Chapitre 22: Quand l'Espagne est plus efficace que le Québec

Publié le 18 Mars 2019

Le train Rodalies, de Barcelone.

Le train Rodalies, de Barcelone.

En 2018, alors que je me préparais à aller travailler 2 mois en Allemagne, pour ensuite déménager en Espagne pour l'année scolaire, j'ai eu pas mal de paperasse à remplir et à aller chercher.

La plus grande épreuve aura toutefois sans doute été ma vérification d'antécédents judiciaires.

"Ah oui?" s'exclament typiquement les amis à qui j'en parle, particulièrement ceux qui ont eu à aller en demander une pour des expériences similaires. "Pourtant, moi, ça avait été facile."

Ouais, en théorie, c'est facile.

En théorie. La pratique, c'est autre chose.

On m'avait invitée à consulter le site de la GRC, et les instructions étaient vagues, mais la première étape était simple: se présenter à un poste de police local. Alors en février 2018, je me suis présentée au poste de police sur la rue de l'Église à Québec. 

C'était ma première erreur. Se présenter dans un poste de police si on veut une vérification fédérale est une bonne idée si on habite dans une province desservie par la GRC. Le Québec, malheureusement, n'en est pas une. C'est la police municipale de la ville de Québec qui m'a servie ce jour-là, au poste de police de la rue de l'Église.

L'agent m'a fait remplir un petit formulaire simple, m'a demandé une pièce d'identité, m'a fait payer 67$, puis m'a dit que je recevrais mon papier dans 3 semaines par la poste.

Premier froncement de sourcils: j'avais lu sur le site web qu'ils allaient demander mes empreintes. Là, ça avait été trop facile.

"Vous n'avez pas besoin de mes empreintes?" j'ai tenté, d'une voix incertaine.

L'agent m'a regardé, l'air hagard. "En as-tu besoin?"

"... Ben je sais pas, je vous le demande."

L'agent n'a pas changé d'expression. "Non. Si ce n'est pas spécifiquement demandé, on ne les prend pas."

Quand le papier est arrivé 3 semaines plus tard, ce n'était pas le bon. Il y avait deux problèmes:

  • J'avais oublié de spécifier que je voulais la vérification supplémentaire pour les offenses sexuelles, requise par mes futurs employeurs parce que j'allais travailler avec des mineurs. Ça, c'est de ma faute.
  • La vérification couvrait tout le Canada, mais ne portait pas le sceau de la GRC et n'incluait pas mes empreintes. (Ce n'était pas un problème pour l'Allemagne, mais c'en serait un pour l'Espagne.)

Ne sachant pas trop vers où me diriger, je suis retournée à la même station de police, et j'ai demandé s'il était possible d'avoir une nouvelle vérification, mais cette fois avec le secteur vulnérable (la vérification des offenses sexuelles). L'agent était un peu confus, il a appelé son supérieur, a parlé à quelques collègues, et a fini par m'informer que, en gros:

"On peut pas faire ça, c'est impossible. C'est l'Ontario qui te demande ça?"

"Non, c'est l'Allemagne et l'Espagne."

"Aaah, oui. Ben clairement ils savaient pas de quoi ils parlaient quand ils t'ont demandé le secteur vulnérable. Ils peuvent pas te demander ça."

"Ben... Ils reçoivent des Canadiens à tous les ans, je pense qu'ils savent de quoi ils parlent."

"Ouais non, ce qu'ils te demandent, c'est illégal. Ils ont pas le droit de te demander ça."

Ils n'ont pas le droit de s'assurer qu'ils n'engagent pas des prédateurs sexuels pour travailler avec des enfants. Ouais. Ça a du sens.

Je suis rentrée à la maison et j'ai fait un peu de googling. J'ai trouvé le numéro de téléphone d'un bureau de la GRC à Québec. J'ai appelé.

Le résultat était encourageant.

"Oui, oui, c'est possible," m'a assuré le monsieur à l'autre bout du fil. "On ne peut pas le faire nous-même à Québec, mais il y a une compagnie privée qui le fait pour nous. Je vais vous donner leur numéro."

J'ai appelé la dite compagnie, et encore là, c'était plutôt encourageant.

"Oui, bien sûr, pas de problème," m'a répondu le nouveau monsieur à l'autre bout du fil. "C'est très simple, vous venez à nos bureaux et on vous fait ça."

"J'ai besoin de la vérification du secteur vulnérable par contre."

"Ah, oui, pas de problème. Mais pour ça, il faut juste aller chercher un papier chez la Sécurité du Québec avant."

