pas laissé le temps d'aller se changer ou se laver. Je savais maintenant, grâce à la semaine précédente, que si on leur donnait plus que 5 minutes, ils ne reviendraient pas.

Nous sommes allés directement en classe, nous avons revu notre vocabulaire de la veille et pour la journée, puis je leur ai fait rédiger un petit texte de carte postale pour leur dossier créatif, que l'on remet aux parents à la fin. Comme la semaine dernière, ça a été un flop, car personne n'avait plus envie de faire quoi que ce soit. Je les ai forcés à travailler un petit peu, puis je les ai laissés partir à 16h40, vingt minutes plus tôt, pour qu'ils aillent se laver et se reposer avant le souper à 18h.

En soirée, le programme était tranquille: d'abord un film (She's the Man), puis une petite partie de Granny's Candy, et c'était tout.

Cette fois, Tito jouait le rôle de Granny, pendant que Matilde, Harrison et moi étions les oompa loompa. Devant se trouver un costume de dernière minute, Tito s'est enveloppé de couvertures, s'est placé un coussin où le derrière, et des ballons où la poitrine. À cela s'ajoutait une voix stridente, et la performance était impeccable.

Nous avions notre mot-clé: lorsque nous entendions Tito dire "You look lovely" à l'une des enfants, nous devions entrer sur scène et voler les bonbons (encore une fois représentés par des petits ballons).

Notre performance devait être exceptionnelle, car au moment de m'enfuir avec un sac, un garçon de mon groupe s'est lancé sur mon chemin, a agrippé mon sac, et ne m'a plus laissée partir.

Il a fallu que je me retourne et que je lui chuchote: "Maxi, ça fait partie du jeu. Il faut que tu me laisses partir."

Par chance, il n'a pas considéré la chose trop longtemps. Il a plissé les yeux, puis a laissé tomber le sac.

J'ai pu aller me cacher dans les buissons avant que les groupes ne partent en chasse des ballons.

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Dans mes groupes, j'aime voir des garçons et des filles briser les stéréotypes communs. Cette semaine, j'étais gâtée: j'avais une fille particulièrement sportive, qui se donnait à fond dans les sports, qu'il s'agisse de Captain Ball, Lacrosse, ou des variations de soccer que nous faisions parfois (pour faire changement du soccer normal, auquel ils jouent tous déjà dans leur quotidien).

D'un autre côté, j'avais un garçon artistique, qui a travaillé sur un projet de son dossier créatif pendant trois jours pour le perfectionner, et qui avait une obsession pour les licornes. (Il avait beaucoup contribué à l'idéation de son équipe pour leur pièce de théatre, qui racontait l'histoire d'une licorne, jouée par lui-même, dont la corne est volée par des méchantes sorcières, et un héro doit aller la retrouver pour lui, pour sauver la "fluffy forest" avant qu'elle ne meurt.)

J'aimais mon groupe de plus en plus.

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Tito: "There's a gift for you in the fridge, by the way."

Une bouteille de Coca-Cola, achetée par culpabilité par les autres.

J'ai écrit mon nom en feutre sur celle-là.

Mercredi 8 août

La situation avec Adam ne s'améliorait pas. Le matin s'était bien passé, nous avions joué à des petits jeux sans équipes, et ça avait bien fonctionné. Tout le monde avait eu l'air d'avoir du plaisir, y compris Adam.

En après-midi, nous avons joué à Lacrosse avec le groupe de Matilde, et à deux reprises il a jeté son bâton au sol pour aller pleurer sous un arbre, sous prétexte que son équipe le détestait. Ne parlant pas allemand, je n'étais pas vraiment en mesure de déterminer si c'était vrai. Si les autres lui offraient des méchancetés, je ne pouvais pas les comprendre. Mais je n'avais jusqu'à maintenant rien vu qui laissait sous-entendre de l'intimidation. Tout ce que je voyais, c'était Adam s'offusquer et quitter à intervalles régulières. 

