Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)

Publié le 14 Septembre 2019

Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)

Zürich

Le samedi 17 août, ma semaine de congé commençait. 

J'avais passé la nuit à Nürnberg, dans une auberge pas loin de la gare de bus. Vers 7h30, je me suis mise en marche, pour aller attraper mon bus de 8h AM, vers Zürich.

Le trajet devait durer 7 heures, mais avec Flixbus, on ne peut jamais être vraiment sûr, avec les retards. Je me suis pris un café et un sandwich à la gare avant de partir, et j'avais déjà rempli ma bouteille d'eau. J'étais prête pour survivre un long trajet au besoin.

Au final, j'ai dormi le gros du trajet, mais j'ai vu passer la traversée du Lac Constance, sur un bateau traversier. La frontière a été franchie sans flafla; comme d'habitude, lors de mes déplacements en Europe, je ne me suis même pas rendue compte que nous avions changé de pays, jusqu'à ce que je commence à voir "Zürich" apparaître sur les pancartes routières.

Nous avons pris du retard en route, mais nous sommes arrivés vers 16h à la gare de Zürich. Mon auberge était à 15 minutes en transport en commun. Je me suis lancée dans le trafic suisse pour aller rejoindre l'arrêt de tramway, de l'autre côté du carrefour.

La traversée du Lac Constance, du confort de mon siège d'autobus.

La traversée du Lac Constance, du confort de mon siège d'autobus.

*

Au nombre de fois où j'étais passée par l'Allemagne dans le courant des dernières années, je me demandais pourquoi je n'avais jamais pris le temps de visiter la Suisse, pourtant tout près. Il aurait été facile de prendre un bus et de traverser la frontière. Mais je ne l'avais jamais fait.

Quand j'ai réservé mon hébergement pour les premiers jours de ma semaine de congé, je me suis rappelé du pourquoi.

En Europe, je peux généralement payer entre 10 et 25 euros par nuit, selon le pays, à condition d'être à l'aise avec les dortoirs d'auberges de jeunesse. En Allemagne, lorsqu'on sort des grandes villes comme Berlin et Munich, c'est généralement autour de 20-25 euros la nuit. Dans des pays comme le Portugal, j'arrive souvent à trouver entre 10 et 15 euros.

À Zürich, c'était 40 euros la nuit. Toujours pour un lit dans un dortoir.

Et tous mes autres arrêts s'annonçaient tout aussi coûteux.

En cliquant sur le bouton "Payer", je me récitais des mantras autour du fait que je n'étais pas en Allemagne pour faire des profits, réinvestir mon salaire LEOlingo dans une semaine en Suisse, ça en valait la peine, pour l'expérience.

Pour une semaine, je me banderais les yeux lorsqu'il viendrait le temps de gérer l'argent. 40 euros pour une nuit? Lalalalala. 30 euros pour un repas? Lalalalalalalala.

Le déni me va à merveille.

*

Mes premiers moments en Suisse ne furent pas simples.

Premier obstacle: j'avais oublié que la monnaie en Suisse n'est pas l'euro, mais bien le franc suisse. Il m'a fallu quelques minutes de sacrage à la machine à billets avant de réaliser que, si ça ne marchait pas, c'est parce que je glissais des euros dans la fente. J'ai utilisé ma carte de crédit, ça a marché.

Deuxième obstacle: j'avais entré la mauvaise adresse dans mon application Google Maps.  Bonne rue, mauvais numéro (14 au lieu de 114). Les cinq minutes de marche après le tramway sont devenues vingt. Je suis arrivée en sueur à l'auberge, qui par chance s'est révélée de très bonne qualité: grande, propre, avec de très bons services offerts. (Heureusement, à ce prix-là!)

Troisième obstacle: les prix des restos. Je savais que ce serait cher, mais de voir que les options à moins de 15 euros étaient des petites salades ou des soupes, ça m'a débinée. Je me suis donc retrouvée dans un supermarché, à m'acheter un pique-nique improvisé à 11 francs, que j'ai mangé sur un banc de parc, pas trop loin de l'auberge. 

J'ai complété ma première soirée avec une petite marche, et un verre de vin sur une petite terrasse. Puis, je suis rentrée.

Quatrième obstacle: les prises de courant n'étaient pas tout à fait pareil. En théorie, les câbles européens sont compatibles, mais mon adaptateur rectangulaire était juste un peu trop large pour rentrer dans la forme losange des prises à l'auberge. Soudainement, je ne pouvais plus charger mon téléphone, ce qui allait s'avérer un problème, pour une semaine en Suisse. Il allait falloir acheter un nouvel adaptateur, ce qui ne faisait pas partie de mon budget pour ce voyage en Suisse. 

Cinquième obstacle: Le lendemain serait un dimanche, et les magasins sont fermés le dimanche.

Je me suis endormie avec mon ordinateur portable coincé entre le mur et moi, pour utiliser ce qui me restait de ma batterie d'ordi pour charger mon téléphone.

Monnaie et prises différentes. Calme-toi le pompon, la Suisse, t'es pas si spéciale que ça.

*

Fromage suisse en Suisse. Un must pour Instagram.

Fromage suisse en Suisse. Un must pour Instagram.

Dimanche, je me suis levée à temps pour profiter du déjeuner gratuit à l'auberge. Ma mentalité de fille pauvre élaborait déjà une stratégie: si je me bourre de pain, de fromage (suisse) et de concombres/tomates, je pourrai peut-être skipper le dîner.

Et ainsi sauver 20 euros. Hehehe.