"Quel papier?"

"Je ne me souviens plus du nom exactement, mais ils vont savoir. Va les voir, et quand tu as le papier, viens nous voir."

Je me suis donc lancée dans le trajet d'autobus merdique pour aller aux bureaux de la Sécurité du Québec.

Une fois au comptoir, j'ai expliqué que je devais aller réclamer une vérification d'antécédents judiciaires avec secteur vulnérable, mais que j'avais d'abord besoin d'un papier ici. L'agente m'a remis une feuille de papier qui offrait une liste de compagnies privées en mesure de faire les vérifications de la GRC. La liste incluait la compagnie que j'avais appelée, mais ça n'incluait rien d'autre que les coordonnées de ces organisations. Ça n'avait pas trop de sens que la compagnie exige cette liste pour procéder.

"Je pense pas que ce soit ça," j'ai dit à l'agente.

Cette dernière m'a dit qu'elle ne savait pas, mais que les hommes à l'autre comptoir sauraient. J'ai fait les quelques pas pour changer de comptoir, et j'ai ré-expliqué la situation.

"Vivez-vous à Québec, madame?" m'a-t-on demandé.

"Oui."

"Ah, ben, on peut rien pour vous. Il faut aller voir la police municipale."

Là, j'ai un peu pogné les nerfs.

"Mais oui mais, monsieur, c'est là que j'ai commencé! Ils m'ont dit que c'était impossible, ils savaient pas du tout de quoi je parlais."

Les deux hommes ont eu l'air pensif, l'espace d'un moment. "Vous êtes allée où?" m'ont-ils demandé.

"Rue de l'Église."

"Ah! Ouais, non, eux ils s'y connaissent pas. Allez à Parc Victoria, eux autres ils sont habituées."

Plus très en confiance, je me suis de nouveau lancée dans un trajet de bus merdique pour aller au poste de police à parc Victoria. Une fois là-bas, je me suis pointée au comptoir, et d'un ton un peu découragée, j'ai murmuré sans confiance:

"J'ai besoin d'une vérification d'antécédents judiciaires avec secteur vulnérable. Une compagnie privée peut le faire, mais ils ont besoin d'un papier d'ici."

"Oui bien sûr!" m'a répondu l'agent avec le sourire. Il a sorti un formulaire et j'ai regagné confiance.

On a rempli pas mal le même formulaire que la première fois sur rue de l'Église, mais cette fois, la section "secteur vulnérable" était visiblement incluse. J'ai payé 67$, puis l'agent m'a dit que je recevrais mon papier dans 3 semaines.

Autre froncement de sourcil. "Je pensais que vous alliez me donner un papier pour que j'aille ensuite voir la compagnie privée pour faire la demande?"

L'agent a eu l'air confus. "Non. On a tout fait ensemble. C'est complet. Vous allez recevoir le papier dans 3 semaines."

Ils n'avaient toujours pas pris mes empreintes.

Je suis sortie du poste et j'ai rappelé la compagnie privée à qui j'avais parlé. J'ai expliqué la situation.

"Aah," m'a-t-il répliqué. "Voyez-vous, le papier que vous allez recevoir, c'est encore un papier de la police municipale. C'est techniquement valide, et ça couvre tout le Canada, alors il faudrait voir avec votre employeur s'ils acceptent le papier tel quel, ou s'ils ont vraiment besoin des empreintes. C'est la principale différence. S'ils ont besoin d'un papier de la GRC avec empreintes, il faut passer par nous."

J'ai vérifié avec l'Allemagne: ça ne les dérangeait pas. Alors je n'ai pas tenté de faire annuler la demande.

Pas longtemps après, j'ai su que l'Espagne avait, de son côté, vraiment besoin d'une vérification de la GRC avec empreintes. Rendu là, il était trop tard pour faire annuler la demande avec la police municipale. Quand ces derniers m'ont appelée pour me dire de venir chercher le papier, j'en ai profité pour leur demander comment je pouvais avoir une maudite vérification de la GRC avec empreintes, parce que apparemment, j'avais besoin d'un papier de la police municipale d'abord, et personne ne semblait savoir quel était ce papier.

La madame au téléphone n'avait aucune idée, elle m'a transférée à son sergent, à qui j'ai laissé un message. Quand il m'a rappelé, il était offusqué: jamais dans sa carrière n'avait-il entendu parler d'une telle requête! "Nous, on vérifie le nom et la date de naissance dans la base de données, et s'il n'y pas de match, alors on s'arrête là. On prend les empreintes seulement s'il y a confusion, pour s'assurer de ne pas confondre deux personnes avec le même nom, ou la même date de naissance. Demander les empreintes de toute façon, c'est ridicule!"