Ne voulant toutefois pas assumer qu'il s'en faisait pour rien, je suis allée parler un peu à son équipe, qui m'a assurée qu'ils n'avaient pas de problème avec Adam, et qu'il pouvait revenir jouer dès qu'il était prêt. Après un peu d'encouragements de ma part, il est retourné jouer.

Jusqu'à ce qu'un autre joueur le heurte avec son épaule lors d'une précipitation vers la balle. Adam a répondu en frappant l'autre garçon avec son bâton.

J'ai sifflé, mais avant que je ne les atteigne, Adam était déjà retourné pleurer sous son arbre.

L'autre garçon, perplexe, m'assurait qu'il l'avait heurté par accident, et d'après ce que j'avais pu observer, ça semblait vrai.

Nous avons poursuivi le jeu. Adam n'est pas revenu jouer.

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Plus tard, j'ai voulu travailler sur les pièces de théâtre, mais juste comme nous allions nous y mettre, l'alarme d'incendie s'est déclenchée.

Nous avons donc passé les 45 minutes suivantes à tous attendre dehors. Nous avons vite appris que les travailleurs qui faisaient des rénovations dans le dortoir des garçons avaient utilisé une machine à vapeur qui avait déclenché l'alarme.

Graduellement, nous avons vu la situation s'empirer. Une deuxième, puis une troisième alarme qui sonne, de plus en plus fort. Les pompiers qui débarquent. Puis une ambulance. Puis les policiers.

L'un des jeunes du groupe de Matilde était le petit-fils d'un employé de l'établissement, alors nous l'avons mis au téléphone avec la responsable, qui ne parle pas anglais. (Surtout pour expliquer que ce n'était pas de notre faute. Prière de ne pas nous expulser.)

Pendant ce temps, les enfants trouvaient le tout très amusant.

"Best. camp. EVER!"

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En fin de journée, j'ai mené une séance de "Dragon's Den" pour tous les groupes du camp. Lundi, Harrison avait présenté un "Newspaper Fashion Show" pour tout le monde, alors c'était mon tour.

Tous les groupes se séparaient en leurs deux équipes, et je leur expliquais l'activité.

"Comme vous le savez, je suis très vieille. Vous vous rappelez j'ai quel âge?"

"27 ans!"

"Oui, 27 ans. C'est vieux, n'est-ce pas? Tellement vieux que, dans mon temps, les téléphones, ils ressemblaient à ça!" (Je leur montre mon cellulaire du travail, qui est un petit Nokia des années début 2000.) "Et maintenant, ils ressemblent à ça!" (Je leur montre mon iPhone.) "C'est différent, n'est-ce pas? Mais pour avoir des téléphones intelligents, il a fallu que des personnes les inventent, aient l'idée en premier. Par exemple, vous à droite, vous jouez à des jeux vidéos? Oui, bien sûr. Et vous, à gauche, vous utilisez un grille-pain pour vos rôties le matin? Mais oui, mais oui! Et au milieu, vous avez un ordinateur? Bien évidemment. Toutes ces choses que vous utilisez, il a fallu les inventer!

Alors voilà: j'ai trois amis. Ces trois amis, ils sont riches, ils ont beaucoup d'argent. Ils m'ont appelée ce matin et m'ont dit, 'Caroline, toutes ces inventions dont tu parles, l'ordinateur, le grille-pain, les jeux vidéos, c'est déjà vieux! C'est de l'histoire ancienne! Nous, on veut quelque chose de nouveau, la nouvelle technologie innovatrice! On veut la nouvelle idée géniale!

Mais on ne veut pas que ce soit toi, Caroline, qui y pense. Tu es bien trop vieille! On veut du sang neuf!' 

Alors j'ai dit: d'accord. Je vais demander à mes jeunes amis d'y penser!"