À 11h, je me suis présentée à Paradeplatz (Place des parades, où il n'y a ironiquement jamais de parades), qui était le point de départ des visites à pied gratuites de la ville. C'était dimanche, au mois d'août, et il faisait beau, alors c'était populaire. Une foule s'accumulait à l'ombre, dans l'arche de la banque Credit Suisse. Alors que je me badigeonnais la figure de crème solaire, un homme à l'accent allemand et au teint tout aussi fantomatique que le mien est venu me demander s'il pouvait m'en voler un petit peu. Il ne s'était pas attendu à un tel soleil.

Et honnêtement, moi non plus. J'avais traîné quelques cotons ouatés dans ma valise, au cas où l'air s'avérerait plus frais, avec les Alpes autour. Mais avec le soleil qui tapait et qui brûlait, je constatais que la précaution était inutile. Je regrettais d'avoir laissé mon foulard (que je porte normalement sur ma tête quand le soleil tape) dans ma valise à l'auberge.

À 11h tapant, les guides sont venus diviser le groupe: anglais, allemand, espagnol. Une fois divisé, le groupe était alors plus gérable.

La guide, Maria, s'est présentée, puis nous a emmenés visiter les principaux attraits du centre-ville, qui est aussi la partie plus historique. La visite a duré un peu moins de deux heures, ce qui n'est pas très long. Mais ça nous a donné une bonne idée des choses à voir. Et puis, avec le soleil, nous étions contents que ça ne dure pas trois heures.

À la fin, la guide nous a laissés devant la cathédrale. J'ai rapidement repéré une petite affiche devant un commerce, annonçant de la crème glacée artisanale.

La décision ne fut pas difficile à prendre. Deux minutes plus tard, j'avais une crème glacée au mojito en main, et je reprenais ma route.

Zürich sous le soleil.
Zürich sous le soleil.Zürich sous le soleil.

Zürich sous le soleil.

*

Pendant la visite, la guide avait mentionné que tous les magasins étaient fermés le dimanche, mais que si nous avions vraiment besoin de magasiner, il y avait un centre commercial au sous-sol de la gare centrale, qui demeurait généralement ouvert.

C'est donc là que je me suis dirigée, car mon téléphone était à 20%, et j'avais besoin d'un adaptateur ASAP.

Effectivement, c'était ouvert, et après avoir été distraite par une librairie en chemin, j'ai trouvé ce dont j'avais besoin dans un petit magasin de style dépanneur, qui vendait des magazines, des collations et des chargeurs.

Une fois ce problème réglé, je me suis tranquillement dirigée vers la partie ouest de la ville, où une autre visite gratuite était offerte vers 15h. Je suis arrivée au point de rencontre vers 14h, alors j'ai pris une petite collation (des rouleaux de printemps à 6 francs) dans un restaurant du coin, puis je suis allée retrouver le guide devant la Prime Tower, la tour la plus haute de la ville.

Le guide: "This is the tallest building in the city. Are you impressed?"

Nous: "..."

Le guide: "Yeah, no one ever is."

Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)

Étrangement, le soleil tapait encore plus fort à 15h qu'en matinée. Et Zürich West est une zone plus récente, plus industrielle. L'allure dystopique semblait accentuer la sensation de chaleur. J'ai terminé ma bouteille d'eau dans les 15 premières minutes, et le reste, j'ai souffert en silence.

Cette visite était très différente de celle du matin. Le centre-ville est joli, pittoresque, riche en histoire et anecdotes intéressantes. Zürich West est monotone, industriel, et d'allure désertique malgré son trafic routier. Des murailles de graffiti artistique venaient ajouter de la couleur dans un monde de ciment.  Tout y est nouveau, et parmi les principaux attraits était une voie de chemin de fer qui traversait la ville et les routes pour venir alimenter le gigantesque silo à grains au centre de la zone urbaine. On se demandait presque pourquoi cette visite existait pour une section de la ville si peu touristique. Mais la question semblait par elle-même révéler la réponse: pour montrer un tout autre côté et aspect de la ville. Une ville ne se résume pas à ce que les touristes visitent.

Le guide: "After seeing what you saw, would you consider living here?"

Un membre du groupe: "It's close to my work."

Le guide: "Yeah, that's the gist of it."

Des explosions de couleurs au sein d'un monde de ciment.Des explosions de couleurs au sein d'un monde de ciment.
Des explosions de couleurs au sein d'un monde de ciment.

Des explosions de couleurs au sein d'un monde de ciment.

La visite s'est terminée chez Frau Gerold, une grande terrasse un peu hippie, où on peut commander nourriture et breuvages aux différents comptoirs aux allures farfelues. J'étais déshydratée et étourdie, j'ai pris le temps de boire un thé glacé à 6 francs avant de reprendre ma route.

Chez Frau Gerold.

Chez Frau Gerold.

Puis, j'ai entrepris la marche d'une heure vers l'auberge. L'objectif était de manger quelque chose en chemin, peu importe ce qui s'avérerait pas trop cher. J'ai éventuellement croisé un restaurant asiatique, avec un menu où les plats étaient d'environ 12-15 francs. Je me suis assise à une table dehors, et j'ai profité de ma bière japonaise tout en mangeant mes nouilles épicées. À la fin d'une longue journée de marche, ça a fait du bien.

Je suis rentrée à l'auberge brûlée, dans tous les sens du terme.

Je me suis couchée. Et cette fois, mon téléphone pouvait charger pendant que je dormais.