"Ouais, je comprends. Mais je ne pense pas qu'ils demandent que vous preniez les empreintes. C'est la GRC qui les prend. Mais la compagnie qui fait la demande pour eux me dit que j'ai besoin d'un papier de votre part d'abord."

Il a continué de s'offusquer qu'on exige de lui qu'il perde son temps à prendre les empreintes de tout le monde (et j'ai continué de lui signaler que ce n'était pas ce qu'on lui demandait). Je voyais qu'il n'était pas fâché contre moi, mais bien contre les gros méchants employeurs qui ne comprennent dont pas la dure réalité des policiers, et il a fini par me réécrire une autre lettre de vérification, avec pas mal le même texte, mais avec plus de mots, et un petit côté passif-agressif, pour rendre bien clair qu'il avait vérifié la base de données pour tout le Canada, et qu'il n'y avait aucun match dans le système.

Je comprends un peu son point de vue: que ce soit la police municipale ou la GRC, c'est la même base de données. Si la police municipale déclare que je n'ai pas d'antécédents, la GRC dira la même chose.  Les empreintes ne sont vraiment utiles que s'il y a confusion possible entre deux personnes.

Mais le consulat de l'Espagne avait absolument besoin d'un papier de la GRC avec empreintes alors... retour à la case départ.

J'ai rappelé la compagnie privée pour exposer ma situation. C'est dans cette conversation qu'on a réalisé que, s'ils m'avaient dirigé vers la Sécurité du Québec la dernière fois, c'est que les demandes pour secteur vulnérables qu'ils avaient eues à traiter jusqu'à maintenant (elles ne sont pas très fréquentes) étaient pour des gens qui habitent hors de la ville de la Québec. N'étant pas desservis par la police de Québec, ils étaient donc sous la juridiction de la SQ, et la SQ est en mesure de donner le fameux papier qui permet à la compagnie privée de débloquer cette vérification supplémentaire pour le secteur vulnérable. Mais j'habite à Québec, la SQ ne peut rien pour moi, et la police de Québec n'a aucune idée de quoi je parle. 

Finalement, on a trouvé une solution:

  • Le consulat d'Espagne avait besoin d'une vérification de la GRC avec empreintes pour le visa, mais ils n'avaient pas besoin du secteur vulnérable.
  • C'est l'employeur en Espagne qui, tant qu'à faire, voulait voir le secteur vulnérable. Le logo de la GRC et les empreintes, c'était pour le visa, pas pour eux. 

J'ai donc conservé mon papier de la police municipale avec secteur vulnérable pour l'employeur. Et je suis allée passer une vérification normale auprès de la compagnie privée, qui pouvait faire ça avec empreintes et logo de la GRC sans problème. Le "bug," c'était le secteur vulnérable, en fait.

J'ai passé la vérification, et ils m'ont dit que je recevrais mon papier dans 2 à 10 jours ouvrables.

Enfin, ça allait se régler!

15 jours ouvrables plus tard, j'avais pas de papier. J'ai appelé la compagnie privée, ils m'ont dit que la demande était maintenant chez la GRC et que je devais donc vérifier avec eux. J'ai appelé la GRC à Ottawa, ils m'ont dit que mon papier avait été envoyé deux semaines plus tôt. Rendu là, ce n'était plus trop leur faute si ça ne s'était pas rendu.

"Et si ça s'est perdu dans la poste, je fais quoi?" je leur ai demandé.

"Malheureusement, on détruit les données de chaque demande une fois traitée, alors si c'est perdu dans la poste, il faudra refaire la demande depuis le début."

Misère.

Je me suis dit que j'allais attendre une semaine de plus, et si rien n'arrivait d'ici là, je retournerais à la compagnie privée pour recommencer. Pendant ce temps là, ma date de départ approchait à grands pas.

Le jour que je m'étais fixé comme deadline, la GRC m'a rappelée. Tiens, votre papier nous a été renvoyé par Poste Canada. On sait pas trop pourquoi.

Ils ont vérifié mon adresse, tout était déjà correct. Poste Canada s'était mêlé, on dirait.

"On va vous renvoyer le document par la poste."

"Super!"

"Mais d'abord, il faut remplir un formulaire de changement d'adresse."