En équipes, ils devaient trouver un produit, lui donner un nom, penser au public cible, au prix, et à un slogan. Puis, avec des matériaux simples (carton, assiettes, pailles, papier collant, laine, etc.), ils devaient créer un prototype.

À la fin, ils venaient présenter leur produit aux "juges" (Charlyne, Tito et Matilde), ces fameuses riches personnes qui voulaient investir leur argent dans un nouveau produit révolutionnaire. Ils leur faisaient chacun une offre (en bonbons). L'équipe devait choisir l'offre qui lui plaisait le plus. (Celle avec le plus de bonbons bien sûr.)

Ça a été long et difficile, car ils parlaient tous en même temps. Ils étaient encore tous énervés par l'arrivée des pompiers et policiers. On a terminé beaucoup plus tard que prévu, mais les présentations avec les juges ont été drôles.

Adam, par contre, est allé s'asseoir dans un coin à un moment et y est resté. Matilde est allé le voir, puisque je n'avais pas la possibilité de le faire.

En soirée, j'ai décidé que j'allais essayer de changer les équipes le lendemain pour qu'il soit avec son ami Matt. Au moins, il ne serait plus seul. Il faudrait juste que je déplace Matt vers son équipe. Je leur en parlerais au déjeuner.

En soirée, épuisée, j'ai calé une bouteille de jus d'orange pétillant. Je commençais à devenir accro aux boissons pétillantes sucrées. À la fin d'une longue journée, faute de pouvoir prendre une bière, je buvais du sucre.

Ça n'aidait pas à dormir.

Ça, et le fait qu'il faisait trop chaud pour dormir la fenêtre fermée. Et donc les moustiques s'en donnaient à coeur joie. Les moustiques, et d'autres insectes volants et bruyants qui semblaient inoffensifs, mais faisaient un bruit incroyable en volant.

Il fallait être stratégique. Si je dormais en shorts, je devais me couvrir avec les couvertures, pour ne pas être piquée. Il était donc préférable de dormir en pantalons longs (mais minces), pour ne pas avoir à me couvrir, et donc avoir un peu moins chaud.

Je n'ai pas très bien dormi.

Jeudi 9 août 

En matinée, j'ai demandé à Adam s'il serait plus à l'aise si Matt était dans son équipe pour les deux derniers jours. Timide, il m'a dit que oui. J'ai donc dit que j'allais essayer de faire le changement.

C'est plus tard, après avoir commencé le programme de jour, au moment d'envoyer tout le monde dans leurs équipes, que j'ai approché Matt discrètement, pour lui demander s'il voulait rejoindre Adam dans l'autre équipe.

Sa réponse: non. Il aimait son équipe, il voulait rester. J'ai insisté un peu, lui disant qu'il serait avec Adam.

Non.

J'ai donc dû aller expliquer à Adam que Matt aimait bien l'histoire de son équipe pour la pièce, qu'il voulait continuer avec ça pour l'instant.

J'avais potentiellement empiré la situation. Le rejet qu'il percevait venait maintenant de son seul ami aussi.

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Pour rattraper le retard de la veille (avec les pompiers qui étaient venus pour rien), nous avons travaillé sur les pièces de théâtre. Les communications semblaient houleuses entre Adam et certains membres de son équipe, mais leurs idées avançaient bien. Je les ai aidés avec leur dialogue, et pour développer les événements de leur histoire.

L'autre équipe m'assurait qu'ils n'avaient pas besoin d'aide. Je les ai donc laissés développer leur histoire par eux-même. Mais du coin de l'oeil, je voyais que la moitié de leur équipe ne faisait rien à part distraire les autres, et ceux qui voulaient travailler avaient du mal à développer leurs idées.

J'ai proposé quelques fois, ils ont toujours décliné mon aide.

J'ai continué d'aider l'équipe d'Adam, qui me posait des questions.