*

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Il aurait été ridicule de venir en Suisse sans faire un peu de randonnée pédestre. Je n'avais pas vraiment le temps de faire une excursion dans les Alpes mêmes, mais il y avait une petite montagne à portée de Zürich, toujours un plaisir à nommer: Uetliberg.

J'avais un train à prendre à 16h30, ce qui me laissait le temps d'aller marcher en matinée et début d'après-midi.

Je suis partie de l'auberge un peu avant 10h, après avoir bénéficié d'un autre déjeuner copieux. J'avais sélectionné un sentier qui m'intéressait: un sentier à thématique planétaire, avec des plaquettes d'informations sur chaque planète du système solaire, placées à distance proportionnelle le long du sentier. 

J'ai marché environ une heure pour rejoindre le sentier, puis le sentier même était d'environ deux heures. La première heure a été difficile car c'était en montant, mais après, la marche était tranquille et paisible. Après des semaines d'interactions constantes avec des jeunes enfants et adolescents, ça faisait du bien, le silence de la nature. Ça m'a aussi permis de voir la Suisse un peu plus comme on se l'imagine: toute en nature, avec un fond de montagnes à l'horizon.

Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)
Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)

Il était presque 13h lorsque j'ai rejoint la fin du sentier. J'avais alors un choix: il y avait une gare de train pas loin. Je pouvais tenter d'attraper un train vers le centre, ou bien marcher pour redescendre. Je n'avais pas internet sur mon téléphone, mais j'avais la carte déjà téléchargée sur Google Maps. Je ne pouvais pas chercher de trajet précis, mais je pouvais au moins tenter de m'orienter dans la bonne direction.

Et disons-le: je n'avais pas envie de dépenser.

J'ai donc entrepris la descente à pieds. Parce que après trois heures de marche, quoi de plus excitant qu'encore plus de marche?

Je me suis un peu égarée à quelques reprises, en prenant quelques tournants pas clairs, et mon téléphone a failli mourir en chemin, mais un peu avant 15h, j'étais de retour à l'auberge, juste à temps pour utiliser l'internet un petit peu, puis repartir vers la gare centrale pour prendre mon train.

À la gare, j'ai eu le temps d'échanger un peu d'argent (parce que, mine de rien, mes francs, je les dépensais vite) et de me trouver de quoi à manger pas trop cher (un sandwich au saumon chez Nordsee, à 8 francs). J'ai refait le plein de ressources et d'énergie.

À 16h30, je prenais mon train vers Sargans, le dernier stop en Suisse avant de traverser la frontière vers le pays qui serait mon 24e: le Liechtenstein.

***

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Liechtenstein

J'avais réservé un airbnb à Balzers, un petit village au Liechtenstein.

Le Liechtenstein, c'est tellement petit, qu'il y avait très peu d'options d'hébergement. Sur le site d'airbnb, il y avait peut-être trois endroits au pays, et les autres options étaient réellement en Suisse ou en Autriche, mais proches de la frontière.

La chambre que j'avais réservée était chez une dame que les reviews décrivaient comme très gentille et aidante. Et puis, c'était à deux pas d'un arrêt où passait le bus entre Sargans, Balzers et la capitale Vaduz.

Quand j'avais parlé de mes plans dans les jours avant mon départ, la réaction avait toujours été la même: Why?

Le Liechtenstein, c'est petit, et surtout, il n'y a pas grand chose à y faire. La plupart des visiteurs y font une visite d'une journée, mais rentrent à leur hébergement en Suisse ou en Autriche à la fin de la journée. Une journée suffit à voir ce qu'il y a à voir.

Initialement, ma motivation était de sortir de Zürich le plus vite possible, puisque l'hébergement y était si cher. Mais j'ai vite constaté que les prix au Liechtenstein (et partout ailleurs en Suisse aussi, en fait) étaient les mêmes. Ça ne changeait donc rien.

Ce qui m'a finalement décidée à rester deux nuits au Liechtenstein, c'était l'attrait d'un hébergement dans un petit village entouré de montagnes, pour faire différent de la ville.

Et je n'ai pas regretté ma décision. Ma première soirée dans le petit village de Balzers, je suis allée prendre une marche jusqu'au château, qui perche au sommet d'une minuscule colline au centre du village. J'ai ensuite poursuivi ma marche sans but précis, à part pour trouver de quoi grignoter un peu le soir. Les magasins étaient fermés à cette heure, mais j'ai acheté des ramens et quelques grignotines à une station service. Puis, je suis rentrée juste comme il commençait à pleuvoir.

Le reste de la soirée, je l'ai passée à regarder des émissions sur Netflix. Juste parce que.

Je ne me suis pas couchée bien tard.

Le petit village de Balzers, au Liechtenstein.
Le petit village de Balzers, au Liechtenstein.Le petit village de Balzers, au Liechtenstein.

Le petit village de Balzers, au Liechtenstein.

*

La dame chez qui je restais s'appelait Claudia.

J'avais eu une petite crainte à mon arrivée: personne ne répondait à la porte, et je n'arrivais pas à la texter avec mon petit téléphone allemand. J'étais au milieu de nulle part, dans un petit village du Liechtenstein, sans nulle part où aller si ce airbnb se révélait un citron. Il était 18h45, et je commençais à calculer combien de temps j'allais attendre avant de reprendre le bus vers Sargans. Après peut-être 15-20 minutes d'attente, un jeune homme était finalement venu ouvrir la porte. 