"Mais l'adresse, elle est correcte!"

"Oui mais, quand une lettre rebondit à Poste Canada, il faut remplir le formulaire."

"Et donc.. je remplis le formulaire pour y inscrire exactement la même adresse?"

"Oui."

Misère.

Je ne me souviens plus pourquoi, mais la bibliothèque de l'université était fermée ce jour-là. Je ne pouvais donc pas aller faire imprimer le formulaire qu'on m'avait envoyé par email, mais sachant que plus j'attendrais, plus le papier risquait d'arriver en retard, j'ai recruté l'aide de ma coloc Véro, qui était au travail et avait donc accès à une imprimante. J'ai renvoyé le formulaire rempli le jour même, mon document a été remis à la poste le lendemain.

Deux jours plus tard, je recevais enfin l'enveloppe. Nous étions en juin 2018, quatre mois après le début de mes démarches.

Le papier de la GRC a marché pour mon visa. Le papier municipal avec secteur vulnérable a été accepté par mon employeur.

Je n'ai plus eu de problèmes après ça, et je me suis envolée pour l'Europe en paix.

*

Février 2019

LEOlingo, Allemagne:

"Hey Caro! We're super happy to have you for a second time this coming summer! Anyway, your Canadian police check from 2018 is still valid, but the aliens office says they'd like you to also provide a police check from Spain, since you've been there for a while. Can you make that happen?"

Misère.

J'étais prête à me faire chier. Parce que le gouvernement espagnol n'est pas reconnu pour son efficacité, et pas non plus pour ses compétences en anglais. J'allais devoir aller refaire tout le processus, mais cette fois dans un pays où je ne parle pas très bien la langue.

Souhaitez-moi bonne chance, j'avais envie de dire, ce matin-là en quittant la maison.

J'avais fait mes recherches et, selon le site web, ça semblait facile: il fallait se présenter au bureau du Ministère de la Justice à Barcelone et remplir un formulaire, payer un frais, et pif paf pouf, ce serait réglé. Mais ce n'était pas la première fois qu'un site web faisait paraître le processus facile. Je m'attendais à tout et à rien.

Comme:

"Oh, vous n'êtes pas Espagnole, il faut contacter votre ambassade d'abord."

Ou bien:

"Oh, c'est pour l'Allemagne? Si ce n'est pas pour présenter ici, il faut un autre formulaire."

Ou encore:

"Vous avez mal rempli le formulaire. Recommencez et retournez à la fin de la file d'attente."

Tous les scénarios possibles étaient là, dans ma tête, et je me préparais au pire.

Je suis arrivée vers 10h15 le matin au bureau, parce que ça prend 1 heure et 40 minutes s'y rendre d'Argentona en transport en commun. J'ai bégayé au comptoir que je voulais une vérification d'antécédents judiciaires, et ils m'ont donné le formulaire à remplir. Quand je suis revenue avec le formulaire complété, ils m'ont dit d'aller payer les frais à la banque, puis de revenir. (Il y avait une case "payer comptant" sur le formulaire, mais apparemment, c'était pour faire joli.)

Là, déjà, ça s'enlignait mal. Je n'ai pas de données sur mon téléphone canadien, et mon téléphone espagnol est trop vieux pour Google Maps. J'avais préalablement téléchargé le trajet entre la gare de bus et le bureau du Ministère, mais le trajet à la banque, je ne l'avais pas prévu. (Parce que la case "payer comptant" sur le formulaire que j'avais consulté en ligne m'avait étrangement laisser croire que... je pouvais payer comptant.)

Par miracle, l'application Google Maps a marché pour la première fois ever sur mon téléphone espagnol. Peut-être parce que la banque était presque littéralement à deux pas de là. Je suis allée payer les 3,78 euros et je suis revenue avec la confirmation. On m'a donné un numéro, et j'ai patiemment attendu mon tour en regardant les petites images de paysages de Google Image qui défilaient sur l'écran de la salle d'attente.

Mon tour est venu vers 11h15.  Je me suis assise au bureau de l'employée qui me recevait. Nos interactions se sont limitées à "Hola" et "DNI, por favor" (la pièce d'identité s'appelle DNI pour "Documento Nacional de Identidad".) Elle a taponné sur son clavier pendant plusieurs minutes, puis elle a imprimé un papier qu'elle m'a remis, et m'a souhaité bonne journée.

J'étais un peu éberluée. Attends un peu là, j'ai des questions: quand vais-je recevoir la vérification? Par quel moyen? Est-ce qu'il y a d'autres étapes avant de la recevoir?