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En fin d'avant-midi, nous avons organisé une rotation de sports. Je faisais une démonstration de cricket, Matilde de kickball, et Harrison de Dodgeball. Après 25 minutes, on échangeait nos groupes. Le cricket s'est révélé plaisant, pour une période de temps courte. La plupart connaissent déjà le baseball, alors ils comprenaient rapidement. Après 20-25 minutes, ils commençaient déjà à s'emmerder, alors c'était un bon moment pour switcher.

Le groupe de Matilde, le groupe d'ados amorphes (pas méchants, au moins, mais zombies pas mal), s'est révélé assez poche. Martin, le leader de la gang, qui en était à son 5e camp LEOlingo, qui parlait fort, et qui ne se prenait pas pour de la merde, agissait avec confiance, mais il n'a frappé qu'une balle, à la fin des 25 minutes. Il persistait à tenir le bâton comme si c'était du baseball, alors qu'au cricket, il faut le tenir bas.

C'était bien sûr à cause de ça qu'il ne réussissait pas à frapper la balle. Si je l'avais laissé tenir le bâton comme il voulait, là, il aurait été bon.

Bien sûr.

Charlie, la fille la plus amorphe et sans émotions du groupe, s'est révélée la meilleure. Lorsque c'était son tour, j'étais déjà moins attentive, personne n'avait frappé la balle encore. Je l'ai lancée, et Charlie l'a frappée du premier coup. C'est venu me cogner dans les côtes.

La bonne nouvelle: elle a eu des émotions, pour la première fois de la semaine. Toute mal, elle est venue s'excuser profusément. 

J'étais juste contente que quelqu'un frappe la balle.

Elle a frappé toutes les autres balles que je lui ai lancées, d'ailleurs.

Quand j'en ai parlé à Matilde plus tard, elle était surprise. Mais aussi soulagée de la savoir humaine, elle qui ne contribuait jamais rien au groupe, et répondait à toute question par: "Je ne sais pas."

"Eh ben. Il y a peut-être quelque chose à faire avec elle, finalement."

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À la fin de la journée, nous avons tenu notre compétition de théâtre, pour choisir les deux pièces de théâtre qui présenteraient au Happy-ning du lendemain.

Mon groupe (et plus précisément, l'équipe que j'avais aidée, avec l'histoire de la licorne) a gagné. J'en étais très fière.

L'autre équipe avait une bonne histoire, mais plusieurs aspects n'étaient pas clairs. Ils inséraient des personnages sans préalablement expliquer qui ils sont, et n'expliquaient pas tous les événements. Beaucoup de potentiel, mais exécution moins géniale.

Ceci dit, ça fait partie de leur apprentissage: parler fort, écrire une histoire cohérente, prendre en compte le point de vue du public, etc. Quand une équipe me demande de l'aide, je leur en donne, mais sinon, je me dis qu'ils apprennent de leurs erreurs, et c'est là une grande partie du processus.

Certains étaient déçus de ne pas avoir gagné, mais je vois ça comme une bonne chose. Parfois, les gagnants sont déçus de gagner (il faut présenter devant les parents maintenant!?), et les perdants sont contents. J'étais plutôt contente de voir l'inverse, de les voir s'intéresser au théâtre.

(Je m'étais quand même abstenue de leur préciser avant la compétition que les gagnants présenteraient devant les parents, par peur qu'ils botchent volontairement. Yay, vous avez gagné! Surprise: vous présentez maintenant devant les parents! Woohoo!)

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Moi: "I mean, I don't want to brag or anything, but so far, my group always wins the drama competition."

Les autres: "Okay, now."

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L'autre groupe gagnant était un groupe de Harrison. 

Mercredi, Charlyne était allée à Nürnberg pendant la journée pour aller voir une amie qu'elle n'avait pas vue depuis longtemps. Puisque Charlyne mangeait dans la même salle que le groupe de Harrison le midi, les filles de Harrison lui avait demandé où était Charlyne pendant la journée.