Même après 48 heures chez eux, je n'avais toujours pas pu déterminer qui il était, en fait. Claudia avait un fils, mais ce ne pouvait être ce jeune homme, car ce dernier référait au fils de Claudia à la troisième personne. Peut-être était-ce donc un ami du fils. Qui sait. Mais il a été là tout le long du séjour, pour alimenter le malaise dès qu'on se croisait par hasard.

À mon arrivée, il m'a montré un peu la maison, puis ma chambre. Il m'a expliqué un peu les règles avec son accent presque stéréotypé, avec ses tonalités allemandes. Un peu plus tard, Claudia est arrivée et est venue se présenter. Elle s'est révélée aussi gentille et aidante que promis par les reviews. Elle m'a aidée à planifier ma journée du lendemain.

Elle était honnête: Vaduz, c'est bien, mais il n'y a pas grand chose à y faire. Elle m'a donc recommandé de visiter un peu Vaduz le matin, puis d'ensuite reprendre le même bus qui m'avait amenée de Sargans et m'emmènerait à Vaduz. Ce bus terminait sa course à Feldkirch, passé la frontière avec l'Autriche, et là-bas, il y avait un château qu'il était possible de visiter, pour ensuite y déguster un Schnitzel apparemment gigantesque.

C'est donc ce que j'ai entrepris de faire, mardi le 20 août.

À mon réveil, j'ai vu qu'il pleuvait. J'ai jeté un oeil optimiste à mon application de météo; pas de chance, il pleuvrait toute la journée.

J'ai donc enfilé mon manteau de pluie et mes bottines de randonnée étanches, et je me suis lancée dans le déluge.

*

Vaduz, la capitale.

Vaduz, la capitale.

À Vaduz, j'ai commencé par déjeuner dans un café, avec un croissant et un café au lait. J'y ai passé près d'une heure, à lire, espérant que la pluie se calme.

Elle s'est plutôt énervée davantage.

Quelques minutes après que j'aie entrepris la marche vers le château de Vaduz, au sommet de la colline (plus en élévation que la version mini à Balzers), la pluie s'est mise à frapper fort. J'ai dû accepter que je serais détrempée toute la journée. Je me suis rendue jusqu'au château, mais puisque le prince du Liechtenstein y réside, ce n'est pas ouvert au public. J'ai donc pris quelques photos, et je me suis lancée dans la descente. On pouvait prendre de meilleures photos en montant davantage, mais la pluie commençait à passer au travers de mon manteau de pluie. Peu importe le point de vue, le ciel allait rester gris, et le paysage, mouillé.

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Il y a deux grands musées à Vaduz: le musée d'art, et le musée national. Claudia m'avait recommandé ce dernier, et c'était aussi le moins cher des deux, alors j'ai suivi sa recommandation. J'ai réussi à me faire passer pour une étudiante, alors j'ai eu droit au prix réduit.

J'ai d'abord trouvé mon choix un peu moche: tout était en allemand. Je ne voulais pas payer pour un audioguide, mais après 20 minutes de maux de tête, j'ai résolu que j'en avais besoin. La réception m'a alors révélé que c'était en fait gratuit. En essayant d'interagir en allemand avec la dame qui m'avait vendu mon billet, je m'étais probablement tiré dans le pied: elle m'avait offert quelque chose que j'avais refusé sans trop comprendre, pensant qu'elle m'offrait quelque chose de payant. Ça avait probablement été l'audioguide gratuit.

Une fois armée de mon audioguide, ça allait bien.

J'ai passé deux heures dans le musée. Deux heures pendant lesquelles j'ai pu sécher, enfin.

Et ensuite, je me suis relancée sous la pluie, pour aller attraper le bus vers Feldkirch.

Le musée national de Vaduz.

Le musée national de Vaduz.

*

Il pleuvait tout autant à Feldkirch. J'ai réussi à attraper un peu de wifi pour repérer le château sur Google Maps, et je me suis mise en marche.

La ville de Feldkirch, en Autriche.
La ville de Feldkirch, en Autriche.

La ville de Feldkirch, en Autriche.

Je suis arrivée au château vers 16h. Et j'ai vu que le restaurant était ouvert à partir de 17h. Ça me laissait donc une heure pour visiter le musée. Encore une fois, j'ai pu passer pour une étudiante, avec prix réduit inclus.

Le musée était un parcours au travers des différentes pièces du château, avec des artefacts du temps, et de l'information sur l'usage de la pièce en question.

J'ai fait le tour en environ 45 minutes, et je n'ai croisé qu'une famille vers la fin. C'était tranquille.

À 17h, je suis allée mangé le schnitzel géant qui m'avait été promis, au coût de 15 euros. Après une journée sous la pluie, ça a fait du bien

La château à Feldkirch.
La château à Feldkirch.La château à Feldkirch.
La château à Feldkirch.

La château à Feldkirch.

J'ai eu du mal à attraper le bus du retour. Avec les travaux routiers, je n'arrivais pas à trouver où traverser la rue, et il n'était pas clairement indiqué où attraper mon bus. C'était un carrefour central, avec plusieurs arrêts aux différents recoins. Par chance, mon bus est arrivé en retard, ce qui m'a laissé le temps de m'y retrouver.

Je suis revenue à Balzers vers 19h30-20h. Complètement détrempée.

Claudia n'était pas à la maison, mais son fils y était. (Ou en tout cas, j'assume que c'est son fils.) Il parlait avec des amis dans la cuisine, et quand il m'a entendue monter les escaliers, il semblait perplexe. J'ai entendu sa voix résonner de la cuisine.

Lui: "Hello?"

Moi, du haut de mon palier: "...Hi?"