Mais avant que je puisse poser mes questions, j'ai baissé les yeux vers le papier qu'elle m'avait remis et j'ai constaté que c'était la vérification d'antécédents judiciaires.

Ah. Merci. Bonne journée à vous aussi.

Canada - 4 mois

Espagne - 1 heure et demie

Hum.

***

Je suis donc allée à Barcelone vendredi dernier, puisque je ne vais pas à l'école secondaire les vendredis matin. J'avais toujours des engagements dans l'après-midi, mais puisque mes démarches avec le Ministère de la Justice ont été rapides, j'ai eu le temps d'aller prendre un café dans un petit café à thématique japonaise, pas loin de l'avenue Madrid.

Je me suis remise sur le chemin du retour vers Argentona un peu après midi trente. Même si le trajet en transport en commun prend le triple du temps en voiture, ce n'est pas un trajet désagréable. Comme ça, en dehors de l'heure de pointe, on peut s'asseoir et admirer la vue sur l'océan pendant tout le trajet en train. Il faisait beau, le printemps était enfin arrivé. Tous les jours ne sont pas ensoleillés par les temps qui courent, mais le froid humide et insupportable de l'hiver a enfin laissé place à une occasionnelle fraîcheur que je trouve confortable. (Les Catalans trouvent encore que c'est froid, mais moi, je suis bien.)

Vendredi, ceci dit, il faisait chaud, et il faisait soleil. On avait un petit preview de l'été. Du train, j'ai vu des gens prendre le soleil sur la plage, ou faire du paddle-boarding dans l'océan. C'était paisible.

Vers 14h30, j'avais un dîner avec les profs de l'école dans la cantine de l'établissement. Ces temps-ci, il y a une tradition en Catalogne. Je ne comprends pas encore vraiment le contexte ou la raison des célébrations, mais en gros, tout le monde mange des poireaux grillés. Les gens se rassemblent et font cuire des poireaux entiers sur le barbecue, jusqu'à ce qu'ils soient noirs. Puis, avec leurs mains, ils pèlent la peau extérieure (ce qui se fait très facilement si le poireau a préalablement été coupé correctement, mais nous laisse avec les mains complètement noires), ils trempent la pointe comestible dans de la sauce et mangent ça tel quel, en l'agrippant par les feuilles et en le suspendant au-dessus de leur bouche.

Pas charmant du tout, mais délicieux.

On a bien mangé. On a parlé de l'été qui s'en vient, je leur ai montré des photos du Canada pour les faire capoter. J'ai dû leur assurer que, oui oui, on a bien un été au Canada; ça finit par fondre et devenir chaud éventuellement; oui oui, chaud dans le sens de 30 degrés et plus, pas dans le sens de 10 ou 15 degrés.

Après le repas, quelques profs ont démarré une partie "amicale" de football (soccer), et Lizzie et moi nous sommes éclipsées pendant que ça se crêpait le chignon.

Le football/soccer, en Europe, c'est du sérieux.

En train de manger les poireaux avec toute la grâce des gens de la place.

En train de manger les poireaux avec toute la grâce des gens de la place.

***

La température devient belle par ici, mais mes rhumes continuent de s'accumuler. Je ne me souviens pas avoir déjà été malade aussi souvent dans une même année. J'imagine que c'est l'humidité et les changements d'environnement qui me tuent. Ça ne me fait pas.

Par chance, les rhumes ne durent pas trop longtemps. Au Canada, typiquement, j'ai un ou deux rhumes/grippes par hiver, mais quand ça frappe, ça frappe, et ça prend environ deux semaines à revenir à la normale.

Ici, j'ai eu une grosse grippe pendant les Fêtes, mais le reste du temps, ça a été comme une série de micro-rhumes. Je me lève un matin avec un mal de gorge, ça évolue en fièvre le soir, mais le lendemain ça va mieux, à part quelques reniflements, qui disparaissent après 24 heures. 

Je suis dans mon 4e ou 5e rhume de l'année, mais j'espère que c'est le dernier. Le rhume de fermeture, après un hiver d'humidité incomparable.

Je regarde les photos de Québec, et je sais que je ne peux pas me plaindre. C'est juste que, ici, c'était un froid différent du froid auquel je suis habituée. 

Maintenant on profite de la douce fraîcheur, avant que l'été d'une chaleur tout aussi insupportablement humide ne frappe.

Bonne chance, Caroline.

Rédigé par la-grande-fugue

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