Harrison, fouteur de trouble, ne sachant pas vraiment ce qu'elle était allée faire, a répondu: "Chacha's on a date!"

Toutes excitées, les filles ont pris l'idée et ont créé une pièce de théâtre à ce sujet.

Quand Charlyne était revenue à la fin de la journée, mercredi, toutes les filles lui demandaient comme son rendez-vous galant s'était déroulé.

"... Quoi?"

Impossible de retirer l'idée de la tête des filles après ça.

Et puisque leur pièce a gagné la compétition, elle a aussi été présentée devant les parents.

(Spoiler alert: À la fin, Chacha ne revoit jamais le garçon de son rendez-vous, mais elle épouse Harrison. 

... L'imagination d'enfants de 12 ans.)

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Puisque nous étions dans une semaine anglaise, je ne m'étais pas présentée à mon groupe comme "Caroline" prononcé à la française, mais bien comme "Caroline" à l'anglaise (Carolaïne).

Toute la semaine, j'ai entendu hurlé derrière moi "CA-RO-LAÏÏÏNE!" "CAAROLAAAAAÏÏÏÏÏNE." Pas de répit. Je passais dans le couloir pendant le programme du soir avec Tito et Charlyne, et j'entendais "CAROLAÏÏÏÏNE."

Ça me hante encore, une semaine plus tard.

"CAROLAAAÏÏÏÏÏNE"

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Moi: "Mon interprétation de la situation avec Adam, c'est qu'il a eu un mauvais départ cette semaine. La première nuit, il est allé réveiller Tito pour lui dire que les garçons dans sa chambre parlaient trop fort. Tito est allé les avertir, et depuis, Adam a été pris en grippe par quelques-uns des garçons. Pas tous, mais un ou deux, juste assez pour l'isoler un peu du groupe. À cela s'ajoute le fait qu'il est très sensible. Le moindre commentaire, qu'il soit méchant ou non, est interprété comme de la haine. Le moindre accident, comme un coup d'épaule pendant une partie de lacrosse, est interprété comme de l'intimidation. Si son équipe n'écoute pas ses idées, il voit ça comme du rejet. Parfois c'est vrai, parfois non."

Charlyne: "Le pauvre petit. Il va avoir la vie dure, sans carapace, comme ça."

Moi: "Oui, l'adolescence va être rough pour lui. Mais s'il s'entoure de bons amis, ça ira peut-être. En attendant, n'ayant pas pu switcher Matt, je ne sais pas trop ce que je peux faire d'autre, à part aller le voir quand il s'isole."

Charlyne: "On peut pas tout faire."

Moi: "Non, on peut pas tout faire."

Vendredi 10 août

Cette semaine, nous avions beaucoup de jeunes qui avaient déjà participé à des camps LEOlingo par le passé. Ils connaissaient donc plusieurs jeux, et avaient certaines attentes.

Toute la semaine, ils ont demandé à jouer à Capture the Flag, un jeu où le terrain est divisé en deux, et chaque équipe doit tenter d'entrer dans la zone ennemie pour voler des drapeaux et les ramener dans leur zone sans se faire toucher par l'autre équipe.

Tous. les. jours.

Cinq. fois. par. jour.

"Can we play Capture the Flag?"

"Are we playing Capture the Flag today?"

"Can we play Capture the Flag after lunch?"

"What are we doing tonight? Capture the Flag?"

"We're going outside? Are we playing Capture the Flag now?"

"But whyyyyyy?"

Nous en avions tellement marre. Le vendredi matin, typiquement, nous organisons un jeu avec tous les groupes du camp. La semaine précédente, nous avions joué au jeu de la survie. Cette semaine, nous allions jouer à Capture the Flag. Ils allaient être contents.

Haha. C'est ce qu'on pensait.

Du moment qu'on a commencé à jouer, ils ont commencé à venir nous voir. 

"Can we play something else?"

"When is it over?"