Lui: "Who's in my house?"

Moi: "... The Airbnb guest?"

Lui: "Oh... ok. How's it going?"

Moi: "...good."

Mes interactions avec les jeunes hommes de la maison sont demeurées tintées de malaise tout le temps de mon séjour.

*

Je prenais mon train de retour vers la Suisse vers 13h. J'avais donc pris le matin pour relaxer un peu. Je n'avais pas envie de retourner me promener à la capitale ou d'aller explorer plus loin. J'ai donc dormi un peu plus tard, j'ai refait mes bagages (après avoir bénéficié de la machine à laver pendant mon séjour), puis je suis partie à la recherche d'un café où déjeuner.

Ça s'est révélé complexe. Tous les cafés identifiés sur Google Maps se sont révélés être des maisons résidentielles. Les restaurants, quant à eux, n'étaient pour la plupart pas encore ouverts. Ce n'est qu'après une demi-heure de marche, à virer en rond, que j'ai finalement trouvé une pâtisserie-café où j'ai pu commander un muffin avec un café.

Un peu avant midi, je suis allée prendre le bus de retour vers Sargans. Là-bas, j'ai eu le temps pour une petite collation, puis j'ai pris mon train vers Zürich, où un autre train vers ma prochaine destination m'attendait.

Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)

***

Bern

Je suis arrivée à Bern vers 16h.

Cette fois, mon auberge était tout près de la gare, j'ai pu m'y rendre à pied, en 9 minutes.

Une fois installée, je suis allée prendre une marche dans la ville, à travers le centre historique, qui fait partie du patrimoine mondial de l'UNESCO. Je me suis rendue jusqu'au jardin de roses, en hauteur, duquel on peut admirer la vieille ville, encadrée par les courbes de la rivière Aare.

Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)
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Puis alors, j'avais faim. J'avais jusqu'alors tenté de ne jamais dépenser plus de 15 euros pour chaque repas, ce qui m'avait parfois amenée à passer par l'épicerie plutôt que par les restaurants. Mais j'en étais à la 5e journée de mon séjour en Suisse (et au Liechtenstein), il ne me restait plus que deux jours, et je n'avais pas encore mangé de fondue ou de raclette.

C'était définitivement un problème.

Je me suis donc rendue à l'un des restaurants recommandés par l'employé de l'auberge à qui j'avais parlé, et j'ai commandé une fondue à 26 euros. Sur le spectrum des prix, c'était parmi les options les moins chères que j'avais vues jusqu'alors pour de la fondue. Les seules options moins coûteuses avaient été offertes dans les auberges de jeunesse, et exigeaient un minimum de deux personnes pour en profiter. Pour 26 euros, je pouvais en profiter, même dans ma solitude de voyageuse solo.

Le temps était moche, pas tout à fait pluvieux, mais gris et frisquet. Complètement à l'opposé de ma première vraie journée à Zürich. Mais j'ai malgré tout profité de mon repas sur la terrasse du restaurant, avec vue sur l'église française juste à côté.

Après mon repas, j'avais envie de crème glacée, mais les milliers de kiosques à glaces que j'avais vus auparavant étaient maintenant fermés, à peine après 20h. Je me suis donc retrouvée à commander un McFlurry au McDo.

Ils n'avaient même pas la saveur Oreo.

Pfft.

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*

Dans presque toutes les grandes villes que je visite, je commence toujours par une visite guidée à pied. La compagnie New Sandemans offre des visites gratuites (mais avec l'attente qu'on donne du tip au guide à la fin) dans la plupart des grandes villes du monde, et plusieurs autres groupes ont repris le concept dans les villes qui ne sont pas rejointes par eux. Typiquement, ces visites sont offertes à tous les jours, à 11h. Dans les villes plus populaires, il y en a parfois l'après-midi aussi (ou même plusieurs départs le matin), et plusieurs langues sont parfois même offertes. (L'espagnol est le plus commun après l'anglais, même dans les pays où ça n'a pas trop rapport. Il faut croire que les touristes espagnols et sud-américains, ils sont partout.)

En Suisse, par contre, même les grandes villes ne sont pas si grandes que ça. Zürich compte une population d'un peu plus de 400 000 personnes, et Bern, la capitale, en compte un peu plus de 130 000. Zürich arrive à maintenir un système de visites guidées rentables, mais Bern y a un peu plus de mal. Trois groupes et compagnies se partagent la tâche d'offrir des visites, et malgré cela, elles ne sont pas à tous les jours, et pas toujours aux mêmes heures. Strawberry Tours, qui est une compagnie que j'avais déjà utilisée une fois, mais je ne me rappelle plus où exactement dans le monde, en offrait deux matins par semaine. Mes dates de séjour ne correspondaient pas aux leurs. La compagnie Free Walk, qui gérait les visites à Zürich aussi, offrait quelques visites par semaine, mais encore là, pas de chance avec mon horaire.

Finalement, le groupe Free Walking Tours Bern, qui est en fait une coopérative fondée par des résidents de Bern pour qui faire découvrir leur ville aux visiteurs curieux était un projet de passion, était ma seule option. Puisque les guides ne sont pas des professionnels, ils ont leur day job, et les visites sont donc de soir les jours de semaine. Ils avaient une visite prévue pour 17h le jeudi 22 août, ça marchait pour moi.

Ça voulait toutefois dire que je ne pouvais pas me fier sur la visite pour me faire découvrir quoi visiter ensuite: la visite serait l'une des dernières choses que je ferais pendant mon séjour à Bern. J'ai donc fait des recherches sur internet la veille, et j'ai planifié ma journée de jeudi aussi efficacement que possible.

En matinée, je suis allée prendre le funiculaire pour monter au sommet de la montagne Gurten, une petite montagne en bordure de la ville. J'ai pris une marche au sommet, et j'ai assez rapidement fait le tour. J'ai donc repris le funiculaire pour descendre, ce qui a été gratuit, car l'auberge m'avait offert une carte de transport en commun valide pour 3 jours. Cette auberge n'offrait pas le déjeuner gratuit comme à Zürich, mais avec le transport gratuit, ça revenait pas mal.

Au sommet de Gurten. Normalement, s'il avait fait beau, on verrait les Alpes au loin.
Au sommet de Gurten. Normalement, s'il avait fait beau, on verrait les Alpes au loin.

Au sommet de Gurten. Normalement, s'il avait fait beau, on verrait les Alpes au loin.

Je suis ensuite allée au jardin botanique, où j'y ai passé près d'une heure, et je n'ai eu qu'une ou deux altercations avec des abeilles

Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)

Je suis ensuite allée m'acheter de quoi manger dans une épicerie, et au passage, j'ai acheté du chocolat suisse. Un paquet pour donner en cadeau. Et un paquet pour ma propre personne. Ce dernier ne survivrait pas longtemps.

Ensuite, je suis allée visiter la maison d'Einstein, qui est un de ses anciens appartements transformés en musée. C'était tout petit et pas très extraordinaire (on ne pouvait visiter que son salon, qui était adorné de photos; un petit film était projeté à l'étage supérieur), mais avec le prix étudiant, ça ne m'a coûté que 4 francs, donc ce n'était pas trop décevant

Le salon d'Einstein, il fut un temps.

Le salon d'Einstein, il fut un temps.

Après cela, il était 16h, je me suis mise en marche vers le jardin de roses, où le point de départ de la visite guidée avait été fixé.

*

Notre guide était un programmeur de profession. Il traînait son ordinateur portable sous son bras, il arrivait tout juste du travail, près à nous présenter sa ville. Ça fait maintenant quelques semaines que je suis revenue de Suisse, je ne me rappelle donc pas de bien des détails, mais parmi ce que nous avons vu, il y avait le parc aux ours.

Le parc aux ours, c'est une petite place, au coin d'un carrefour passant, où se trouve de grandes fosses... eh ben, avec des ours. J'étais passée par là la veille, mais je n'avais pas vu d'ours. C'est avec cette visite que j'ai réalisé que je regardais au mauvais endroit. La fosse centrale n'est plus vraiment utilisée, et maintenant, les ours sont généralement gardés dans une zone plus sur le côté, mieux aménagée pour les animaux.

Le guide était honnête.

Lui: "This is the moment that is always hard for me, because nobody wants to listen anymore. They just want to take selfies with the bears. See, even the Canadian over there is obsessed with them. You'd think she'd be used to it."

Moi: "... I mean, it's not like they walk around the cities or anything."

Pis, y sont cute, bon!

Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)

On est passé devant la maison de Einstein, et le guide a confirmé que ce n'était peut-être pas l'attraction la plus intéressante (oups). Il a aussi démystifié la croyance commune comme quoi Einstein était mauvais à l'école. Certes, il n'avait pas toujours eu les meilleures notes de sa classe, mais il avait généralement toujours eu des notes respectables. Le problème, c'est qu'il avait étudié en Suisse, mais son biographe était allemand. Les systèmes de notes sont différents entre les deux pays. Ce qui était d'excellentes notes en Suisse avait paru comme médiocres aux yeux du biographe allemand. S'est donc ensuivi une longue rumeur comme quoi le génie Einstein était mauvais à l'école, donnant ainsi espoir à des générations de parents aux enfants paresseux.

Devant la grande horloge Zytglogge, dans le centre de la ville, le guide nous a expliqué que les visiteurs venaient en grand nombre assister au changement de chaque heure, où un système mécanique offrait  une petite performance à chaque fois. Il nous a aussi averti que ces mêmes visiteurs revenaient généralement déçus: les mouvements des personnages mécaniques sont assez simples et minimes, et aussi espacés: quelques minutes passent parfois entre deux mouvements, ce qui laisse croire aux passants que c'est déjà terminé.

Le coq chante quelques minutes avant l'heure. Le fou du roi sonne le changement un peu trop tôt: c'est un trickster, après tout. Puis, le roi tourne son sablier, et sonne l'heure véritable.

Et à la prochaine heure!

Apparemment, sous la tour de l'horloge se trouvent des toilettes publiques. La rumeur veut que pour être un véritable homme de Bern, il faut faire trois choses:

- Apprendre le dialecte local;

- Manger un certain plat dont le nom m'échappe;

- Pisser sous la Zytglogge.

Le premier peut s'avérer difficile à accomplir pour un touriste, mais les deux autres sont réalisables. Un homme du groupe s'est d'ailleurs excusé: il n'avait pas besoin du titre de "véritable homme de Bern", mais il avait envie, alors...

Zytglogge.

Zytglogge.

La visite s'est terminée un peu après 19h. Le guide nous a invités à donner du tip si nous le désirions, mais a aussi insisté que ce n'était pas obligatoire et que ces visites étaient offertes pour ceux qui voyageaient à petit budget. Tout le monde méritait de découvrir cette jolie ville, peu importe le budget dont ils disposaient.