À un moment: "Can we play the other Capture the flag?"

Moi: "What do you mean, the other capture the flag?"

Lui: "The one we played at night with Tito and Charlyne."

Moi: "...Oh, you mean that game that is NOT called capture the flag?"

Lui: "Yeah! Can we play that instead?"

Moi: "NO. You asked for capture the flag every day of the week. You will play capture the flag, AND YOU WILL LIKE IT DAMNIT."

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Martin, dans le groupe de Matilde, se voyait un peu comme le roi de LEOlingo. C'était son 5e camp, il connaissait très bien Tito et Anne-Marie, qui avaient été moniteurs dans ses camps précédents. Il savait comment ça marche.

Et en conséquent, il se croyait un peu tout permis.

Il n'était pas méchant, mais définitivement un peu trop confiant. Il parlait toujours en même temps que les moniteurs, ne comprenait pas du tout quand on lui disait d'arrêter (clairement, nous étions tous ses amis, ça devait être une blague, n'est-ce pas?). Il se croyait très drôle, et nous interrompait constamment pour lancer des petites blagues ici et là.

Nous avions tous un peu de mal avec lui. Lors du Dragon's Den que j'avais présenté mercredi, j'avais dû le discipliner souvent, car il était assis tout près des juges, et donc tout près des équipes qui présentaient. Il parlait en même temps, et manquait beaucoup de respect envers les équipes en les interrompant constamment. À un moment, il a fallu que je m'accroupisse devant lui, assez proche pour qu'il ne puisse pas m'ignorer, et que je lui demande, d'une voix très calme et posée, s'il se trouvait drôle. "Do you think you're being funny right now? Because you're not. You're very disrespectful to the others. Do you hear me? Do you hear what I'm saying?"

Marabou, il a détourné le regard et prétendu ne plus me voir. Bien que j'étais à quelque centimètres de son visage.

Il est resté tranquille.

Mais pas très longtemps.

Ce vendredi, pendant que nous jouions à Capture the flag, il a soudainement glissé, et est resté couché dans l'herbe longtemps. Il était dans la zone adverse, alors j'attendais qu'il se lève à tout moment pour crier "haha, c'est une blague!", voler un drapeau, et partir en courant.

Il s'est levé très doucement, l'air sérieux. Ça m'a pris une bonne dizaine de minutes avant de commencer à croire qu'il était sérieux.

Il a eu mal à la jambe (je pense? Il n'était pas clair sur ce qui lui faisait mal) tout le reste de la journée.

Je demeure sceptique, car sa "blessure" a fait qu'il n'a pas eu à participer à la plupart des activités lors du Happy-ning.

Ça me paraît un peu magique que, pour un garçon qui connait parfaitement le fonctionnement de LEOlingo, il s'adonne à se faire mal quelques heures avant le Happy-ning.

Mais bon.

Bénéfice du doute, on va dire.

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J'ai joué à quelques derniers jeux d'équipe avec mon groupe. Pendant le dîner, j'ai compté les points accumulés pendant les rallys de langue de la semaine, et mes Panthères ont gagné.

Évidemment, ils étaient tous prêts à s'obstiner. Les Mambas avaient reçu des points bonus car ils avaient gagné des jeux de langue qui n'étaient pas des rallys. Les équipes gagnaient un point par bonne réponse dans un rally, mais un point bonus par jeu gagné en dehors des rallys. Ils trouvaient ça injuste d'avoir gagné tous les autres jeux mais d'avoir quand même perdu.

Les panthères les avaient juste lessivés pendant les rallys.

(Mais à la base, les équipes sont faites POUR les rallys. J'ai donné des points bonus car les mambas se faisaient détruire.)

Ce que je trouve drôle, par contre, c'est quand l'équipe gagnante se plaint des points. De leur point de vue, les points bonus étaient injustes. (Ils avaient gagné avec 6 points de plus que les Mambas. Quelle injustice! Ils auraient dû gagner avec au moins 10 points de plus! Damn you, Caro!)