J'ai trouvé ça gentil. Ça m'a rappelé les débuts de ces types de visites, quand je les faisais en 2012. Maintenant que le concept est populaire et que des guides font carrément cela pour vivre, ne pas donner de tip du tout est un faux pas assez inacceptable. De plus en plus, les guides de ces visites gratuites sont des professionnels formés et certifiés, ce qui rend bien sûr la chose plus fiable. Mais à Bern, cet homme était un amateur qui le faisait par amour, comme passe-temps; il n'avait pas besoin des tips pour continuer. Il nous disait même que, puisque c'était la semaine de sensibilisation d'une maladie qui touche certains de ses proches, tous les tips collectés en cette journée iraient à une charité oeuvrant auprès de la population touchée par cette maladie.

J'ai remis le même tip que je donne toujours, 10 francs.

Et je me suis dirigée vers le deuxième restaurant qui m'avait été recommandé la veille par l'employé de l'auberge: cette fois, pour de la raclette.

Fromage fondu sur sélection de pommes de terre, cornichons et oignons, avec un verre de vin.

Rien de mieux pour clore ma dernière soirée à Bern.

Vue sur Gurten. Et s'il n'y avait pas eu de nuages, on aurait vu les Alpes au loin.

Vue sur Gurten. Et s'il n'y avait pas eu de nuages, on aurait vu les Alpes au loin.

***

Le retour

Le lendemain matin, je prenais un bus vers Zürich, puis un autre bus plus tard, en début d'après-midi, cette fois vers Nürnberg.

J'avais quatre heures de libre à Zürich entre les deux. J'ai laissé mes plus gros sacs dans les casiers de la gare, et je suis allée dans un café que la guide du premier matin à Zürich avait pointé comme un endroit intéressant, plus grand à l'intérieur qu'il n'en avait l'air, et à la décoration apparemment très impressionnante.

Chaque salle était complètement différente. Je me suis installée dans une salle à la décoration luxueuse, on se serait cru dans un château français à l'ère baroque. J'ai commandé une assiette déjeuner, avec croissant, confiture, gruau et café. J'y suis resté un bon moment pour déguster mon assiette (pas tout à fait cheap...) avant de me relancer dans les rues de Zürich plus tard.

Chapitre 4: Une semaine au paradis fiscal (aka, la Suisse)

J'ai acheté quelques cartes postales, et par hasard, je suis passé devant une succursale de Joe & the Juice.

Joe & The Juice et moi, c'est une histoire d'amour depuis l'Islande. Quand je prenais l'avions avec WOW air, j'avais toujours une escale à Reykjavik, et à chaque fois, j'allais religieusement prendre mon déjeuner chez Joe & the Juice. C'est bien juste les jus et les smoothies de cet établissement qui pourraient me faire skipper le café du matin. Avec ça, je prenais un sandwich grillé, n'importe lequel tant qu'il y avait de l'avocat, et c'était toujours délicieux.

Je ne savais pas qu'il y en avait un à Zürich. Je me suis arrêtée. Pas le choix. Je n'avais plus d'espace pour un smoothie, mais je me suis commandé un sandwich pour la route, pour plus tard. Rien de mieux pour embellir un long trajet d'autobus.

Puis, je suis retournée à la gare, j'ai récupéré mes sacs, et je suis allée prendre mon bus de retour à Nürnberg.

*

Nous sommes arrivés à destination un peu en retard, en partie parce que les autorités allemandes avaient vérifié les passeports de tout le monde au moment de traverser la frontière. Je commençais à croire que ça n'arrivait jamais, mais finalement, les Allemands, ils vérifient parfois, on dirait.

À Nürnberg, je m'étais arrangé avec sept autres moniteurs pour réserver un Airbnb pour la fin de semaine. La plupart étaient sortis au Volksfest qui avait alors commencé à Nürnberg, mais on m'avait envoyé les instructions pour me débrouiller, avec le code d'entrée. Sans trop de mal, j'ai pu me rendre à l'appartement réservé.

Aussitôt, j'ai constaté qu'il y avait beaucoup de bagages. Vraiment trop de bagages.

Tous les lits semblaient déjà réclamés, bien qu'il y avait pourtant de la place pour huit personnes, et nous ne devions être que huit. En fouinant un peu, j'ai reconnu les sacs de moniteurs qui n'étaient pas censés être là. Selon mes calculs, nous étions maintenant plus de dix.

En communiquant avec les autres moniteurs par messenger, j'ai finalement eu la confirmation que nous étions 12, maintenant que 4 personnes s'étaient ajoutées à la dernière minute. Il n'y avait pas assez de lits pour tout le monde.

J'avais voyagé toute la journée et j'étais de mauvaise humeur. S'ils me faisaient dormir par terre, je ne répondrais plus de mes moyens.

L'une des personnes nouvellement ajoutées m'a assuré qu'ils pourraient dormir sur le plancher s'il le fallait, ils avaient juste été mal pris. Je pouvais me coucher dans n'importe quel lit, et elles s'arrangeraient quand elles reviendraient du Volksfest.

J'étais trop épuisée pour les rejoindre au festival, je suis donc allée m'acheter de quoi manger, puis je suis revenue me coucher dans le seul lit qui n'était pas couvert de mille choses. 

Il était 1h du matin.

Pas longtemps après, je me suis levée pour ouvrir la porte à Matt, qui était sorti pour utiliser le wifi parce que ça marchait mieux dehors, et qui n'arrivait plus à faire fonctionner le code.

Peu après, Tom est revenu et est venu se coucher dans la chambre voisine, qu'il fallait rejoindre en traversant la mienne.

Vers 2h, Emily est rentrée et elle dormait aussi dans la chambre voisine. En entrant dans la chambre, elle a vu que Tom parlait au téléphone avec Claire, une autre monitrice aussi en semaine de congé, mais pas encore revenue. Ils se sont tous mis à se parler fort.

Le reste du groupe est arrivé vers 2h30. Ils semblaient surpris de me trouver dans leur lit, bien qu'on m'ait dit de me coucher n'importe où. Ils se sont changés rapidement et se sont couchés.

Je m'attendais à ce que nous soyons trois personnes dans le lit.  Bien que les nouveaux ajouts aient affirmé pouvoir dormir sur le sol, je me doutais qu'au moins une personne s'ajouterait à notre lit, et ce n'était pas grave, car le lit était plutôt grand, et je n'avais pas besoin de tant d'espace.

Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était une 4e personne.

Là, il n'y avait plus de place du tout. Le dos te gratte? Too bad. Tu as mal à l'épaule et as besoin de changer de position? Sucks to be you. Tu veux respirer? Ah, pense encore.

J'ai réussi à dormir environ 3 heures, entre 3h et 6h du matin. À 6h30, j'ai dû admettre que je n'allais plus dormir. Je me suis levée et j'ai commencé ma journée.

*

Laura était déjà levée, installée à la table de cuisine. Elle avait dormi coincée sur la craque de deux lits simples collés, parce qu'une personne s'était aussi ajoutée à son lit. Elle avait mal dormi aussi.

Elle m'a offert de quoi déjeuner: elle avait passé la semaine à un camp de jour et les moniteurs de ce camp avaient fait leur propre épicerie toute la semaine; ils avaient maintenant des restants. J'ai bu un jus d'orange et mangé des toasts, ça m'a mis de meilleure humeur.

Je m'étais levée frue, mais ça s'est amélioré pendant la matinée. Les autres se sont levés, j'ai su qu'ils avaient été censés aller à Munich, mais que leur hébergement s'était désisté à la dernière minute et ils s'étaient retrouvés à la rue. J'ai ressenti un peu de sympathie. Marli, qui était la dernière addition à notre lit, s'est sentie mal de m'avoir ruiné le sommeil, je n'ai pas pu rester fâchée.

Tom, notre chef végétarien de service, s'est finalement levé et a offert de nous cuisiner à déjeuner. Là dessus, personne ne pouvait être de mauvaise humeur. Nous avons dégusté nos oeufs brouillés au chili, avec purée d'avocat et fromage grillé.

Nous étions au paradis.

*

Personne n'était d'humeur pour sortir, et ça m'allait très bien. Tout le monde a passé la journée écrasé sur son lit. Moi, j'ai travaillé sur ce blogue, pour terminer les semaines un à trois. Plusieurs personnes quittaient dans le courant de la journée: Steph et Matt tombaient en congé et allaient prendre leur vol pour Barcelone. Nick partait pour Munich. Mary partait pour Innsbruck. J'ai été promue au lit de Laura, maintenant que Mary partait, et les 3 autres filles allaient se partager le lit double où j'avais souffert.

Nous nous réunissions pour les repas. Tom cuisinais, et les autres, nous faisions les courses ou la vaisselle. (Je suis restée en pyjama le gros de la journée, alors la vaisselle, ça m'allait.)

Pour dîner, nous avons eu droit à de la soupe à la moutarde.

Pour souper, un chili épicé.

Après le souper, j'ai joué à un jeu de société avec Tom, Emily et Laura. Puis, tout le monde ensemble, nous avons regardé Spy Kids avec des masques pour le visage et du vin.

L'un de mes meilleurs samedi de l'été, c'est certain.

Un samedi paresseux.

Un samedi paresseux.

*

Dimanche, check out à 10h.

Tom nous a fait à déjeuner à 9h. Puisque mes valises étaient peu défaites, j'ai aidé avec la vaisselle pendant que tout le monde paniquait avec leurs effets éparpillés. À 9h45, Tom est entré en mode militaire. Mais avec sa voix de moniteur de camp. Ben bizarre.

"FIFTEEEN MINUTES!"

"TEEEN MINUTES!"

"CARL, SHOES! EMILY, SHOES!"

"EVERYBODY OUT!!"

Nous avons quitté les lieux vers 10h05. Au départ, nous avons croisé une dame qui avait besoin d'aide: l'intercom à l'entrée s'était converti au polonais et elle n'arrivait pas à le ramener vers l'allemand. Tom parle allemand, et pouvait donc lui parler, mais il ne parlait pas le polonais, et ne pouvait donc pas régler le problème.

Laura, Américaine, parle polonais, car elle habite et travaille là-bas depuis un certain temps. Mais elle ne parle pas allemand. La dame parlait à Tom en allemand, qui traduisait en anglais à Laura, qui gérait la machine en polonais.

"Welcome to Europe," a dit Tom.

Après tout cela, nous sommes allés à la gare, où nous avons laissé nos valises dans les casiers. Nous avons pris un café à la gare, puis nous sommes allés prendre une marche, ce qui s'est avéré une mauvaise idée tellement le soleil tapait fort. Nous avons mangé de la pizza et de la crème glacée, puis tout le monde s'est éparpillé un peu.

En cette semaine cinq, j'allais à Wernfels, l'un de mes camps préférés de l'été dernier.

Un peu avant 16h30, le groupe de Wernfels s'est rassemblé sur la plateforme cinq de la gare, et nous avons pris le train tous ensemble pour la prochaine aventure.

Rédigé par la-grande-fugue

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