Prenez vos bonbons et taisez-vous. J'en ai marre.

"BUT IT'S UNFAIR!"

C'est toujours "unfair" quand vous perdez. C'est drôle, hein?

Après le repas, on a joué à des jeux, cette fois pas en équipes pré-déterminées. Puisque nous avions terminé les rallys, je les ai laissé choisir les équipes. Ils ont choisi gars contre fille. On a joué à Jeopardy, ainsi que quelques autres jeux du genre.

(Les filles ont gagné, hehe.)

Les garçons: "But it's unfair!"

Oui, oui, je sais. La vie est injuste, faut s'y faire.

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À 14h30, nous avions notre pratique générale avant le happy-ning. C'était chaotique, nous avons commencé très en retard. En décorant, nous avons cassé une ampoule, le groupe de Harrison courait partout pour améliorer leurs costumes. Nous avons fait la pratique très rapidement, puis les parents ont commencé à arriver.

Juste comme il venait le temps de commencer, les pompiers ont débarqué de nouveau, un peu à l'improviste.

C'est aussi à ce moment qu'Andrea est arrivée. La patronne arrive, et la première chose qu'elle voit, c'est un camion de pompiers. Très rassurant.

Nous avons plus tard su qu'il y avait quelque chose de déréglé et les pompiers étaient venus l'inspecter (ou le réparer, je ne sais pas).

Dans tous les cas, nous avons commencé le happy-ning en retard. Les parents allemands s'impatientaient.

Mon groupe a très bien joué, Andrea est même venue me féliciter après. "I was a bit doubtful after I saw your group on Monday, with the kid faceplanting on the couch and the others jumping out the window. But they did very well. Good job."

Fiou.

Pour la moitié de mon groupe qui ne présentait pas de théâtre, nous avons joué à un jeu avec les parents: Évolution. C'est comme un tournoi de roche-papier-ciseaux, mais avec des rôles. Tout le monde commence comme un oeuf. On joue à roche-papier-ciseaux avec un autre oeuf, le gagnant devient un poulet, l'autre demeure un oeuf. Le poulet trouve un autre poulet et joue contre lui. Le gagnant devient un dinosaure et l'autre redevient un oeuf. Après le dinosaure, on devient un Buddha, et rendu là, on a gagné, et on attend que les autres terminent de jouer. À la fin, il y a plein de Buddhas, et un oeuf, un poulet et un dinosaure. Ces derniers perdent, car ils n'ont plus d'autres personnes avec leur rôle avec qui jouer.

C'est toujours bien drôle d'amener les parents à jouer comme des oeufs, des poulets, des dinosaures.

Après le happy-ning, tout le monde est parti assez rapidement. J'ai quand même eu droit à plus de câlins de la part de mon groupe que la semaine précédente. Cette fois, je n'ai eu personne qui me détestait, et ils n'étaient pas encore à l'âge où il est "humiliant" de donner des câlins. (Bon, mes garçons joueurs de foot ne m'en ont pas donné, mais j'ai eu droit à des poignées de main de leur part. Eux qui, au début, faisaient semblant de me donner un high five, puis à la dernière minute, faisaient un "dab", j'étais fière d'obtenir une vraie poignée de main à la fin.)

J'ai toutefois eu droit à un câlin de la part de Adam. Ouf, il partait de bonne humeur.

Mes évaluations ont aussi été bien meilleures. Quelques garçons m'ont donné un trois (Caroline, elle pogne pas avec les garçons ados ou pré-ados; pas assez cool), mais le reste m'ont tous donné 1 ou 2. Ça avait été une bonne semaine, j'allais m'ennuyer de ce groupe.

Andrea est partie avec le matériel et Matilde est partie passer la fin de semaine avec ses parents, mais pour le reste, nous allions dormir une autre nuit sur le site, avant de rentrer à Neumarkt le lendemain. Nous sommes allés manger au Beer Garden du village (nous allions boire à l'extérieur, pas dans le château, cette fois).

Harrison a quand même fait preuve de "peer pressure" pour nous faire boire du vin en soirée, dans la salle des moniteurs. Mais nous ne nous sommes pas couchés tard.

Nous étions brûlés.

Samedi 11 août

Nous devions être sortis des chambres à 9h, pour permettre à l'équipe de ménage de faire leur travail. Je me suis levée à 8h15. J'ai mis du temps à faire mes sacs, car nous revenions à Neumarkt en train, et je ne voulais pas traîner plus de sacs que nécessaire. J'ai donc pris soin de bien squeezer mes choses dans mon sac à dos.

Je suis sortie de la chambre à 9h07, après avoir ramassé tous les insectes morts sur le sol de la salle de bain. Je ne sais pas pourquoi ils allaient tous mourir là, mais il y avait deux semaines de papillons de nuit et autre créatures éparpillées sur le sol. Pour ne pas avoir l'air d'une femme des cavernes, j'ai tenté de laisser la chambre dans un état raisonnable, en ramassant les bibites et les cheveux, et en nettoyant mes traces de pâte à dents dans l'évier.

J'ai constaté en arrivant en bas, dans la salle des moniteurs, que j'étais seulement la 2e levée. Harrison était là, une sangria déjà à la main. Les autres finissaient encore leurs sacs.

Harrison était prêt à partir tôt et faire plein de choses, mais le reste, nous étions trop épuisés. Nous avons pris notre temps, avons relaxé jusqu'à midi. Nous avons dîné avec un restant de pâtes, puis nous sommes partis rapidement après, puisque les femmes de ménage commençaient à mettre de la pression subtile.

Nous avons pris le train de 14:12 vers Nürnberg. Harrison et Tito ont descendu là, car ils restaient dans une auberge en ville. Charlyne et moi avons pris un train pour Neumarkt juste après, car nous restions chez Andrea pour la fin de semaine.

En soirée, nous sommes tous allés au Volksfest de Neumarkt, un genre de mini Oktoberfest local. Nous y avons mangé et bu. Nous avons retrouvé tous les autres moniteurs, comme une réunion de famille, mais avec des litres de bière au lieu des pintes.

Charlyne, Paris, Harrison et moi avons fait des manèges, sous le prétexte que nous accompagnions les enfants de la famille d'accueil de Harrison. (Mais en réalité, nous avons eu beaucoup plus de plaisir que les enfants.)

Mine de rien, nous avons dépensé beaucoup d'argent en une soirée. Bière, nourriture, manèges.

Je n'ai bu qu'une bière. (Donc, un litre.) Mais certains en ont bu 4-5.

Kelli, Charlyne, Cameron et moi dormions chez Andrea. Cette dernière n'était pas rentrée trop tard, en raison des enfants. Nous avons donc pris un taxi pour revenir. Anne-Marie nous avait assurés que la gare de train était le meilleur endroit pour en attraper un, mais visiblement, ça ne s'appliquait pas à la période du Volksfest. Kelli, qui parle bien allemand, en a appelé un avec mon petit téléphone LEOlingo. Puis, voyant que ça ne venait pas, elle en a appelé 6-7. On a pris le premier qui est arrivé.

J'ai éteint mon téléphone avant de dormir, juste au cas où certains chauffeurs de taxi frustrés décidaient de me rappeler, en colère.

J'ai été passed out jusqu'à 11h AM le lendemain.

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Andrea: "So, Caroline, tonight when you come back, if anyone is really drunk, they sleep outside, ok? I am making you responsible. I don't want puke in my house."

Caroline: "So what happens if I'm the one who's really drunk?"

Andrea: "Haha, good one! Anyway, have fun tonight!"

Quand même ta patronne sait que tu es plate.

 

Rédigé par la-grande-fugue

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